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Kasai Direct
9 janvier 2012

A propos de la lettre des prêtres de la Province Ecclésiastique de Lubumbashi sur le scrutin présidentiel et législatif du 28 no

A propos de la lettre des prêtres de la Province Ecclésiastique de Lubumbashi sur le scrutin présidentiel et législatif du 28 novembre 2010 en RDC
 
Je suis un théologien congolais, qui fait de la théologie comme profession depuis une vingtaine d’années.
 
L’on comprendra qu’à ce titre je m’intéresse à tout écrit signé « prêtre », théologien de formation, parce que susceptible de m’apporter quelque enrichissement dans mes analyses théologiques du cheminement de l’homme et de sa société en ce bas-monde à l’aune de Dieu, afin de réajuster sans cesse mon agir au milieu de mes frères et sœurs. Pierre Goldberger n’a-t-il pas dit avec raison : « La théologie serait cette conversation que l’on tient en cours de route  avec ses compagnons de voyage. C’est une façon de se parler du chemin en cheminant, de parler de ses obstacles, de ses impasses, de ses difficultés et de son horizon. On ne fait bien de la théologie qu’en marchant…Le chemin imposera son « ordre du jour » à la théologie, la nature de son discours s’en ressentira donc immédiatement. En période de lutte et de grimpée, le souffle se fera court, le discours aussi. En période de plaines - comme au Moyen Age – on pourra s’étaler (s’étendre !) et faire des « sommes » (des siestes ! )Théologiques
 
(et ronflantes !)…faire tranquillement le tour de la bibliothèque, combler certains manques et traiter, à loisir, de volumes et de bavardages, de questions concernant le sexe des anges ou tout autre thème (de ce genre !) ».
 
 
 
 Visiblement, nous théologiens, en ce moment au Congo, nous sommes plutôt en période de lutte et de grimpée et nous avons le souffle coupé ensemble avec notre population devant l’actualité politique du moment.
 
 
 
C’est la raison pour laquelle j’ai lu attentivement la déclaration des prêtres du Katanga sur le déroulement du scrutin électoral du 28 novembre 2011 en RDC, surtout quand j’y ai trouvé explicitement mentionné quelque part le mot « théologie » lorsqu’ ils mettent en parallèle « la vérité des urnes » et « la vérité théologique ». Et puisque entre théologiens l’échange est normalement fraternel et serein, étant donné qu’ils se réclament, encore mieux que les autres croyants, enfants du même Dieu qu’ils scrutent à travers leurs investigations, voici quelques réflexions suscitées en moi par la déclaration de ces prêtres et que je leur livre sur le même mode impersonnel qu’ils ont eux-mêmes utilisé :
 
 
 
1.    D’abord il faut dire qu’ils ne nous font pas beaucoup avancer en fait de théologie lorsqu’ils déclarent, à propos de «  la vérité des urnes », impérativement exigée par le Comité Permanent de la Conférence Episcopale Nationale du Congo (CENCO), où siégeait le Cardinal Monsengwo, en sa réunion du 3 décembre 2011 et redemandée par le même Cardinal le 12 du même mois, que cette « vérité des urnes n’est pas la vérité théologique » ! Est-ce à dire qu’elle serait négligeable et sans droit à être recherchée avec acharnement ? Et puis, en rigueur de termes, que peut bien signifier  « vérité théologique », puisque la théologie n’est pas un habitacle de quelque vérité que ce soit, mais une discipline scientifique qui allie la foi et l’intelligence à la recherche de Celui qui est LA VERITE, afin d’évaluer à sa lumière toutes les autres vérités de ce monde. Tout au plus l’expression consacrée dit-elle :  « cela n’est pas Parole d’Evangile », encore qu’il y aurait beaucoup à dire même sur cette expression consacrée, au regard du n°22 du Décret « Ad Gentes » du Concile Vatican II qui recommande de « soumettre à un nouvel examen » même « les faits et les paroles révélés par Dieu, consignés dans les Saintes Lettres, expliqués par les Pères de l’Eglise et le Magistère » (ce qui est proprement la tâche de la théologie). Si donc le Concile demande explicitement de réexaminer même les vérités révélées, un théologien a, à fortiori, le droit de reconsidérer la vérité des urnes qui se trouve souvent truquée dans la quasi totalité des pays africains par le pouvoir organisateur généralement à la solde du Pouvoir en place.
 
Constatant finalement que ces prêtres ne nous livrent pas leur propre « vérité théologique » sur ce dont ils parlent, je ferais évidemment plus confiance, en fait de théologie, au Cardinal Monsengwo dont la haute culture théologique est connue mondialement et je conseillerais humblement aux prêtres du Katanga, au nom de leur statut ecclésiastique, de ne jamais manquer à ce point de respect, sur la place publique, vis-à-vis d’une autorité légitime de leur Eglise, surtout lorsqu’elle ne fait que dire ce que l’honnêteté intellectuelle et son devoir de pasteur lui imposent.
 
 
 
2.    Ma deuxième surprise est venue de la tentative affichée dans cette déclaration d’opposer entre eux la CENCO ou quelques Evêques comme Mgrs Djomo et Madila au Cardinal Monsengwo dans leurs prises de position sur les événements dont question. Cette tentative ne résiste pas à l’analyse.
 
