Concertations nationales : les premiers signes d’enlisement

Written by LE POTENTIEL

Annoncées pour bientôt, les concertations nationales se font encore attendre. Le jeudi 15 août 2013, date fixée par Kengo wa Dondo, au nom du présidium, pour l’ouverture de ce grand forum national est passé sans que rien n’arrive. Apparemment, les parties en présence tardent à accorder leurs violons sur des questions essentielles, notamment l’inclusivité, l’ordre du jour et surtout le format. Ce n’est pas moins des signes d’enlisement, aussi bien dans la Majorité que dans l’Opposition. Toutefois, des sources indiquent que le déplacement à Brazzaville du président de l’UDPS ce week-end pourrait décanter la situation.

L’unanimité est encore loin de se dégager autour des concertations nationales annoncées depuis décembre 2012 par le chef de l’Etat, Joseph Kabila Kabange, devant le Parlement réuni en Congrès. Voulu comme la voie idéale de la recherche de la cohésion nationale, ce forum national se fait toujours attendre. Signe que dans la classe politique, des dissensions persistent.

La Majorité présidentielle, obligée bon gré mal gré, à adhérer à la logique du chef de l’Etat, son autorité morale - initiateur de ce forum - n’est pas épargnée. Elle est minée par des contradictions. La crise née de la condamnation d’un député national MSR originaire du Nord-Kivu en témoigne. Mais c’est dans l’Opposition que les contradictions sont beaucoup patentes. Le dernier conclave de l’Opposition organisé dernièrement à Limete (Kinshasa) n’a pas pu aplanir les divergences.

Dans ces conditions, le report de ces concertions nationales était prévisible. Pourtant, tous étaient unanimes sur la date du 15 août 2013 pour l’ouverture de ces assises. Des divergences sont telles que le présidium de ces concertations nationales n’a pas pris le risque d’un décollage en trombe. Prudents, Kengo et Minaku ont préféré prendre langue avec les parties en présence en vue de vider au préalable tout malentendu. Le plus évident est que l’ouverture de ces assises nationales, voulue imminente, de l’avis de Léon Kengo wa Dondo, devient une gageure. Du fait que nombreux sont ceux qui tiennent au caractère inclusif des concertations nationales. 

Dans l’Opposition, la branche qui siège à l’Assemblée nationale a, dans une récente déclaration, rendu compte de ce qu’elle considère comme principal préalable pour ne pas détourner ce forum de sa mission première, c’est-à-dire être un levain pour la cohésion nationale. L’Opposition parlementaire conditionne sa participation à la révision de l’ordonnance portant création, fonctionnement des concertations nationales. Il s’agit, pense-t-elle, de briser la glace et garantir la confiance mutuelle. De sorte que les conclusions finales ne fassent pas l’objet de contestation.

Le présidium balise la voie

Le présidium des concertations nationales est conscient du danger. Aussi a-t-il réuni hier jeudi au Palais du peuple les représentants de la Majorité, et de l’Opposition, dans le cadre du « Groupe de contact ». La Société civile, a-t-on appris, pourrait être reçue à son tour ce vendredi. Selon le député national Lutundula Apala que notre Rédaction a contacté, la réunion s’est inscrite dans la perspective de la constitution prochaine d’un comité préparatoire.

Toutefois, une absence de taille a été signalée dans les rangs de l’Opposition. Il s’agit du groupe parlementaire UDPS et alliés. Pourquoi ce boycott ?  «Il ne pouvait pas en être autrement, indique une source, au regard de la déclaration que ce groupe parlementaire a faite dernièrement par la bouche de Samy Badibanga, président du groupe parlementaire UDPS », et selon laquelle c’est seulement à l’issue de la rencontre Tshisekedi-Sassou, puis du tête-à-tête Tshisekedi-Kabila, qu’il pourrait être envisagé la décrispation. 

A l’allure où vont les tractations, on est encore loin de fixer une date précise du démarrage effective de ce grand forum national.

Au sortir de cette réunion, les deux membres du présidium, Léon Kengo et Aubin Minaku, n’ont pas voulu se prêter aux questions de la presse. Toutefois, des personnalités conviées à cette rencontre, notamment Lambert Mende, José Makila, Bomanza et Evariste Boshab, ont fait état de la convivialité ayant caractérisé cette prise de contact expéditive entre le présidium et les trois principales composantes aux concertations.

En cause, ont-ils dit, la Société civile qui n’a pas encore dégagé un consensus interne sur son cahier des charges. « Nous allons essayer de part et d’autre de mettre un peu d’eau dans le vin pour pouvoir démarrer effectivement les concertations », a déclaré Evariste Boshab, gardant son optimiste sur l’imminence de la tenue de ces assises.

« La rencontre a été prometteuse », a indiqué de son côté, José Makila (Opposition), rassurant qu’au moment venu, leurs collègues de l’UDPS et alliés, de l’UNC et autres seront de la partie pour faire avancer la machine. 

C’est dire que malgré les douleurs d’enfantement des concertations nationales, tous s’accordent sur la nécessité d’aplanir les divergences pour partir sur de bonnes bases. Il en sera autant dans les rangs de ceux qui, à l’instar de l’UDPS, ont exclu toute participation à ce forum.

Tshisekedi à Brazzaville, un tournant

Le déplacement annoncé du président de l’UDPS, Etienne Tshisekedi, à Brazzaville à l’invitation du président Denis Sassou Nguesso, pourrait augurer des lendemains meilleurs relativement à la tenue de ces assises. Le week-end réserve bien des surprises. Il suffirait que de Brazzaville l’annonce d’une éventuelle participation du Sphinx de Limete soit faite pour que le reste suive.

En effet, l’UDPS et ses alliés tant au sein des institutions qu’en dehors, voire ceux qui se reconnaissent dans le combat de ce parti, peuvent faire sauter le dernier verrou et donner une nouvelle impulsion à ces concertations nationales.

« L’accompagnateur » Sassou Nguesso qui connaît la classe politique congolaise de Kinshasa usera d’une forte dose de sagesse africaine et de détermination pour baliser la voie et mettre tout le monde autour de la table. Cette rencontre, tout comme la visite du président Kabila et du présidium, constituent des étapes importantes dans ce sinueux processus de recherche de la cohésion nationale.