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Kasai Direct
27 août 2013

Mayo explicite les raisons du boycott de l’UNC



La position de l’UNC est connue: non aux Concertations nationales tant que Joseph Kabila n’aura pas reconsidéré son ordonnance. Le porte-parole du parti kamerhiste, Jean Baudouin Mayo Mambeke la renouvelle dans une interview exclusive à «CONGONEWS» en même temps qu’il en explicite les raisons.

Des opposants affirment que le Présidium a répondu aux préalables de l’opposition. Pourquoi alors l’UNC maintient son boycott?
Pour ma part, je dois affirmer que l’UNC est toujours demanderesse d’un dialogue politique qui respecte la Constitution de la République et les lois du pays. Je ne voudrais pas me perdre dans l’historique du dialogue politique national. Cependant, il sied de rappeler qu’ après les élections mal organisées de novembre 2011 aux résultats non crédibles, l’UNC et d’autres forces de l’opposition ainsi que de la société civile avaient réclamé la tenue d’un dialogue politique national pour résoudre la question de l’illégitime qui venait de naître à la suite de ces élections.

Des élections que vous qualifiez de chaotiques?
Effectivement, et quelques temps après, il y a eu déclenchement des hostilités militaires par les M23 au Nord Kivu. Le Président de la République a, dans le cadre de ses prérogatives, signé l’Accord-cadre d’Addis-Abeba, lequel a été formalisé par la Résolution 2098 du Conseil de Sécurité de l’ONU. Pendant que dans le cadre de l’Accord d’Addis-Abeba, le Président de la République a souscrit à l’obligation pour le Gouvernement de la République d’organiser la réconciliation des congolais, la résolution 2098 en a indiqué le moyen: le dialogue politique sous les bons offices de l’Envoyée Spéciale et du Représentant Spécial du Secrétaire général de l’ONU.

Affirmez-vous que l’ordonnance de Kabila devrait prendre en compte ces deux textes?
En vertu de l’article 215 de la Constitution de notre pays, l’Ordonnance du 26 juin 2013 devait se conformer à ces instruments juridiques internationaux. En effet, cet article de la constitution dispose: «les  traités internationaux régulièrement conclus ont, dès leur publication, une autorité supérieure à celle des lois, sous réserve pour chaque traité ou accord, de son application par l’autre partie.» Que dire alors de la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU qui est un acte impératif et obligatoire? Le fait pour l’Ordonnance du 26 juin 2013 de n’avoir pas tenu compte de ces deux instruments juridiques internationaux est une violation de la Constitution qui ne permet pas à l’UNC de l’exécuter en vertu de l’article 28 de la même Constitution. En sus, la même Ordonnance du Président de la République est inconstitutionnelle à bien d’autres égards, notamment en ce qu’elle enfreint le principe constitutionnel de séparation des pouvoirs.

L’UNC rejette cette ordonnance entre autres parce que Kabila a désigné les deux présidents de deux chambres parlementaires?
Où avez-vous vu dans un pays démocratique, le Président de la République disposer des présidents des chambres législatives par Ordonnance? Est-on encore en démocratie? Voilà pourquoi l’UNC a du mal à reconnaître le fameux Présidium. Mais les raisons du refus de l’UNC ne sont pas que constitutionnelles. Ce présidium fait de l’usurpation. Je me demande comment peut-il répondre aux critiques formulées contre une ordonnance qui ne relève pas de sa compétence? Et si demain on opposait à ceux qui se sont laissés abuser, l’Ordonnance du Chef de l’Etat, quel texte juridique brandiraient-ils? C’est un marché des dupes. Enfin il n’est pas vrai d’affirmer que les conditions posées par l’Opposition ont été acceptées. En effet, il n’y a pas eu libération des prisonniers politiques, amnistie, ouverture des médias de l’opposition, représentation égalitaire des composantes, modification de l’Ordonnances incriminée, garantie du Chef de l’Etat que la Constitution de la République sera respectée dans son esprit et dans sa lettre notamment en ce qui concerne la fin de son mandat en 2016.Pour toutes ces raisons et bien d’autres à faire valoir, l’UNC estime que les conditions de sa participation ne sont pas réunies. Elle constate si heureusement ne pas être seule dans cette position de refus car tant dans la société civile que parmi les partis politiques, quantité d’autres organisations sont du même avis qu’elle. C’est le cas notamment de l’UDPS, le Courant démocratique et réformateur de Jean Lucien Bussa, des FAC de Martin Fayulu, le groupe parlementaire de l’UDPS...

