Mobilisation contre le M23 : la stigmatisation de la communauté tutsie fragilise le processus

Les autorités congolaises multiplient les appels à la coexistence pacifique pour maintenir le cap de l'unité et de la cohésion nationale.

Depuis que le processus de la mobilisation tous azimuts a été lancé par le gouvernement pour faire échec au plan de déstabilisation fomenté par les ennemis du peuple, il s'en est suivi une forte agitation dans les cercles politiques qui ont vite pris le relais. Pendant que les scènes d'hystérie collective ayant accompagné le dernier meeting politique du parti présidentiel sur fond d'un discours extrémiste aux accents xénophobes sont encore frais dans les mémoires, c'était au tour de l'Ecidé de se mettre en exergue. Le parti du député Martin Fayulu a, en effet, improvisé une « marche pacifique » le 13 juillet  en solidarité avec les compatriotes de l'est en proie à la guerre injuste leur imposée par les rebelles du M23 avec le soutien du Rwanda. Cette marche fut étouffée dans l'œuf suite au refus de l'autorité urbaine craignant des débordements au lendemain de la matinée politique du Parti du peuple pour la reconstruction et la démocratie (PPRD) ayant tourné au désastre.

Les militants de l'Ecidé ont été invités à rebrousser chemin par les éléments de la police mis au travers de leur chemin. Perçue comme une tentative de récupération politicienne,« l'organisation de cette marche ne pouvait qu'être interdite », affirme un acteur politique proche de la majorité qui estime, par ailleurs, que le moment ne se prête pas à ces genres de manifestations eu égard à la forte propension du sentiment anti-tutsi qui se dessine. Nonobstant la réaction du secrétaire général du PPRD qui tentait de restituer les choses dans leur vrai contexte en soutenant qu'il n'a jamais décrété la chasse à la communauté tutsie installée en RDC, cette dernière continue de développer des frustrations face à la stigmatisation dont elle est de plus en plus l'objet. Ni les assurances du vice-ministre de l'intérieur Richard Mujey, ni les appels du gouverneur André Kimbuta à la coexistence pacifique, rien n'a hélas pu atténuer la hantise des « tutsis congolais » eu égard aux préjugés négatifs développés à leur endroit.

C'est dans ce contexte de méfiance que la société civile du Maniema a organisé le vendredi 13 juillet une marche pacifique dans les artères de Kindu pour protester contre l'agression du Rwanda dans l'Est de la RDC. Elle, a par ailleurs, demandé au gouvernement de mettre en place « un système d'anti-virus en son sein afin de dénicher les animateurs qui sont de mèches avec les agresseurs ». À Butembo et ailleurs, la même ferveur patriotique a été observée à travers d'autres manifestations similaires. À tout prendre, il appartient au gouvernement de mettre les bouchées doubles pour contenir les manifestants dans les limites des bonnes mœurs, de la tolérance et du respect de l'autre.

Alain Diasso