Concertations nationales : le présidium propose une structure préparatoire

L'Unc de Vital Kamerhe déverse son venin sur Léon Kengo Wa Dondo.

Hormis les partis politiques de la Majorité et apparentés du camp présidentiel, les acteurs de l'Opposition politique et de la Société ont posé entre autres condition sinon la principale pour prendre part aux Concertations nationales, la création d'un comité préparatoire dont la charge est de fixer consensuellement les termes des références. Jusqu'à ce jour, le présidium dirigé par les deux Présidents des Chambres parlementaires, à savoir Léon Kengo Wa Dondo pour le Sénat et Aubin Minaku pour l'Assemblée nationale,  est resté inflexible sur cette question préférant s'en tenir aux seuls termes de l'Ordonnance présidentielle convoquant les Concertations nationales qui n'a pas prévu un comité provisoire.

      Mais, vendredi dernier,  le présidium a fait marche-arrière pour tenter de rencontrer les desiderata de l'Opposition politique. C’est ainsi qu’il propose une structure préparatoire qui fera office de comité provisoire, mais de manière informelle, donc officieusement. Cependant, les Résolutions prises par cette structure informelle de donc non officielle seront curieusement opposables à tous. Ce qui introduit une contradiction par rapport au caractère informel de cette structure préparatoire.

      Les concernés, c'est-à-dire l'Opposition politique et de la Société civile, ont réagi diversement. Tous n'ont pas mordu à l'hameçon du présidium. Comme, par exemple, l'Unc de Vital Kamerhe qui, par la bouche de son secrétaire général Bertrand Ewanga, a profité de cette opportunité pour déverser le venin de son parti sur Léon Kengo, qui est, pour lui, de " leur Opposition " avec l'Ufc son parti politique, mais qui s'est fait complice de la Majorité au pouvoir.

      Il rejette cette proposition du présidium. Pourquoi ? L'Unc oppose à Léon Kengo Wa Dondo les Résolutions prises par l'Opposition à son dernier Conclave de Limete avalisées par l'Ufc, pièce maîtresse de ces travaux et qui sont contre le principe du présidium dans lequel siège Léon Kengo Wa Dondo. Le Conclave avec l'Ufc ont décidé d'ignorer le présidium qui est à l'encontre de leur schéma. Pour ces raisons, l'Unc  n'ira pas rencontrer le présidium comme il l'a demandé pour échanger sur sa proposition, ce qui serait reconnaitre son existence.

      Bémol du côté de l'UN de Clément Kanku Bukasa qui, lui, estime qu'il faut prendre langue avec le présidium pour discuter sur l'ouverture qu'il propose et voir s'il y a lieu de l'améliorer. Cela fait partie du dialogue. Par ailleurs, Kanku Bukasa n'épouse pas le point de vue de l'Unc qu'il dit ne pas engager toute l'Opposition. Il conclut sur un ton caustique que puisque les opposants réclament le dialogue, la moindre des choses aurait été de privilégier un dialogue interne, ce qui n'est pas le cas.

VEILLEE D'ARMES

      Autre personnalité à saluer la proposition du présidium, c'est Jean-Claude Katende de l'ASADHO qui pense qu'il faut saisir cette ouverture du présidium pour échanger. Pourquoi le sujet des Concertations nationales passionne tant la classe politique et les acteurs sociaux ? Ce qui est vrai, c'est que dans tous les camps, malgré que le vœu publiquement affiché est que ces Concertations n'aboutissent pas à un partage du pouvoir, les uns et les autres savent que c'est quelque chose d'incontournable à l'issue des telles assises.

      Les Résolutions créent, de fait, un nouvel ordre politique différent de l'avant-Dialogue ou concertations. C'est la raison des empoignades. Même chez Joseph Kabila, il y a toujours la même veillée d'armes quand bien même que le leitmotiv est que les Concertations ne  seront pas un Sun-City bis. Mais en réalité, tout le monde rêve de Sun-city bis pour le partage.

      Le contraire étonnerait pour qui connaît bien les Congolais qui sont prêts à tous les compromis, pourvu qu'ils débouchent sur le partage du gâteau. Raison pour laquelle, même dans l'Opposition dans son ensemble, il y a toujours quelques divergences à ce sujet. Beaucoup continuent à rêver d'un gouvernement d'Union nationale.

      Ce schéma était déjà sur toutes les lèvres à la fin de la législature de 2006-2011 lorsque des incertitudes pesaient sur l'organisation des élections avant la date échue du 6 décembre 2011 qui sonnait la fin du mandat de Joseph Kabila. Des moutures du gouvernement d'Union nationale pour gérer la petite transition étaient en circulation. Malheureusement pour les amoureux du gouvernement d'union nationale, les élections eurent lieu le 28 novembre 2011.

GOUVERNEMENT D'UNION NATIONALE

      Aujourd'hui, c'est ce gouvernement d'union nationale qui hante à nouveau les esprits après les Concertations pour  créer la cohésion nationale. Au profit de qui ? Le Gouvernement d'Union nationale remettra tous les compteurs électoraux à zéro. Kabila serait Président d'une transition à zéro selon le timing qui serait fixé aux Concertations nationales.

      Ce qui lui permettrait de se représenter encore au bout de la nouvelle transition, C'est le contraire de ce que souhaitent  tous ceux qui militent pour que l'article 220 ne soit pas modifié et que Joseph Kabila arrive au terme de son mandat. Avec une transition, ce serait vouloir une chose et son contraire. A Kinshasa, les Concertations ont totalement éclipsé la guerre de l'Est. Tout se passe comme  si la Rdc avait retrouvé la paix. Alors que la situation sur le terrain est au statu quo.

      Tous ceux qui crient à hue et à dia pour les Concertations ont oublié que c'est la cohésion nationale qui permettra de mettre fin à la guerre du M23 qui a motivé la convocation d'un Dialogue national ou Concertations nationales. La cohésion, c'est à peine si on en entend parler. Que diable. La préoccupation immédiate qui hallucine la classe politique, toutes tendances confondues, c'est bien les Concertations nationales sous le parfum de Sun City. Il faut bien en sortir et retrouver toute la lucidité, la nation étant toujours en danger.

  La menace de la balkanisation est toujours aussi forte 10 ans après Sun City. Alors que ce forum avait tout prévu pour que l'Etat congolais assure durablement son autorité sur toute l'étendue du pays et principalement l'Est. Ce qui arrive à ce  jour avec des guerres cycliques montre bien que les Résolutions du Dialogue intercongolais de Sun City n'ont pas été bien appliquées dans certains de leurs compartiments. C'est là que les Concertations nationales sont obligées d'évaluer d'abord les Résolutions du Dialogue qui avaient proposé des pistes sur la problématique de l'Est de la Rdc.        Kandolo M.