Bemba invite Tshisekedi pour isoler V.Kamerhe

Après avoir déposé sa candidature pour la présidentielle du 28 novembre prochain le 5 septembre dernier, Etienne Tshisekedi, le président national de l’Union pour la Démocratie et le Progrès Social (UDPS) s’est envolé le vendredi 8 septembre pour l’Europe, via la Belgique. Des sources proches de l’UDPS indiquent que le sphinx de Limete entreprend ce voyage pour aller parler du processus électoral en RDC à ses partenaires.

L’homme quitte Kinshasa pendant que Vital Kamerhe et Léon Kengo, deux autres leaders de l’opposition, confirmaient leurs candidatures à la présidentielle.

Le premier a déposé sa candidature le 6 septembre et le second le 10 du même mois. Les gestes posés par les deux dernières personnalités citées mettent en mal l’unité de l’opposition. D’aucuns croient même que le rapprochement souhaité entre les pro-tshisekedistes et les partis de l’opposition (le MLC de Jean-Pierre Bemba, l’UN C de Vital Kamerhe, l’UFC de Léon Kengo...) ne sera plus possible même si tout le monde rassure que le dialogue est maintenu entre toutes les parties.
En déposant sa candidature au bureau de la Commission Electorale Nationale Indépendante (CENI), Vital Kamerhe a rappelé que sa main restait tendue. « Si le président Etienne Tshisekedi aujourd’hui pour le rencontrer, je le suivrai partout où il m‘invitera ». Le président national de l’UNC a indiqué qu’il croit encore à la désignation d’un candidat commun au niveau de l’opposition.
Le même discours a été tenu par Léon Kengo wa Dondo. Même s’il a donné les signes d’être rassuré en déposant sa candidature, «l‘homme de la rigueur» se dit maintenir le dialogue avec les autres partis de l’opposition pour la désignation d’un candidat unique.
Du côté de l’UDPS on confirme que le dialogue est complètement rompu avec le groupe de Sultani.

Résoudre le problème hors de la RDC
Hormis le maigre espoir de voir l’opposition se mettre d’accord autour d’un candidat commun ou unique, certains analystes estiment que le voyage qu’effectue le leader de l’UDPS en Europe pourrait changer la donne. En effet, selon plusieurs sources, outre les rencontres prévues avec ses partenaires, Etienne Tshisekedi devrait rencontrer, pour la seconde fois, Jean-Pierre Bemba à La Haye, aux Pays-Bas.
Entre les deux hommes qui, selon plusieurs sources ne s’apprécient pas (Jean-Pierre Bemba reprocherait au leader de l’UDPS de ne l’avoir pas soutenu clairement en 2006), les entretiens devraient tourner autour de la possibilité de voir le Mouvement de Libération du Congo (MLC) apporter son appui politique au candidat Tshisekedi. «Le président de l’UDPS pourrait promettre à Jean-Pierre Bemba ce qu‘il a refusé de donner à ses collaborateurs qui dirigent le parti ici au pays», murmure-t-on du côté de Limete. Le camp Tshisekedi accuse ceux qui siègent à l’hôtel Sultani de réclamer des postes politiques avant même la tenue des élections.

Mettre Vital Kamerhe hors-jeu
Malgré le fossé entre JP Bemba et Etienne Tshisekedi, il semble que leur prochaine rencontre à La Haye pourrait sonner le glas pour Vital Kamerhe. Car, si le leader de l’UDPS réussit à rallier le MLC, il apparaît clair que le président national de l’UNC sera isolé. Vital Kamerhe se retrouvera seul pour défendre les conclusions de leurs concertations de l’hôtel Sultani dans la mesure où entre lui et Léon Kengo, les idées sont loin de s’accorder.
Or, le leader de l’UNC compte beaucoup sur le soutien du MLC pour maintenir sur Etienne Tshisekedi qui ne veut pas le recevoir malgré ses incessants appels de pied. Comme on peut le constater, la rencontre entre Jean-Pierre Bemba et Etienne Tshisekedi (si elle se concrétisait) pourra faire bouger les lignes .dans la famille politique de l’opposition.
Question : comment le leader du MLC et de l’UDPS vont-ils gérer le cas Léon Kengo ? C’est la question que se posent plusieurs compatriotes quand on sait que le président du Sénat n’est pas né de la dernière pluie. Du reste, en déposant sa candidature, il a rappelé qu’il connaît la RDC et ses acteurs politiques pour diriger les pouvoirs judiciaire, exécutif et législatif.
                                                                                                Thomas NABOR