En effet :
 
            -  Mgr Marcel Madila, Archevêque de Kananga, qui a été le premier des précités à parler aux journalistes de sa ville à la suite des graves incidents survenus à certains membres du personnel ecclésiastique de son diocèse le jour du scrutin,  le 28 novembre dernier, n’avait fait qu’un point limité sur ces incidents pour stigmatiser des comportements violents sur la base de soupçons de complicité de fraude indûment étendus même à des innocents. Il ne pouvait pas parler, comme le prétend le clergé du Katanga, d’atrocités semblables aux 18 morts mentionnés plus tard par le Cardinal Monsengwo, puisqu’il n’y en avait pas eu.
 
 
 
-        La conférence de presse de Mgr Nicolas Djomo, Président de la CENCO,
 
du 3 décembre 2011, avant le vif de la publication des résultats de la présidentielle par la CENI, a eu comme point d’orgue les mots « vérité des urnes » pour bien marquer cette exigence qui est celle de toute la CENCO : « La CENCO, a dit Mgr Nicolas Djomo, invite instamment le peuple congolais, les acteurs politiques et la CENI à s’en tenir impérativement à la vérité des urnes telle qu’exprimée et affichée au niveau des bureaux de vote… La CENCO invite celui qui aura effectivement remporté le scrutin selon la vérité des urnes à éviter tout triomphalisme… »
 
 
 
-        Ce sont les mêmes termes qu’utilise le Cardinal à la fin de la publication
 
des résultats, soit 9 jours après, pour constater que ce que la CENCO avait exigé avec vigueur n’avait pas été respecté. Et comment étayer un tel jugement post factum sinon en évoquant un exemple, parmi tant d’autres, comme celui de l’incohérence des chiffres, concernant le candidat n°11, entre ceux publiés par la CENI le 6 et le 9 décembre, qui révèlent effectivement - ce que tout le monde s’est empressé d’aller vérifier sur le site de la CENI, après les dénégations malaisées du pasteur Ngoy Mulunda - que ce candidat n°11 avait 2% de voix de moins au dernier jour que trois jours auparavant !
 
 
 
-        Avant le Cardinal Monsengwo, c’est Mgr Bernard-Emmanuel Kasanda,
 
 Evêque de Mbujimayi, qui a parlé sans ambages, dans un « Message de paix » à ses fidèles et aux hommes de bonne volonté, des graves irrégularités constatées tout au long du processus électoral et qui avaient tout d’une « tricherie planifiée », agrémentée d’une insécurité entretenue par des hommes en uniforme qui sont allés « jusqu’à confisquer les urnes dans certains centres de vote », toutes  choses, écrit-il, qui « ont entraîné une réaction démesurée de la foule dans certains endroits où on a vu des actes d’une grande violence que nous condamnons fermement ».
 
 
 
-        Sans doute y a-t-il eu ci et là d’autres réactions d’Evêques de la CENCO
 
au sein de leurs diocèses qui ne sont pas arrivées dans tous les médias. Mais elles ne devraient pas comporter beaucoup de divergences entre elles, du moins si l’on en juge par le fait qu’aucun Evêque catholique n’a fait le pas de présenter publiquement ses félicitations au nouveau Président de la République proclamé par la CENI et la Cour Suprême de Justice et que la CENCO, tout comme la Nonciature Apostolique à Kinshasa et la quasi-totalité des pays du monde, ne s’est pas fait représenter par une autorité de premier rang à la cérémonie d’investiture de ce nouveau Président.
 
 
 
-        Il restera à savoir quelle déclaration – s’ils en font une – les Evêques de la
 
CENCO publieront au terme de leur assemblée plénière extraordinaire du mois de janvier 2012, lorsqu’ils auront enfin pris connaissance, on l’espère, de tous les rapports parvenus à pas de tortue de tous les coins de leurs diocèses à leur commission épiscopale « Justice et Paix ».
 
 
 
En tout état de cause, Evêques catholiques, rompus à l’enseignement du Magistère de l’Eglise Universelle, il serait impensable qu’ils divergent sur l’essentiel, qui repose sur des instructions comme les suivantes, glanées ci et là dans le Magistère contemporain sur des questions aussi sensibles que celles qui sont en jeu aujourd’hui dans notre pays :
 
 
 
- Le Pape Jean XXIII, encyclique « Pacem in Terris» (La Paix sur la Terre),
 
11 avril 1963 :
 
* « La paix, écrit-il, n’est qu’un mot vide de sens, si elle n’est pas fondée sur la vérité, la justice, la charité, la liberté » (n°5).
 
* « La législation humaine, poursuit-il se référant à la Summa Theologica de Saint Thomas d’Aquin et à son Prédécesseur Pie XII, ne revêt le caractère de loi qu’autant qu’elle se conforme à la juste raison ; d’où il appert qu’elle tient sa vigueur de la loi éternelle. Mais dans la mesure où elle s’écarte de la raison, on la déclare injuste, elle ne vérifie pas la notion de loi, elle est plutôt une forme de la violence » (n°19).
 
* Le même Pape avait commencé par définir dans la même encyclique ce qu’il considère comme le fondement de toute société bien ordonnée et féconde : le fait que « tout être humain a droit à la vie, à l’intégrité physique et aux moyens nécessaires et suffisants pour une existence décente » (n°4).
 
