Après la déchéance de Kabasubabo Kasaï-Occidental : quel gouverneur parmi les dix prétendants ?

La guerre de succession est désormais déclenchée au Kasaï Occidental. Cette province est en effet, comme on le sait sans gouverneur depuis la chute de M. Hubert Kabasubabo le 6 juin 2012 par motion de défiance votée à l'unanimité par l'Assemblée provinciale. A peine la défenestration de Kabasubabo Hubert acquise, sa succession était immédiatement ouverte. Des candidats, comme à l'accoutumée se sont mis à la recherche des parrains dans la capitale. Des démarcheurs sont descendus dans l'arène pour obtenir la bénédiction d'un parrain bien placé et mieux écouté.

Au moment où nous couchons ces lignes, il y a déjà dix prétendants déclarés ou non, au trône du Kasaï Occidental : Jean Beya wa Kabenga, Bopol Mbumba, Crispin Kabasele Tshimanga, Ngalula Wamfuana, Augustin Kamukunyi, Deller Kawino, Muamba Kantu Kanjila, Daniel Mbayi, Crispin Kankonde et Denis Kambayi Cimbumbu.

Au lieu d'opérer un choix judicieux, nous apprenons que des arguments de bas étage sont brandis par certains candidats pour obtenir le parrainage sollicité. Ainsi, on nous signale que le PPRD réclame à cor et à cri ce poste. Mais il n'est secret pour personne que le parti phare de la Majorité Présidentielle a dirigé cette province de manière ininterrompue pendant sept ans avec Claudel André Lubaya avant que celui-ci ne devienne aujourd'hui membre de l'UNC. Aussi, depuis 2007, tous les vice-gouverneurs du Kasaï Occidental sont issus du PPRD. Que dire du sortant Kabasubabo Katulondi qui a, lui aussi, adhéré préalablement au PPRD en vue d'être retenu comme gouverneur du Kasai-Occidental. Bien avant lui, l'un de ses prédécesseurs, le gouverneur Gilbert Tshiongo Tshibikubula wa Ntumba est également membre du PPRD. Tout le monde peut se faire une idée sur la gestion de ces autorités à la tête de cette province que la population locale répugne. Les résultats de l'élection présidentielle de 2006 comme celle de 2011 montrent de quel côté se penchent plusieurs habitants du Kasaï Occidental n'ayant vu aucun changement avec les différents représentants de Joseph Kabila Kabange à la tête de cette entité politico-administrative. Comment alors induire l'opinion en erreur en prétendant qu'il y a longtemps que le PPRD a géré la province du Kasaï Occidental ? L'opinion ouest-kasaïenne constate avec regret que la plupart des gouverneurs et des vice-gouverneurs parachutés au Kasaï Occidental se sont comportés comme de simples porteurs de mallettes aux ordres de leurs parrains tapis dans l'ombre à Kinshasa auxquels ils renvoient l'ascenseur généralement bourré des billets de banques, des véhicules et autres présents.

Un autre argument spécieux avancé est de désigner uniquement quelqu'un qui résiderait à Kananga. Cette manipulation bien orchestrée par certains candidats douteux ne date pas d'aujourd'hui. La ville de Kananga n'étant le Kasaï Occidental, le gouverneur peut en conséquence être choisi parmi les originaires de cette province quel que soit l'endroit où ils habitent. Ceux qui ont succombé sous les charmes de cet argument discriminatoire, en ont appris à leurs dépens. La plupart des gouverneurs et vice-gouverneurs désignés selon ce critère arbitraire ont déçu la population. Une fois élus ou nommés à la tête du Kasaï Occidental leur premier réflexe est de fuir Kananga pour venir s'installer à Kinshasa ou ailleurs, en y achetant des villas avec de l'argent du contribuable du Kasaï Occidental. Ils n'ont rien construit ni investi sur place à Kananga, ni encore moins à l'intérieur de la province. Comme on le voit cet argument brandi de réserver le poste de gouverneur à un résidant de Kananga a tout le risque de favoriser le pillage de la province par ses propres filles et fils.

La préoccupation la plus importante est le développement du Kasaï Occidental qui accuse un retard considérable Cette province est frappée de plein fouet par la crise. Tous les secteurs sont paralysés. Mais ce qui marche bien dans cette partie de la RDC, c'est la corruption, le détournement des deniers publics, l'impunité et l'anarchie. Un véritable far west congolais qui mérite d'être sauvé du naufrage. Il faut donc éviter que cette entité politico-administrative soit gouvernée par des gens qui se battent uniquement pour le pouvoir et pour l'argent. Comme remède, il faut au Kasaï Occidental un gouverneur capable de s'engager contre la misère noire dans laquelle croupit la population. Un gouverneur ayant un projet bancable pour la province, un visionnaire doublé d'homme n'ayant jamais été mêlé à la mal gouvernance sont aussi des éléments à prendre à compte dans le choix du N° 1 du Kasaï Occidental. Cette autorité doit aussi aimer réellement sa province et accepter de consentir des sacrifices pour le redressement de cette partie de la RDC. Cette perle rare est à rechercher parmi les filles et les fils du Kasaï Occidental candidats au gouvernorat de province.

MKM