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Kasai Direct
25 avril 2011

Tshisekedi : rien de neuf, mais toujours populaire

Il y a eu plus de peur que de mal. L'UDPS a tenu son meeting dans un stade Tata Raphaël  archicomble comme un œuf.  Pas d'incidents. Pas de désordres, non plus. Tout s'est passé dans le calme et la discipline. Tshisekedi a tenu sa parole selon laquelle son parti politique encadrerait comme il se doit tous ceux qui feront le déplacement du stade. Ils étaient nombreux à l'avoir fait. Et à avoir obéi au mot d'ordre de leur leader. Tous les partis politiques de l'opposition étaient représentés au stade par leurs militants. Pour le leader de l'UDPS, c'est un test réussi. Il en est toujours ainsi chaque fois que l'occasion lui est donnée. On le sait tenace, pugnace et à la limite têtu comme un mule. Malgré tous ces petits défauts, qui peuvent être mortels à d'autres, Tshisekedi, lui, les retourne en sa faveur, en défiant au passage toutes les lois de la pesanteur politique.       A son rythme auquel il faut s'adapter si on veut le comprendre, Tshisekedi a l'art de dire la même chose, plusieurs fois sans lasser ceux qui l'écoutent souvent religieusement. Qu'il parvienne à déplacer tant de monde, de toutes les conditions sociales confondues, est une preuve que cet homme qui résiste à l'usure du temps n'a pas encore dit son dernier mot. Si ce qu'il a dit hier est du domaine du déjà entendu, ce qui étonne cependant c'est cette ferveur, cette confiance que beaucoup de Congolais continuent à lui faire. Les yeux fermés pour nombre d'entre eux. C'est ce qui fait dire à quelques observateurs impartiaux que la Majorité présidentielle, qui est de plus en plus dans l'exagération, a néanmoins tout intérêt à prendre l'irruption tonitruante de Tshisekedi sur la scène politique nationale très au sérieux. Parce que, inutile de nous voiler la face, à l'allure où vont les choses, s'il ne fait pas de faux pas significatifs, il est parti pour bouleverser totalement le paysage politique du pays.

 

       Maintenant la question : qu'est-ce qui explique que cet homme qui n'a plus trente ans soit inoxydable aux yeux de beaucoup de Congolais ?

En dehors de sa constance dans les propos, il bénéficie toujours des maladresses que les tenants du pouvoir commettent à son endroit de manière récurrente. Et à la limite inacceptable. Alors que tout le monde sait que la campagne électorale n'a pas encore officiellement commencé, il se trouve que seuls les partis politiques de la Majorité présidentielle bénéficient du privilège de se servir des médias de l'Etat, donc de tous les Congolais, pour faire leur pré-campagne. De manière ouverte, et accessoirement révoltante. Cette politique de deux poids, deux mesures déjà en vigueur à l'époque de Mobutu n'a jamais rehaussé, on le sait aussi, l'image du pouvoir dans l'opinion d'ici et d'ailleurs. C'est dans ce genre de fissure que se glissent des hommes comme Tshisekedi pour crédibiliser leur propos et décrédibiliser le pouvoir aux yeux de l'opinion.

S'il dit toujours la même chose, les populations qui ne s'en lassent pas continuent de croire que Tshisekedi est la personne qui peut bien défendre leurs intérêts. S'il réussit aujourd'hui, comme on a pu le constater hier au stade, à rassembler toute l'opposition autour de lui, cela voudrait dire que la Majorité a désormais intérêt à faire les choses autrement. Ni dans les provocations, inutiles, ni dans les défis, tant aussi absurdes. Mais de manière réaliste et lucide.

Ce qui veut dire : tourner résolument le dos à la suspicion et à la diabolisation qui sont la marque de ceux qui ne croient pas en eux mêmes. Ni en ce qu'ils font et disent. L'homme de l'UDPS a parlé. Qu'ont-ils perdu ceux qui voulaient l'empêcher de parler ?

Ceci dit, peut-on s'autoriser à dire que Tshisekedi a un destin national ? La réponse est sous nos yeux. De nombreux Congolais, qui ne lui trouvent pas que des qualités, ne jurent que par lui. Cela peut-il être suffisant pour lui assurer de gagner demain ? Pas du tout. Si le travail de terrain est fait, en grande partie avec le concours de la Majorité présidentielle qui laboure par moment pour l'opposition, on ne voit pas derrière Tshisekedi une machine structurée à gagner les élections à tous les niveaux. Son charisme seul ne me paraît pas suffisant. Qu'est-ce qui manque ? L'absence des débats contradictoires au sein de l'opposition politique constitue pour elle un handicap de taille.

L'opposition est dans les slogans. Elle fonctionne de préférence en termes d'anathème.

Vous vous alignez inconditionnellement, ou vous êtes rejeté sans ménagement. L'opposition adore les raccourcis. C'est moins fatiguant. Elle ne déteste pas de recourir à l'injure facile et à la manipulation de l'opinion pour jeter en pâture tous ceux qui osent penser à haute voix. La réflexion n'est pas ce que l'opposition préfère le plus. Et sur ce terrain précis, elle ne diffère pas de beaucoup de la Majorité présidentielle au sein de laquelle l'unanisme tient lieu d'argument d'adhésion, de conviction et de fidélité.

En attendant, je note que Tshisekedi n'a rien dit de neuf hier au stade.

Mais cela n'empêche pas que sa popularité reste immense et intacte. Pour quelle finalité concrète ? Lui seul peut répondre à cette question. Et pour ça, il n'a pas l'éternité avec lui.

Mankenda Voka (L'observateur)

 
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