La modification de l’Ordonnance, ce n’est pas mettre le Président dos au mur?
Pas du tout, car l’erreur est humaine. C’est le lot de nous tous, les humains. Au contraire, c’est, comme l’a dit quelqu’un, persévérer dans l’erreur qui est diabolique. On a toujours modifié et complété les lois et autres textes réglementaires. Si la Constitution est modifiable et à plus forte raison, une ordonnance. Je sais que votre question relaye le point de vue de quelques flatteurs qui font le malin auprès du Président, l’induisant ainsi en erreur et par ricochet, l’éloignant du peuple. La sagesse personnelle du Président qui recherche la cohésion nationale, devrait prévaloir. Il va rebondir car c’est son devoir et non celui des vendeurs de fumée.

Mais le train avance sans vous. Vous ne craignez pas cette politique de la chaise vide qui ne paie pas?
Il n’y a rien à craindre de l’illégalité. Il n’en sortira rien. En tant que journaliste chevronné, vous savez combien nos collègues de l’Opposition qui ont cru en la bonne-foi du pouvoir se sentent abusés. Ils ont fait des déclarations. Vous les avez suivis. Dieu seul sait combien d’autres encore suspendront leur participation ou retireront tout simplement leur participation. Il ne faut pas occuper des chaises dans tout ce qui est illégal. L’UNC a choisi le côté du peuple et de la Constitution.

Le Président du Sénat Kengo a annoncé la formation du Gouvernement d’union nationale à l’issue des concertations. Cela ne vous tente-t-il pas comme tant d’autres?
Pas du tout d’autant plus que pour nous, le problème du Congo n’est pas avant tout celui du Gouvernement. Nous en avons un. Il est à ce stade d’abord celui de la cohésion nationale qui ne passe pas nécessairement par un gouvernement d’union national. Il est aussi celui de la réconciliation nationale et surtout de la paix à l’Est du pays. À l’UNC, nous ne sommes pas quémandeurs des postes ministériels; nous sommes attachés aux valeurs de la paix, de la démocratie, de l’alternance au pouvoir par les urnes et au respect de la Constitution. Les élections se sont passées comme on le sait, lesquelles ont donné lieu à une majorité qui gouverne jusqu’en 2016, quand l’UNC et ses partenaires de la vraie opposition et sociaux vont la remplacer par la voie des urnes. Nous sommes bien dans notre peau d’opposants et nous l’assumons conformément à la Constitution et aux lois de la République, notamment au sein de l’Assemblée nationale. Et nous le faisons bien avec d’autres forces de l’opposition y représentées.

Votre revendication de la mise en place d’une commission préparatoire a été rencontrée. Cela ne vous contente-t- il pas?
Elle a été rencontrée par quel acte juridique? Pouvez- vous me produire un texte à cet égard? Je vous rappelle que les fameuses concertations sont créées et organisées par une Ordonnance présidentielle. Tout ce qui se fait en marge de ce texte est irrégulier. C’est élémentaire. Nous n’allons pas tomber dans ce piège dont l’appât est le gouvernement d’union nationale. Au fait, cette commission préparatoire qu’on a appelé groupe de contact a terminé son travail sans assurer la représentation égalitaire des composantes, ni ennoblir les thématiques à aborder au cours des concertations. Je ne pense pas que dans ces conditions, on pourra sortir de la seule volonté du Président Kabila qui sait vers quel rivage il va accoster. C’est un signal qui ne trompe pas.

