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Kasai Direct
14 avril 2011

Pourquoi Kadhafi s’en ira

 

A en croire la communauté internationale, le colonel Mouammar al- Kadhafi, le théoricien de la Djamahiriyya ou Jamahiriya (La République  populaire), l’ex séduisant putschiste du 1er septembre 1969, l’ancien « Roi des Rois de l’Afrique » ne serait plus qu’un tyran sanguinaire. Celui qui retourne ses armes contre son propre peuple. Un imprécateur. Un Maréchal d’opérette. Dictateur mégalomane et malade ou encore un maniaco-dépressif, un bouffon mégalo ou bouffon de service et la liste n’est pas exhaustive.

Soit ! Il est clair que le Colonel Kadhafi paie aujourd’hui de son erreur initiale : celle d’avoir négligé et choisi de réprimer une province des érudits qui ont la dent dure ; la province de Cyrénaïque (Au nord-est). Une province  rebelle de Libye où se situe la ville de Benghazi, où l’on parle l’arabe égyptien et où 25 à 30 % des épouses y viendraient d’Egypte. Une région plus égyptienne que libyenne et d’où est partie, comme l’on pouvait s’y attendre, la contestation. L’histoire politique souvent se répète avec les mêmes notes ou presque. Comme jadis la révolution dite des « officiers libres », menée par Gamal Nasser en Egypte, en 1952 et qui  a inspiré le coup d’Etat du jeune colonel Kadhafi- 27 ans- alors soutenu par de jeunes gradés jusqu’à déposer le Roi Idris 1er, le 1er septembre 1969, la révolution égyptienne de la place Tahrir du mois de février dernier a donné à son tour le la de la contestation libyenne.

Comme dans le cas de la révolution de jasmin, en Tunisie, ou de la place Tahrir en Egypte, ici ce sont des jeunes de la ville de Benghazi, relayés par ceux de Tripoli la capitale -via internet et facebook- qui ont lancé les premiers appels à la manifestation. Toute autre récupération politicienne n’est que de façade. On notera qu’à Benghazi, justement, la population est plus policée et plus éduquée. Malgré son exclusion par Mouammar Kadhafi qui, lui, est de la tribu de Gadhafia. Où, une légende raconte que l’on ne quitte le pouvoir que contraint et forcé. Pour punir les citoyens de Benghazi, le pouvoir kadhafien y déversait très peu d’argent, laissant la ville en marge de ses grands travaux. Aussi, depuis une dizaine d’années, quantité de jeunes de la région sont-ils partis parfaire leurs études en Egypte voisin (de préférence au Caire pour le droit et à Alexandrie pour la médecine). Revenus au bercail, ils ont toujours rêvé de liberté mais se sont souvent retrouvés au chômage. Aussi cette grosse cité de 700.000 âmes a-t-elle quelques comptes personnels à régler avec le « Guide ». Ce dernier y aurait fait massacrer, en 2006, 1200 prisonniers politiques dans la prison de la ville rebelle. La majorité était islamiste, donc des ennemis jurés  du colonel qui s’est toujours conduits à leur égard en nationaliste intraitable. Mais, il y avait aussi des nassériens, des démocrates et des libéraux. Voilà pourquoi, ses opposants de prédilection, les islamistes -appeler les « frères musulmans » c’est pareil- ont fait maquis depuis une vingtaine d’années et ne demandaient qu’une étincelle pour allumer le feu qui consume aujourd’hui ce désert trois fois plus grand que la France. Riche de son pétrole et de ses 50 milliards de réserves par an. Avec à peine 6,5 millions d’habitants.

En vérité, les révolutions arabes en cours ne souffrent essentiellement que de trois maux : le manque d’emplois ; les systèmes répressifs et les verrouillages des systèmes politiques. En Libye comme en Egypte ou en Tunisie, l’on a réalisé - au grand dam des analystes prévisionnistes es Afrique - que les croissances économiques sans développement et les capitalismes de copinage ne réussissent pas toujours comme ce fut le cas en Corée du sud. Face à autant de pièges que le colonel avait lui-même tendus à son avenir politique longuissime (42 ans), la communauté internationale n’a pas à répéter l’erreur de l’Irak. Les raids aériens ne doivent pas être leur seul leitmotiv du redressement de la situation dans un pays qui fut un désert sans eau et où, malgré le bâton, l’on doit reconnaitre au colonel Kadhafi d’y avoir importé une terre fertile et de l’eau qui coule en abondance. En Libye, le mal est dans le fruit à cause du jardinier,  pas à cause du jardin. L’impressionnante population étrangère qui y avait trouvé du travail le démontre éloquemment. Tout n’y était pas noir. Le président Sarkozy a-t-il raison de chercher à se faire pardonner les erreurs de sa politique et de ses politiques en Tunisie, en Algérie et en Egypte  en imitant Charles de Gaulle qui fut le premier à reconnaître le geste du jeune Colonel d’alors, aujourd’hui renié ? A chacun son destin. Le cynisme serait de récupérer une situation déjà dramatique en soi pour alourdir les peines d’un peuple martyr. Le 15 février dernier, 6 jours seulement après le début des émeutes, le FMI publiait sur son site un rapport plutôt positif sur la situation économique de la même Libye où s’était tenu, il y a trois mois, un sommet des peuples euro-méditerranéens, un des thèmes  chers à M. Sarkozy. Le tout est donc un problème libyen et du peuple libyen. Qui seul est maître de son destin. De toutes les façons, même quand Kadhafi s’en ira, il faudra encore reconstruire la Libye…

Par Jean-Marie Vianney LONGONYA OKUNGU DEMBE D’OTE

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