 
 
- Quant à son successeur, le Pape Paul VI, dans son encyclique «Populorum
 
Progressio » (Le développement des peuples), 26 mars 1967, il indique par ces mots à quel titre l’Eglise a quelque chose à dire sur la politique des Etats :
 
* « Experte en humanité, écrit-il, l’Eglise, sans prétendre aucunement s’immiscer dans la politique des Etats, ne vise qu’un seul but : continuer, sous l’impulsion de l’Esprit Consolateur, l’œuvre même du Christ venu dans le monde pour rendre témoignage à la vérité » (n°13).
 
* Et il n’a pas eu peur d’envisager l’éventualité de « l’insurrection révolutionnaire » en « cas de tyrannie évidente et prolongée qui porterait gravement atteinte aux droits fondamentaux de la personne et nuirait dangereusement au bien commun du pays », tout en déplorant le fait qu’elle  «  engendre de nouvelles injustices  et introduit de nouveaux déséquilibres et provoque de nouvelles ruines » (n°31).
 
 
 
Entretemps, pour revenir au scrutin du 28 novembre, en dehors de l’Eglise, c’est une pluie de protestations, de dénonciations et de révélations de plus en plus précises sur la fraude massive en faveur du seul candidat n°3 qui tombe tous les jours de la presse et autres organes autorisés de l’étranger, où il n’existe pas, comme chez nous, le musellement de la libre expression et qui ciblent en particulier les provinces du Katanga, du Bandundu et la Province Orientale. Elles ne font toutes qu’apporter de l’eau au moulin du Cardinal Monsengwo et de toutes les personnes qui ont émis plus que des réserves sur les résultats de la présidentielle publiés par la CENI et sur la manière cavalière dont la Cour Suprême de Justice a traité le contentieux électoral y afférent.
 
 
 
Pour rappel,  puisque tout le monde n’a certainement pas pu avoir accès à ces informations dont je voudrais présenter ici un petit « compendium » sans doute bien utile, ces rapports internationaux déclarent, entre autres, ce qui suit :
 
 
 
-     Le Centre Carter, au 10 décembre 2011, écrit : « Les résultats provisoires
 
annoncés par la CENI révèlent plusieurs données qui manquent de crédibilité. Dans la province du Katanga, deux résultats sont particulièrement remarquables : le CLCR de Malemba Nkulu rapporte une participation de 99,46%, avec 100% de voix pour Joseph Kabila et moins de 0,5% de votes nuls. Le territoire de Kabongo est similaire avec un fort taux de participation et pratiquement 100% de suffrages pour Joseph Kabila et seulement 3 voix pour les autres candidats. Au Katanga,     8 CLCR ont un taux de participation supérieur à 80%, bien au-dessus de la moyenne nationale de 58%, avec un résultat d’au moins 89% pour Kabila. L’examen des résultats où le candidat présidentiel Etienne Tshisekedi a récolté un nombre de suffrages élevé ne révèle pas la même coïncidence de récupération parfaite des données des bureaux de vote ni de la même participation extrêmement élevée…Les problèmes observés durant la phase de compilation et les chiffres annoncés sont aggravés par les difficultés d’accès des observateurs aux centres de compilation à travers le pays et par le non accès officiel au centre national des résultats à Kinshasa. Le Centre Carter est donc dans l’incapacité de fournir une vérification indépendante de l’exactitude de l’ensemble des résultats ou du degré dans lequel ils reflètent la volonté du peuple congolais…Cette déclaration ne remet pas en cause l’ordre des résultats des candidats tel qu’annoncé par la CENI, mais précise que le processus de compilation est non crédible…Il est de la responsabilité des acteurs politiques congolais et des institutions de mener leur propre examen des résultats des élections et d’identifier des solutions politiques… » ;
 
 
 
-     La Mission d’Observation Electorale de l’Union Européenne, en date
 
du 13décembre 2011, « déplore le manque de transparence et les irrégularités dans la collecte, la compilation et la publication des résultats », en évoquant, entre autres, les raisons suivantes :
 
 
 
·   « La MOE UE constate qu’en dépit des recommandations faites en
 
 2006 par la majorité des missions d’observation, près de 3,2 millions d’électeurs ont voté sur des listes de dérogation ou d’omis, soit plus de 17% du total des votants. Ce taux était de 8% environ en 2006. Les provinces les plus marquées par ce phénomène sont Kinshasa (27,77%), le Nord-Kivu (24,5%), l’Equateur (20,29%), le Sud-Kivu (19,02%) et le Bandundu (18,54%) ;
 
·   L’étape de la procédure de compilation des résultats au niveau des
 
 CLCR « a connu plusieurs entorses qui obligent à poser la question de la crédibilité des résultats de plusieurs CLCR. Les procédures ont ainsi été jugées peu transparentes par les observateurs et les observatrices de la MOE UE au Katanga, dans le Sud-Kivu, à Kinshasa et dans la Province Orientale où plusieurs témoins de candidats/partis politiques et observateurs ont été empêchés d’observer l’ensemble des étapes de la compilation. Enfin, en contradiction avec la loi électorale, le bureau de la CENI a demandé à plusieurs CLCR de ne pas afficher immédiatement les résultats de la compilation, mais de les envoyer d’abord au bureau de la CENI afin de réaliser « un contrôle de cohérence ». Les observateurs ont été témoins de cette entorse à la loi à Goma, à Mbandaka, Mbanza-Ngungu, Kinshasa, Kisangani et Lubumbashi. » ;
 