Le refus de votre parti n’est-t-il pas dû au fait que votre leader, Vital Kamerhe, ne se retrouve pas dans le schéma concocté à travers les concertations?
Il s’agit de quel schéma?

Le Gouvernement d’union national issu de la nouvelle majorité, majorité actuelle, opposition et société civile.
Il s’agit d’un schéma inconstitutionnel dont la finalité est la prolongation du mandat du Président de la République avec ou sans modification de la Constitution. L’opinion doit savoir que c’est cela la contrepartie du gouvernement d’union nationale. Alors l’UNC et son leader ne peuvent pas s’accommoder d’un tel schéma. Inadmissible. Il est temps d’apprendre à chercher le pouvoir auprès du peuple souverain. L’UNC et son leader attendent 2016.Ce schéma rappelle étrangement celui qui a prévalu avant la dernière révision constitutionnelle qui a bénéficié de la complicité d’une certaine opposition que l’on retrouve encore au devant de la scène aujourd’hui. Il faut léguer aux générations futures une belle leçon de sincérité et de moralité. C’est une exigence citoyenne. Nous disons «touches pas à ma constitution». Pour ça, nous sommes prêts à tout. Le mandat du Président Kabila va se terminer le 19 décembre 2016. Et le 20 décembre de cette année là, nous aurons un autre Président. Nous dirons merci au Président Kabila pour le travail accompli. Il vivra en paix dans ce pays comme Sénateur à vie avec ses immunités d’ancien Président.

Croyez vous que le dialogue tel que vous le voyez, aura lieu ?
Je préfère même qu’il n’y ait pas lieu qu’un simulacre de dialogue organisé en violation de la Constitution et destiné à la violer notamment en prolongeant le mandat de l’actuel Président et en formant une majorité non issue d’élections. C’est bizarre voire immoral. On entre dans une majorité gouvernante que lorsqu’on justifie d’un poids électoral et qu’on se retrouve au niveau de l’idéologie et du programme commun de gouvernement. Or, tel n’est pas le cas en l’espèce. Ne prime ici que l’envie d’accéder au gouvernement pour un positionnement personnel. Si nous ne quittons pas ce schéma, il y a fort à parier que notre pays ne sorte du chaos actuel.

Quels sont pour vous les vrais objectifs du dialogue?
À mes yeux, il y en a deux: l’évaluation des élections de novembre 2011 et les correctifs à y apporter ainsi que la guerre à l’Est. Le reste n’est que conséquence de ces questions. Par rapport à la première question, il nous faut prendre un engagement ferme en faveur des élections justes et transparentes avec des mécanismes d’un contentieux équitable, tandis que pour la deuxième préoccupation, nous devons, après analyse des causes de cette guerre récurrente, y trouver des solutions sans qu’il ne soit besoin d’une prime quelconque à la guerre. La justice juste et équitable doit être notre alliée.

Les bombes sont tombées sur la ville de Goma dernièrement. Qu’en dites-vous?
C’est regrettable et le Gouvernement ainsi que la MONUSCO en emportent une grande responsabilité. Il faut que ces deux structures mettent fin à cette situation. Je présente mes condoléances au peuple congolais en général et aux familles éprouvées en particulier. La vigilance doit être tous azimuts car un centimètre carré du territoire national ne nous échappera. Tous derrières nos FARDC. Nos frères et soeurs souffrent tel qu’il n’est pas possible de l’imaginer. Il faut que ces affres et tueries s’arrêtent sans plus attendre.

Le mot de la fin…
C’est un appel à la vigilance du peuple pour faire respecter sa Constitution a tous égards. C’est aussi un appel à la classe politique congolaise pour que désormais, nous soyons sérieux et puissions mériter du peuple.
H.M. MUKEBAYINKOSO

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