Le village Mupompa vidé de ses habitants : la Société civile exprime ses inquiétudes

Kasaï Oriental: Le village Mupompa dans le territoire de Kabeya Kamuanga au  Kasaï Oriental s’est vidé de ses habitants à la suite des opérations de ratissage organisées par les services d’ordre. Vu le nombre élevé de déplacés, la Société civile de la province a vivement exprimé ses inquiétudes.

La situation humanitaire qui prévaut actuellement dans le village Mupompa en territoire de Kabeya Kamuanga, au Kasaï Oriental, est alarmante. C’est ce qu’a affirmé le mardi 30 octobre 2012 Me Kaswaswa Tshombela Mukola, président de la Société civile du Kasaï Oriental, en séjour de travail à Kinshasa.

Selon lui, le crime de ces habitants est d’avoir vu passer dans leur village le colonel dissident John Tshibangu. C’est ainsi qu’au motif de traquer ce dernier, les autorités provinciales y ont largué une armada d’éléments des Forces armées de la République démocratique du Congo (FARDC) et des agents de la Police nationale congolaise.

Ce qui fait, note-t-il, que pour l’instant le village Mupompa est presque inhabité. A en croire les informations fournies par les animateurs des antennes des organisations non gouvernementales opérationnelles dans ce territoire pour la période du 21 au 23 octobre 2012, ces déplacés se sont dispersés comme suit : 215 personnes dont 157 femmes sont à Tshondo ; 57 personnes dont 38 femmes sont à Bakwa-Bilonda ; 245 personnes dont 113 femmes sont au Lac Munkamba ; 25 personnes dont 10 femmes sont à Bena-Tshikulu ; 128 personnes dont 70 femmes sont à Kenankuna ; 105 personnes 48 femmes sont à Tshikula au Kasaï Occidental ; 148 personnes dont 62 femmes sont à Nkufulu au Kasaï Occidental. Mais on est sans nouvelle d’autres habitants qui restent introuvables.

Ces malheureux, qui sont reçus dans les villages voisins, vivent dans des conditions déplorables. Ils passent la nuit à même le sol dans des huttes et d’autres dorment à la belle étoile. Et comme ils n’ont pas cultivé des champs dans les villages d’accueil, il faudrait s’attendre à une catastrophe humanitaire pour eux comme pour leurs hôtes.

Droits de l’homme violés

A noter que présentement, cette contrée donne l’air d’être assiégée. Pour preuve, celui qui s’aventure à aller au champ est agressé et dépouillé de ses biens. Curieusement, les victimes sont soit les dissidents du chef coutumier au pouvoir, soit ceux qui sont taxées d’être membres de l’Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS). Nul n’a un téléphone portable, car tout ayant été ravi. Inutile de parler des barrières érigées ci et là, et où de paisibles citoyens sont rançonnés à longueur de journées.

Même le territoire de Miabi n’est pas épargné. La police et l’armée ont monté une barrière à l’école officielle de Tshilundu voire sur la piste de Tshiombi, conduisant aux champs, rapportent plusieurs témoins cités par le président de la Société civile du Kasaï Oriental. La même scène désolante se remarque au village de Bakwa-Tshiala, avant d’arriver au pont Lubi.

De l’autre côté après la rivière Lubi, est aussi érigée une barrière où il faut payer 500 Fc comme droit de passage. Inutile de souligner que cet argent sert aux militaires et aux policiers pour se procurer de la nourriture. Cela, pour la simple raison qu’ils ne reçoivent pas de ration de la part de ceux qui les ont envoyés. En un mot, la population fait l’objet d’exactions de toutes sortes.

Le président de la Société civile du Kasaï Oriental insiste : « Il sied de noter que si une partie de gens déplacés a été retrouvée dans certains regroupements, on n’a pas de nouvelles du reste de la population ».

Pour mémoire, le chef du village de Mupompa, un proche du pouvoir répondant au nom de Mubalamata, a préféré habiter au Katanga. Il a donc désigné un représentant avec la bénédiction des responsables au sommet de la province.