·   « En vue de la consolidation des résultats, la CENI avait mis en
 
place une commission ad hoc avec la participation d’experts au sein de laquelle ni les témoins des candidats/partis politiques  ni les observateurs n’étaient présents. La CENI a, par ailleurs refusé l’accès des témoins au Centre National de Traitement (CNT), organe de réception des résultats avant transmission à cette « Commission ad hoc ». L’absence de témoins et d’observateurs, lors de cette phase de consolidation et de vérification ne peut qu’affecter la confiance dans les résultats annoncés et leur crédibilité » ;
 
·   « Par ailleurs, la publication des résultats provisoires reste
 
 caractérisée par un manque de transparence. Si la CENI a finalement publié des résultats détaillés par bureaux de vote, ils ne comprennent pas le scan des procès-verbaux de chaque bureau de vote(BV) établis à la fin du dépouillement. Ces résultats ne reprennent que la saisie informatisée des PV, réalisée au sein des CLCR, parfois sans témoins. Plusieurs résultats de BV rendus publics le soir du dépouillement et observés par nos équipes sur le terrain, notamment à Lubumbashi, ne correspondent pas avec ceux publiés par la CENI ».
 
 
 
               -Le Bureau de l’OETA ( Observatoire des Elections pour toute l’Afrique, Observatory of Elections for all Africa), dans une étude très fouillée,  donne, en date du 20 décembre 2011,  toute une série de ce qu’il appelle « Indications sur les fautes intentionnelles commises par action ou par omission par  la CENI avant  la campagne électorale, pendant la campagne électorale, pendant le scrutin du 28 novembre 2011 et les opérations du dépouillement du vote,  pendant la compilation des résultats, et résume son constat en ces mots : «  Les centres de compilation des résultats ont revu tous les résultats au bénéfice du candidat président de la République ».
 
 
 
                - Pour ce qui est de la SADC (Communauté des pays d’Afrique Australe dont est membre le Congo-Kinshasa), d’après Marie-France Cros (mis en ligne le 21 décembre 2011), alors que l’Afrique du Sud avait jugé la semaine dernière que l’élection dans ce pays avait été OK, le principal regroupement d’ONG de la région, le CONG-SADC, a diffusé un communiqué daté de Gaborone,le 15 décembre, critiquant les irrégularités du processus et déclarant : « De ces points, il ressort que les récentes élections en RDC ne se sont déroulées ni selon les principes et lignes directrices de la SADC, ni selon la loi électorale congolaise, compromettant ainsi leur crédibilité ». La tension politique qui en résulte, conclut le CONG-SADC, pourrait, en cas d’incidents violents, entraîner « un désastre pour la SADC, L’Afrique Centrale et l’Afrique tout entière ».
 
 
 
-         Le 20 décembre 2011 encore, la secrétaire d’Etat des Etats-Unis
 
d’Amérique, Madame Hillary Clinton, se dit « profondément déçue de la décision de la Cour Suprême de Justice de la RDC de confirmer les résultats provisoires de la Commission Electorale sans évaluer pleinement les nombreux rapports faisant état d’irrégularités. Nous croyons que la gestion et l’exécution technique de ces élections ont été gravement viciées, manquaient de transparence et n’étaient pas à la hauteur des acquis démocratiques que nous avons vus lors des récentes élections en Afrique. Toutefois, il n’est pas encore clair si les irrégularités ont été suffisantes pour changer le résultat de l’élection. Nous croyons que le réexamen du processus électoral par les autorités congolaises et par des experts extérieurs pourrait apporter plus de lumière sur la cause des irrégularités, identifier les moyens de fournir des résultats plus crédibles et offrir des conseils pour les résultats des élections encore en cours et pour les élections à venir. ».
 
 
 
-         Arnaud Zajtman, réalisateur belge de documentaires sur le Congo
 
et ancien correspondant permanent au Congo pour la BBC et la RTBF (de 2000 à 2009) et qui, lui, n’a que faire du langage diplomatique, pose un jugement très sévère sur nos élections : « Les mots manquent, écrit-il en date du 7 décembre 2011, pour qualifier la gravité de la situation qui prévaut actuellement au Congo. La CENI s’apprête à annoncer la victoire du Président sortant Joseph Kabila sur la base de résultats frauduleux rejetés par la majorité des Congolais, jetant ainsi les bases du conflit le plus meurtrier qui puisse advenir, celui qui oppose un appareil d’Etat à sa population. L’Occident, qui, depuis dix ans, dépense plus d’un million de dollars par jour pour la restauration de la paix et de l’Etat de droit au Congo, via la mission de maintien de la paix des Nations Unies, s’apprête à valider ces résultats, signant ainsi l’échec de sa propre politique.
 
 Les tendances déjà publiées par la Commission Electorale qui donnent la victoire à Kabila ne résistent pas à l’analyse…En réalité, les journalistes qui ont travaillé sérieusement sur ces élections et ont fait la tournée des bureaux de vote ont noté des tendances lourdes qui augurent de la victoire de Tshisekedi. La population congolaise non plus n’est pas dupe…Les électeurs congolais savent que Kabila n’a pas remporté l’élection. De plus, les révolutions arabes et, plus au sud du Sahara, le conflit en Côte d’Ivoire avec l’invalidation par la communauté internationale des résultats frauduleux prononcés par la cour suprême ivoirienne ont renforcé la conviction des Congolais dans leur lutte pour un Etat de droit.
 
