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Kasai Direct
16 juillet 2012

Au-delà du mandat de la CPI contre Mudacumura - Le recyclage des Fdlr à Kigali : un danger permanent



Il a suffi que la CPI annonce un mandat d’arrêt contre le Fdlr Mudacumura pour que Kigali donne de la voix et exige aussitôt de la République Démocratique du Congo qu’il procède à l’arrestation du concerné. L’exigence formulée par Kigali à l’endroit de Kinshasa a surpris à plus d’un titre. D’abord parce qu’elle intervient dans un contexte de détérioration des rapports entre les deux pays, Kinshasa accusant preuves à l’appui Kigali d’œuvrer de manière déterminée à la déstabilisation de son territoire, tandis que Kigali s’évertue à nier des évidences. Accusé à l’Onu et à l’UA, le Rwanda refuse de modifier sa ligne de défense. Tout ce qui arrive à l’Est de la RDC est une affaire congolo-congolaise, clament les autorités rwandaises à tous les niveaux, relançant au passage l’éternel fond de commerce du génocide de 1994 dans le but de forcer le changement de perception de la nouvelle guerre de l’Est au plan de la communauté internationale.

En exigeant de la RDC l’arrestation immédiate de Sylvestre Mudacumura, cet élément Fdlr né au Rwanda et âgé de 58 ans, et qui est soupçonné de neuf chefs de crimes de guerre commis entre le 20 janvier 2009 et la fin septembre 2010, à savoir attaques contre la population civile, meurtres, mutilations, traitements cruels, viols, torture, destructions de biens, pillages et atteintes à la dignité humaine, le Rwanda tente de prendre l’avantage sur le Congo en présentant le pays comme le repaire des génocidaires rwandais.

Mais toute stratégie a ses limites. Il en est ainsi de celle que Kigali vient d’adopter, laquelle remet à l’avant-plan son attitude vis-à-vis du mandat d’arrêt délivré par la même CPI contre Bosco Ntaganda. C’est un silence de cimetière qui avait été observé, aussi bien à l’égard du premier que du second mandat d’arrêt. Les crimes dont Ntaganda s’est rendu coupable et qui sont de la même espèce que ceux reprochés à Mudacumura, sont des non événements, sans doute parce que les victimes n’auraient pas les mêmes droits, selon qu’elles sont congolaises ou rwandaises.

L’autre limite de la stratégie rwandaise, c’est que le Rwanda a organisé plusieurs safaris militaires en territoire congolais. Pendant huit ans, l’armée régulière de ce pays a passé au peigne fin les forêts et savanes congolaises, à la recherché des forces négatives et de ceux qui les dirigent. Et pas plus tard qu’il y a. deux ans, Kigali a relancé ta traque des Fdlr en plein accord avec la présidence de la République congolaise. Le bilan de ces opérations n’a jamais été rendu public et l’armée rwandaise, après une inexplicable prolongation de ses opérations en territoire congolais, s’était finalement retirée sans qu’on soit en mesure de savoir si toutes les troupes ‘avaient été retirées ou s’il en restait quelques-unes sur le terrain en vue de poursuivre la mission hors de tout contrôle congolais. En tout cas, la question a été relancée il y a peu par la société civile du Nord-Kivu qui avait découvert la présence des militaires rwandais à Rutshuru et Lubero. Sur base d’éléments précis, Omar Kavota, porte-parole de la société civile avait confié le 3 juillet 2012 à Radio Okapi qu’une brigade constituée essentiellement d’éléments rwandais était basée à Kahunga et qu’elle n’allait pas manquer de servir de renfort au M23. On sait ce qui est arrivé par la suite et il est difficile aujourd’hui de prétendre que les faits n’étaient pas avérés.

Au regard de ce qui précède, comment le Rwanda peut-il rendre la RDC comptable des activités des Fdlr alors que depuis près de seize ans, sa présence, quasi permanente sur le théâtre des opérations aurait dû mettre définitivement fin à ce problème?
Une analyse actualisée de la question permet aujourd’hui de mieux comprendre les derniers développements de la situation à l’Est. Le Rwanda n’a pas besoin d’un pays pacifié à ses frontières. Si ce pays avait souscrit en son temps au programme initié par a Monuc (Mission des Nations Unies au Congo), devenue Monusco (Mission des Nations Unies pour la Stabilisation du Congo) visant le désarmement, la démobilisation et le rapatriement volontaire des sociétaires des Fdlr, ce n’était pas pour solder le conflit interne au Rwanda.
Avec le recul du temps, on vient de comprendre pourquoi les ex-combattants FDLR rapatriés ne se plaignent pas de mauvaises conditions d’accueil à leur retour au Rwanda.
Rusé comme pas deux, Paul Kagame s’est investi dans une nouvelle politique, celle consistant à les recycler». Plus concrètement, tous les ex-miliciens Hutu en provenance de la RDC sont pris en charge dès leur retour au bercail, expédiés vers des centres d’entraînement en vue du renforcement de leurs capacités militaires mais aussi du lavage des cerveaux.

Une fois «recyclés» et jugés aptes à servir la cause de leur patrie, ils sont renvoyés dans l’Est de la RDC non plus pour torpiller le Rwanda mais pour contribuer à la perturbation de la paix ai Con- go. Les FDLR, nouvelle version, travaillent désormais en synergie avec toute rébellion instrumentalisée par le régime de Kigali. Voilà pourquoi, lors de leurs incursions en RDC, les officiers et soldats de la Rwanda Defence Force contournent les bastions de leurs rebelles, un fond de commerce que Paul Kagame a inscrit dans la durée.
JRT

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