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27 octobre 2011

Interview - Thomas Luhaka : « Le MLC ne souscrit pas à un processus générateur des problèmes »

 



Dans une interview accordée aux Dépêches de Brazzaville, le secrétaire général du parti de Jean-Pierre Bemba Gombo a diagnostiqué le processus électoral en cours, apportant un éclairage quant à la candidature commune de l'opposition et aux ambitions de sa formation politique. Les Dépêches de Brazzaville : Le processus électoral en cours donne des signes peu rassurants sur la tenue de la présidentielle et des législatives à la date du 28 novembre. Un report de ces scrutins est-il envisageable pour le Mouvement de libération du Congo (MLC) ?

Thomas Luhaka Losendjola : Le MLC tient à participer à des élections apaisées et ne souscrit pas à un processus électoral générateur des problèmes en RDC. À ce sujet, malgré les assurances de la Commission électorale nationale indépendante (Céni) quant au bon déroulement des scrutins, nous recevons des informations inquiétantes sur le rythme de fabrication des urnes qui prendrait au moins dix semaines. Quant aux bulletins de vote, la Céni veut sauter une étape importante permettant aux candidats de vérifier si leurs noms, drapeaux et autres insignes de leurs formations politiques sont fidèlement repris. Pour répondre concrètement à votre question, le MLC n'est pas opposé à un glissement du calendrier si c'est pour bien faire les choses. Vaut mieux un retard dans le calendrier électoral que des élections bâclées.

LDB. : Pensez-vous que des élections crédibles et apaisées peuvent être organisées à la date prévue par la Céni ?

T.L.L. : Nous sommes préoccupés par ce qui se passe et nous avons l'impression que la Céni est dans la précipitation. Nous sommes inquiets sachant que la précipitation conduit souvent à des erreurs et à des situations de contestation ingérable. C'était déjà le cas lors de la publication des listes provisoires et définitives des candidats à la députation nationale. À la base de cette précipitation se trouve principalement le fétichisme qui a fait du 28 novembre une date mythique qu'on ne peut en aucun cas bouger.

LDB. : À moins de deux mois des élections, le consensus semble toujours difficile au sein de l'opposition pour une candidature commune. Quelle en est la cause principale et quel est l'apport du MLC pour l'aboutissement heureux de cette démarche ?

T.L.L. : En réalité, il y a eu deux causes. La première se rapporte aux divergences d'approche entre le groupe de Sultani et celui de Fatima. Pour le groupe de Sultani auquel nous appartenons, nous considérons que dans une élection à un seul tour, la meilleure façon de battre le président sortant, Joseph Kabila, est de lui opposer un seul adversaire, candidat commun de toute l'opposition. Le candidat de la majorité présidentielle dispose des atouts importants qu'il va mettre dans la balance : contrôle des médias, de l'administration, de la territoriale, de l'armée, de la police et des services de sécurité et dispose à sa convenance de l'argent du Trésor public. Cette approche n'était pas partagée par le président de l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS), Étienne Tshisekedi. Quel que soit le nombre de candidats, le leader de l'UDPS était convaincu de remporter la présidentielle. Cette divergence n'existe plus aujourd'hui et tous les candidats de l'opposition ont le même entendement : pour battre Joseph Kabila, il faut un candidat commun de toute l'opposition. La seconde divergence était un manque de dialogue entre les deux groupes de l'opposition. Cela n'est plus le cas actuellement et tout devrait aller de l'avant.
Pour ce qui concerne l'apport du MLC, en l'absence d'un candidat président de la République, notre joker Jean-Pierre Bemba se trouvant à la Haye comme prisonnier politique, nous nous sommes fixé comme mission de faciliter les concertations au sein de l'opposition qui vont aboutir à une candidature commune. Le MLC est prêt à soutenir le candidat commun de l'opposition quel qu'il soit et à mettre à sa disposition tous les moyens nécessaires, parce que nous voulons une alternance au pouvoir au mois de novembre.

LDB. : Que répondez-vous à ceux qui estiment qu'une opposition incapable de se mettre d'accord autour de la candidature commune n'est pas la mieux indiquée pour diriger le pays ?

T.L.L. : Le temps que l'on prend pour parvenir à cette candidature commune est une preuve de la pratique démocratique dans l'opposition. Vous savez comment le candidat de la majorité a été désigné, sans débat. Mais chez nous, il faut discuter, parce qu'il existe des groupes politiques très importants et indépendants. Cela demande du temps, des concertations, des échanges et l'harmonisation des points de vue.

LDB. : L'opposition garde-t-elle encore des chances de remporter la présidentielle et les législatives ?

T.L.L. : Oui, je reste convaincu que si l'opposition aligne un seul candidat face à Joseph Kabila, nous avons 60 à 70% de chance de remporter la présidentielle. Dans le cas contraire, on augmenterait dans les mêmes proportions les chances à Joseph Kabila de gagner.

LDB : Quel est le rôle que le MLC entend jouer en cas de victoire de l'opposition aux prochains scrutins ?

T.L.L. : En cas de victoire, nous voulons être le pivot d'une grande coalition gouvernementale pour influer sur l'avènement de la bonne gouvernance dans notre pays, surtout que le MLC bénéficie de l'expérience de la gestion de l'appareil de l'État. Nous pouvons apporter notre expérience pour le changement en RDC. Pour cela, nous allons fournir beaucoup d'efforts pour avoir le plus de députés possibles

LDB : Première formation de l'opposition parlementaire et deuxième force politique de la RDC au terme des élections de 2006, votre parti est-il prêt à faire mieux cette année, après les nombreux départs enregistrés en son sein pendant les cinq ans de l'actuelle législature ?

T.L.L. : Nous nous battons pour faire mieux qu'en 2006. Ce qui est intéressant au MLC, c'est que souvent les gens adhèrent comme des anonymes et leur départ se fait à grand bruit après qu'ils ont acquis une renommée. Cependant, le même jour que ceux-là partent, d'autres anonymes continuent à adhérer au MLC. Un constat, aucun cadre ne quitte le MLC pour aller à l'UDPS. Dans la plupart des cas, ils ont une préférence pour les partis de la majorité présidentielle, l'Union des forces du changement de Léon Kengo wa Dondo et l'Union pour la nation congolaise de Vital Kamerhe. J'en conclus que ces gens n'adhèrent pas à ces partis par conviction mais sont à la recherche des financements pour leur campagne électorale. Car tout le monde sait que l'UDPS, bien qu'elle soit un grand parti avec une idéologie bien ancrée, n'est pas réputée pour être un parti qui dispose des moyens financiers.

Propos rendus par Jules Tambwe Itagali

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