Par ailleurs, Kabila, qui avait promis lors de son élection « la fin de la récréation », a, en réalité, bradé les ressources minières du Congo, mettant les entreprises d’Etat, notamment la MIBA, qui possède les immenses mines de diamant au Kasaï, et la Gécamines, qui possède les gisements du Katanga, à genoux, créant, selon le rapport très précis du député britannique Eric Joyce, chef de la commission parlementaire britannique consacrée à l’Afrique Centrale, un trou dans la caisse de plus de cinq milliards en à peine cinq ans, soit autant que le pillage organisé par Mobutu en 32 ans de règne sans partage.
 
 Enfin, les électeurs congolais voient en Tshisekedi un leader charismatique, dont l’intransigeance, certes, inquiète parfois hommes politiques et diplomates occidentaux habitués à plus de déférence de la part de leurs interlocuteurs congolais, mais qui porte à son crédit le fait d’avoir mené une longue lutte pacifique et sans compromis pour l’émergence d’un Etat de droit au Congo, ce dont aucun autre homme politique congolais ne peut se prévaloir.
 
 Face à cette situation explosive, la question de la position de l’Occident et plus particulièrement de la Belgique se pose avec acuité. Il est essentiel pour nos relations futures avec le Congo que la Belgique, elle aussi, réalise que l’époque a changé et évite l’écueil dans lequel est tombée la France en Tunisie en ne voyant pas la révolution venir et en faisant perdurer un soutien à un régime autoritaire digne d’un autre âge…On assiste à une situation semblable au Congo, où les ambassadeurs occidentaux soutiennent Kabila face à un Tshisekedi qu’ils jugent imprévisible. Un jugement qui rappelle celui que l’Occident proférait envers le Premier ministre congolais Patrice Lumumba au moment de l’indépendance du Congo…
 
 Les temps ont changé…Il faut faire comprendre de toute urgence à Kabila que son coup de force et les massacres qui s’ensuivront immanquablement ne seront pas avalisés et qu’il est de son intérêt de sortir par la grande porte tant qu’il en est encore temps. Il a l’occasion d’entrer dans l’histoire comme le premier Président ayant permis l’alternance politique au Congo…
 
 Il en va de l’avenir du Congo et de l’avenir de nos relations avec le pays africain appelé, s’il est bien géré, à devenir un pôle de développement pour l’Afrique et d’expansion économique pour l’Europe. »
 
 
 
-         Offrant une des synthèses les plus complètes et les mieux chiffrées de
 
 toutes les observations et analyses faites sur le scrutin, synthèse qui mérite d’être citée amplement pour la gouverne de tous, le journal Jeune Afrique, mis en ligne le 21 décembre 2011 (http://www.jeune afrique.com) et sous le titre provocateur  « Résultats électoraux : mathématiques congolaises », s’étend sur beaucoup de détails à partir de différentes sources :
 
 « Les comparaisons de l’UNC (de Vital Kamerhe) montrent des différences considérables entre les résultats affichés sur les bureaux de vote et ceux, officiels, de la CENI, différences systématiquement en faveur de Joseph Kabila et en défaveur de son principal rival local Etienne Tshisekedi, au Katanga, et Vital Kamerhe, au Kivu.
 
 Ainsi, les PV des bureaux de vote du centre de vote CS La Joie, à    Goma (Nord-Kivu), donnent 96 voix à Kabila, 209 à Kamerhe et 7 à Tshisekedi. Mais la CENI
 
a annoncé 155 pour le premier (soit une hausse de 59 voix), 188 pour le deuxième (diminué ainsi de 21 voix) et 4 pour le troisième (qui perd trois bulletins).
 
  C’est au Katanga que les différences sont les plus ébouriffantes, et l’UNC a d’autant plus de mérite à les diffuser que les résultats affichés sur les bureaux de vote sont souvent moins flatteurs pour Kamerhe que la version concoctée par la CENI. Ainsi, à Lubumbashi, les bureaux de vote du centre de vote CS Christ Sauveur donnaient 64 voix à Kabila et 244 à Tshisekedi ; la CENI, impavide, annoncera 264 pour le premier et 44 pour le second, soit 200 voix de plus pour le Président et 200 de moins pour l’opposant. Même cuisine au centre de vote CS La Colombe de Lubumbashi, où les bureaux de vote montrent 110 voix à Kabila et 255 à Tshisekedi ; la CENI en annonce 310 et 55, soit là aussi plus de 200 pour l’un et moins 200 pour l’autre. Même jeu aux centres de vote EPI Imara et CS Bustani ya Elimu.
 
   Parfois la CENI préfère jouer sur « +100/-100, comme aux centres de vote Clinique Vétérinaire, où Kabila passe de 108 à 208 voix et Tshisekedi de 117 à 7 ; Institut technique Kitendo, où le Président passe de 101 à 201 voix et son opposant de 146 à 46 ; Institut Ika, où le Chef de l’Etat passe de 56 à 156 et le vieux Kasaïen de 104 à 4 ; Collège Jean Calvin, où Kabila passe de 121 à 221 et son rival de 157 à 57 voix.
 
