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Kasai Direct
15 juillet 2012

Des médias congolais asphyxiés par les taxes

Quand la République mange ses propres enfants. La chaîne de télévision Congoweb TV, première chaîne privée de la République démocratique du Congo à diffuser notamment sur internet, est sur le point de cesser ses émissions pour cause   »d’harcèlement fiscal », affirment les responsables de la chaîne.

Le paysage médiatique de la RDC est l’un des plus riches en Afrique, si pas le premier, où fleurissent une multitude de chaînes de télévision, une cinquantaine rien que pour la ville de Kinshasa.  Avec cette armada, si le public est donc premier à être gâté, nul autre que l’Etat congolais l’est aussi, et c’est, non seulement par fierté, mais surtout, du point de vu fiscal.

En effet, la Direction Général des Impôt (DGI), la DGRAD, le FPC, la SONECA, la TVA, l’INPP, l’INSS, le Ministère de la Communication, le Ministère des Postes et Télécommunications et tant d’autres services de l’Etat y trouvent leur comptent, en multipliant, à la coutumière, des prélèvements. Sauf que dans ce beau pays où les médias ne bénéficient pas d’aide, ni subvention au niveau de l’Etat, ces derniers suffoquent de cette soif à vouloir à tout pris les taxer, et qui sait comment ces prélèvement sont gérés.

Le dernier exemple en date, c’est la chaîne privée Congoweb Télévision. Emettant à partir de Kinshasa, et donc une chaîne provinciale, Congoweb TV s’est longtemps démarquée de l’espace audio-visuel en se proposant comme la chaîne high-tech, jusqu’à être la première chaîne de télévision congolaise à diffuser en direct sur internet (2002).

Aujourd’hui, Gabriel Shabani, le patron de cette chaîne monte au créneau pour dénoncer ce qu’il qualifie d’« harcèlement fiscal » contre sa chaîne.

« Nous devrions payer une dizaine de taxes par mois, rien que pour le journal télévisé, son oublier qu’on en tire pas profit. Comment pourrions-nous fonctionner ? Comment pourrions-nous payer nos collaborateurs ? », se questionne-t-il.

Selon le document qu’il a montré à l’équipe de Direct.cd dans ses bureaux à Kinshasa, la chaîne est sommée de payer plus de 120.000 USD de taxes à l’Etat. Somme qu’il dit ne pas disposer, préconisant même la suspension des journaux  TV et pourquoi pas une réorientation de programme, lui permettant de trouver de ressources nécessaire.

« Je me demande bien s’il ne faut pas finalement transformer cette télévision en une structure Etatique ? Pour le moment, nous suspendrons dans un mois le journal télévisé et Dieu sait, nous pourrions aussi largement retoucher nos programmes pourtant originalement axés sur la promotion de la culture congolaise », affirme-t-il.

« J’ai une vingtaine de journalistes qui travaillent à la rédaction, sans compter les techniciens et autres, comment les payer ? Faudra-t-il que je vous dise que j’ai érigé ce bâtiment sur mes fonds propres ? », poursuit-t-il.

En effet, Congoweb TV est dans le cercle fermé des chaînes privées ayant leurs propres bâtiments, si pas la seule à Kinshasa. Un immeuble de 3 étages à peine achevé que cet homme, fan des nouvelles technologies, a mis à la disposition de la chaîne.

Payer les taxes, Congoweb ne refuse pas, affirme le DGA de la chaîne, Gilbert Biladi, mais « nous sommes là face à une multiplication de taxes, qui naissent et fleurissent comme de champignons », poursuit-il.

La subvention aux médias est garantie dans le budget du gouvernement à hauteur de 2 millions USD, lesquels n’ont jamais été accordés.

Récemment, les médias ont été conviés à l’ »effort de guerre » aux côtés du gouvernement par rapport à la situation à l’Est du pays, une exonération temporaire sur les taxes avait alors été évoquée, sans toutefois être mise en exécution.

Ni le Ministère de la Communication, ni celui des Postes et Télécommunications, encore moins les services taxateurs de l’Etat n’ont souhaité donner leurs avis.

Shabani Record, tel est son surnom dans l’espace médiatique congolais, est un vieux loup dans la promotion culturelle en République démocratique du Congo. L’homme qui fut tour à tour, premier à installer un studio d’enregistrements numériques au pays, premier à s’illustrer de manière professionnelle dans la production musicale, ne démérite pas moins, il est en outre à la tête du Centre des Recherches Technologiques et Environnementales (CRTE, fonds personnels), s’illustrant dans l’écologie et les énergies renouvelables, sans doute peu suffisant aux yeux de l’Etat. Faudra-t-il rappeler qu’il est celui qui avait en 2007 initié la campagne de changement de mentalité ? Quand la République mange ses propres enfants.

Benjamin Litsani Choukran,
Direct.cd

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