Au centre de vote CS Njanja, où les bureaux de vote donnaient 61 voix à Kabila, la CENI en a carrément annoncé…704, soit un gain de 643 voix, tandis que Tshisekedi passe de 120 à 39, soit une perte de 81 bulletins. Pour noyer le poisson, la CENI gonfle le score de Kamerhe de 3 à 30.
 
 Ces manipulations surviennent alors que l’enregistrement des électeurs avait déjà été suspect au Katanga, c’est une des raisons pour lesquelles l’opposition réclamait la révision du fichier électoral, qui n’a pas eu lieu. En effet, si l’on notait un accroissement du corps électoral de 26% en moyenne dans toute la République, au Katanga, il variait, selon les régions, de 38 à 52%.
 
  A Kinshasa, note un observateur interrogé par « La Libre Belgique », la CENI a systématiquement fait disparaître deux bureaux par centre de vote, «  généralement des bureaux où avaient été affichés des scores importants pour Tshisekedi ». Les résultats de 2200 bureaux de vote ont été perdus dans la capitale, 122 à Mbujimayi, deux fiefs du vieil opposant, et environ 2000 dans le reste du pays.
 
 « Les irrégularités constatées, poursuit Jeune Afrique sous le titre « Présidentielle en RDC : autopsie d’un fiasco », sont telles qu’elles décrédibilisent l’ensemble du processus électoral et affectent la légitimité du vainqueur proclamé et investi président mardi 20 décembre : Joseph Kabila…
 
  C’est au Katanga et dans le  Bandundu que les résultats mis en ligne par la CENI depuis le 9 décembre sont les plus incroyables. Au Katanga, le taux de participation atteint 69,6, soit 11 points de plus que la moyenne nationale, et Kabila écrase Tshisekedi : 89,9% contre 7%. « Pas crédible, affirme un observateur international. Tshisekedi ne peut pas plafonner à 221000 voix dans une région où les Kasaïens (les gens de la même région que le vieil opposant, NDLR) en âge de voter représentent au moins 800000 voix ». Dans certaines circonscriptions du Katanga, la fraude est grossière et il suffit d’aller sur le site de la CENI pour s’en rendre compte. Dans le territoire de Malemba-Nkulu (268121 votants), le taux de participation est de 99,46% - il n’y a donc aucun malade, aucune femme en couches – et le candidat Kabila obtient …100% de voix… Les dix autres candidats ne recueillent aucune voix.
 
Dans le Bandundu, Kabila est aussi très loin devant Tshisekedi : 73,4% contre 19,5%. Or, au second tour de la présidentielle de 2006, le même Kabila n’avait obtenu que 39,4% des voix  (face à Bemba) et « A l’époque, se rappelle un fin connaisseur du Congo, le Palu (Parti Lumumbiste) de Gizenga était fort dans cette province et avait appelé à voter Kabila. Aujourd’hui, le Palu est divisé et affaibli par la gestion du Premier Ministre Muzito. Je me demande bien par quel miracle Kabila a réussi à doubler son score. »…
 
 Alors, qui aurait gagné s’il n’y avait pas eu fraude ?  Toujours la même question.  « Attention, répond un observateur international, la fraude n’a pas commencé le soir du vote. En avril, mai et juin derniers, lors de l’enrôlement des électeurs, il y a eu beaucoup de doublons, c’est-à-dire des personnes enrôlées deux fois. Peut-être 2 millions sur les quelque 32 millions de Congolais inscrits sur le fichier. Et comme le régime a toujours refusé un audit indépendant sur ce fichier… ». Et notre observateur d’ajouter : «  Si vous additionnez ces doublons au 1,3 millions de bulletins de vote perdus et à toutes les fausses saisies de PV de bureau de vote dans les centres de compilation, l’écart de voix officiel entre Kabila et Tshisekedi n’a plus de sens »… « Que faire, s’interroge pour finir Jeune Afrique ? » Et elle répond : « Recompter, ce n’est pas possible. De l’aveu même de la CENI, les 1375000 bulletins de vote perdus ne sont pas récupérables. Lors de la compilation des résultats, de nombreux sacs de PV ont été éventrés, égarés, voire confisqués par des agents des forces de l’ordre. Des journalistes l’ont vu de leurs propres yeux au centre de compilation de Kinshasa. « Les Casques bleus de la Monusco ont été beaucoup plus efficaces pour déployer le matériel de vote que pour sécuriser la collecte des PV », persifle un observateur…. Kengo Wa Ndondo ne voit plus qu’une solution : annuler et recommencer. Après tout, dans toute démocratie à peu près acceptable, une élection avec un tel taux d’incertitude ne pourrait qu’être invalidée… ».
 
 
 
Au fait, tout habitant de la RDC le sait : rien n’est tout à fait surprenant dans ce qui nous arrive là dans un pays compté de manière stable durant toute la dernière législature par tous les rapports internationaux compétents en la matière parmi les plus corrompus au monde et dont on reconnaît qu’il a fait de la corruption un mode de gestion ordinaire de la chose publique (c’est dans ce sens que le Président Joseph Kabila lui-même a un jour accusé les instances judiciaires de son pays d’être gangrenées par la corruption !). Par quelle baguette magique la gestion de ces dernières élections allait-elle échapper à la règle ?
 
 
 
Quelles que soient donc les contorsions diplomatiques auxquelles l’on pourrait ensuite se livrer, pour toutes sortes de raisons, pour affirmer en fin de compte que ces graves irrégularités n’entament pas l’ordre d’arrivée final des candidats présidents de la République, alors que dans les mêmes phrases on exprime clairement le doute, il sautera toujours aux yeux que c’est là commettre un défaut de raisonnement que la logique formelle apprise à l’école appelle en latin « latius hos », c’est-à-dire, tirer une conclusion plus large que les prémisses qui la précèdent, alors que, dans le cas d’espèce, ces prémisses devraient conduire au minimum à contester le résultat final.
 
 
 
Par ailleurs, et pour y revenir, le clergé du Katanga considère tous ces constats malheureux  comme simplement le fruit d’un « complot contre le peuple du Katanga » ou comme découlant d’on ne sait quel « sentiment qu’a la Communauté Internationale qui n’a pas voulu financer le gouvernement de la RDC ni la CENI dans l’organisation de ces scrutins, mais qui s’est mobilisée pour venir observer – mais ils en ont reçu accréditation de la CENI ou non ? - un scrutin qu’ils n’ont pas accompagné par la sensibilisation », ou encore comme  une manière de « cibler particulièrement le Pasteur Ngoy Mulunda puisque Katangais ». C’est vraiment faire montre d’une faiblesse d’analyse effarante et de nouveau commettre un autre défaut de logique appelé « prétérition de principe » ou raisonnement vicieux qui consiste à tenir pour vrai ce qui précisément fait l’objet même de la question et qu’il fallait  démontrer.
 
 
 
Plus inquiétant encore, c’est se situer nettement en-dessous de ce groupe d’intellectuels katangais de la diaspora euro-américaine qui ont, eux aussi,
 
le 20 décembre 2011, publié à l’occasion de ces élections une déclaration aux Congolais qui donne à penser et dont certaines réflexions méritent d’être citées in extenso :
 
« Convaincus de notre capacité critique et de notre indépendance d’esprit ; préoccupés par la crise politique postélectorale en RDC qui ternit l’image de tous les Katangaises et Katangais ; convaincus que la vérité peut libérer les consciences chargées et restaurer la confiance entre différentes ethnies congolaises :
 
 
 
1.    Nous confirmons sur la base des informations venant de nos familles et de nos amis que les résultats de la présidentielle ont été manipulés pour donner la victoire à celui qui ne la méritait pas. La très grande majorité des Katangais se dissocie de la fraude et la dénonce par notre voix. En conséquence, nous invitons nos compatriotes à rejeter les résultats de la présidentielle et à ne pas ostraciser collectivement les Katangais…
 
 
 
2.    Nous dénonçons le leadership katangais unidimensionnel actuel représenté par Joseph Kabila, Katumba Mwanke, Masangu, Ngoy Mulunda et Kyungu wa Kumwanza. Ces individus sont à leur propre service, pas à celui de tous les Katangais. Nos compatriotes doivent en tenir compte dans leur jugement, souvent sans discernement, sur les Katangais. Comme tous les Congolais, les Katangais souffrent de manque d’électricité, d’eau potable, de nouvelles épidémies, d’absence de salaire, d’insécurité, de faim, etc.
 
 
 
3.    Nous attirons l’attention de nos sœurs et frères kasaïens sur leurs propres responsabilités dans différents incidents qui émaillent nos relations depuis 1961. En effet, lors des récents incidents malheureux de Kamina (exactions et expulsions de Kasaëns, arrivés dans la souffrance à Muene Ditu), pourquoi le ministre de l’intérieur  et de la sécurité, lui-même Kasaïen, n’a-t-il pas condamné ces incidents ? Pourquoi le secrétaire général du PPRD, parti au pouvoir et président de l’Assemblée Nationale, lui-même Kasaïen, n’a pas réagi ? Pourquoi le rapporteur du Sénat et propriétaire du journal le Potentiel, lui-même Kasaïen, n’a pas levé le petit doigt ?... Nous avons le courage de dénoncer ceux qui sont les architectes des malheurs des Congolais, toutes provinces et ethnies confondues ».
 
 
 
Mais, tenir le discours tenu par le clergé du Katanga, c’est surtout ne pas poser la véritable et seule question que tout le monde doit se poser dans le cas d’espèce, celle de savoir si les hommes et les femmes qui ont exercé le pouvoir durant la dernière législature ont réellement servi les intérêts de leur peuple ou plutôt leurs poches et celles de leurs proches et de leurs clients, leurs comptes en banque de préférence à l’étranger, leurs soudaines et somptueuses propriétés privées, les intérêts unilatéraux de certains pays étrangers à travers des contrats léonins dont les frais de commissions faisaient  leur fortune, leur sécurité personnelle par des lois iniques et la corruption de la Justice. Dans ce  cas, à moins de ne ressembler en rien à tous les autres peuples de la planète terre qui se sont un jour ou l’autre soulevés de leur apparente soumission et torpeur pour en finir avec leurs tortionnaires, il ne faut pas être grand clerc pour imaginer que le vote populaire à des élections comme celles que nous venons de vivre ne pouvait être qu’un vote sanction.
 
 
 
C’est pourquoi l’on entend de partout exiger la vérité des urnes, puisque, encore une fois, à moins d’être masochiste et ne ressembler en rien aux autres peuples, il est difficilement concevable qu’un peuple réduit à la pure misère dans tous les domaines et à tous les échelons, comme celui-ci, malgré ses énormes richesses naturelles détournées au profit de quelques uns, dise massivement par son vote, dans quelque province que ce soit, à ses bourreaux d’hier de rempiler tranquillement pour poursuivre leur œuvre macabre contre lui et continuer à le tenir, comme indiqué par le dernier rapport du PNUD, publié le 3 novembre 2011 par http://dc-kin.net, à la 187è place sur 187 pays en fait d’indice de développement humain(IDH) pour 2011 ou la 50è place sur 53 pays africains         ( juste devant les seuls Tchad et Somalie) en fait de bonne gouvernance sur l’indice MO Ibrahim, d’après la liste publiée le 10 octobre 2011. Ce dernier indice, fondé sur 86 indicateurs qui estiment la prestation de biens et de services publics, donne une note de 32 sur 100 à la RDC, un chiffre en dessous de la moyenne régionale de l’Afrique centrale, qui est de 39.
 
 Comment, dès lors, ne pas comprendre et plutôt admirer ce peuple, au pays comme à l’étranger, toutes provinces, ethnies et religions confondues, qui s’est vigoureusement approprié le scrutin dans le sens de son véritable intérêt, en résistant, dans beaucoup de cas, aux tentatives de corruption, de séparatisme tribal ou régional, d’intimidation et même à la force brutale et meurtrière qui a endeuillé plusieurs familles, pour se choisir librement ses nouveaux dirigeants ? Ce faisant, ce peuple donne paradoxalement une brillante leçon de patriotisme et d’honnêteté à tous ces grands hommes et femmes bardés de diplômes universitaires et autres chefs spirituels de tant de religions qui remplissent notre pays, mais qui restent désespérément esclaves de leur cupidité, de leur tribalisme ou régionalisme ; de leur ambitions personnelles et égoïstes, de leur opportunisme, de leur peur de la vérité devant le risque de persécution…
 
 
 
La vérité des urnes, voilà ce qui ne peut qu’unir tous les Evêques de notre pays en un seul et même combat au service de la Nation.
 
Voilà ce que, avec tous les défauts qu’il peut humainement avoir, le Cardinal Monsengwo, en particulier, au nom de sa pourpre cardinalice, couleur du sang, ne peut que servir jusqu’au péril de sa vie, comme le rappellent judicieusement les laïcs chrétiens catholiques de son archidiocèse en prenant sa défense, dans une déclaration du 17 décembre 2011, contre ses mauvais détracteurs du moment , lorsqu’ils disent : « Un Cardinal fait le serment de défendre la vérité et la foi jusqu’au sacrifice de sa vie. Dans un moment aussi difficile que celui-ci, le Cardinal regarde la pourpre qu’il porte et qui lui rappelle à tout instant ce serment ».
 
Sans être cardinal, on dirait que l’opposant le plus ancien et le plus cohérent  de l’histoire de notre pays a réussi à insuffler ce courage indomptable de la vérité à tout un peuple en l’amenant à comprendre ce que jadis Benjamin Franklin, savant et homme politique américain du 18è siècle et un des pères de l’indépendance de ce pays, avait dit à ses concitoyens : « Un peuple prêt à sacrifier un peu de liberté pour un peu de sécurité ne mérite ni l’un ni l’autre, et finit par perdre les deux ».
 
 
 
La vérité des urnes, que le clergé du Katanga  semble traiter avec beaucoup de désinvolture,  « va, elle aussi, comme a dit un chanteur congolais, par l’escalier pendant que le mensonge va par l’ascenseur », mais elle finit par arriver, car « veritas filia temporis », selon Aulo Gello (« la vérité est fille du temps », et le temps finit par l’engendrer). Sans elle, gouvernants et gouvernés restent handicapés par une gêne diffuse et un sentiment d’illégitimité qu’aucune légalité fictive ne parviendra à dissiper. Ils restent recouverts de cette lourde honte qui consiste à passer pour des gens incapables de bien organiser quelque chose par eux-mêmes et qui ne sont intelligents que dans la tricherie et la fraude.
 
 
 
Il vaut donc la peine, si l’on ne peut pas recommencer, en tout ou en partie, l’élection sous des auspices de meilleure transparence et équité, de ne pas se fatiguer de  rechercher cette vérité des urnes même auprès des opposants du régime en place qui en détiennent de larges parcelles issues des bureaux de vote du 28 novembre 2011 et aussi auprès des observateurs étrangers qui ont déclaré, comme l’a fait la Mission d’Observation Electorale de l’Union Européenne, que  plusieurs résultats de BV(Bureau de vote) rendus publics le soir du dépouillement et observés par leurs équipes sur le terrain, notamment à Lubumbashi, ne correspondent pas avec ceux publiés par la CENI. En effet, il n’est jamais trop tard pour bien faire. C’est l’unique condition pour remettre notre pays sur les rails du vrai développement participatif, porté par tous et profitable à tous.
 
 
 
                                       Un théologien congolais
 
 
 
  
 
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