Elections en RDC : l’APRODEC critique Didier REYNDERS
Notre Association a pris connaissance du communiqué de presse daté du 15 mai 2014 de Monsieur Didier REYNDERS, Ministre belge des Affaires étrangères, par lequel celui-ci affirme avoir pris contact avec l’Abbé Apollinaire MUHOLONGU MALU MALU, le président de la Commission électorale nationale indépendante (CENI), au sujet de l’état de préparation du cycle électoral.
(1) Il semble qu’au regard de sa déclaration du 17 septembre 2013 devant la Commission des Relations extérieures de la Chambre des Représentants : « S’agissant de la commission électorale, j’ai la plus grande confiance dans le président Malu Malu dont je sais qu’il garantira des élections correctes. (…) » que la confiance de Monsieur Didier REYNDERS envers le président de la Commission électorale nationale indépendante a été quelque peu ébranlée.
Notre Association s’étonne tout d’abord du fait que le précité communiqué de presse qui présente pourtant un caractère officiel, puisque y figurent les armoiries du ministère belge des Affaires étrangères, n’a pas été mis en ligne sur son site internet, mais uniquement sur le site internet privé de Monsieur Didier REYNDERS. Ensuite, nous tenons une fois encore à rappeler à l’ensemble de la Communauté internationale et plus particulièrement, au gouvernement belge ainsi qu’aux Nations unies que les préalables à l’organisation d’élections apaisées, crédibles et transparentes en République Démocratique du Congo, ne sont toujours pas réunis. En effet, nous nous référons d’une part, aux recommandations contenues dans le rapport du 29 mars 2012 de la Mission d’observation électorale de l’Union européenne laquelle avait entre autres recommandé ‘qu’en amont des prochaines élections provinciales et locales que soit réalisé l’audit du fichier électoral à court terme, afin d’en garantir la transparence et la crédibilité et d’autre part, à la résolution adoptée par le Parlement européen au terme de laquelle celui-ci engage la Commission et les Etats membres (et donc la Belgique !) à subordonner la contribution financière de l’Union au processus électoral en République Démocratique du Congo à la mise en œuvre effective des 22 recommandations formulées par la Mission d’observation des élections de l’UE. (2)
A cela s’ajoute encore le fait que l’opération dite de «fiabilisation du fichier électoral» conduite actuellement par la Commission électorale nationale indépendante dans les provinces du Bandundu et de l’Equateur se déroule en violation de l’article 21 alinéa 3 de la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, de la Constitution de la République Démocratique du Congo et
de la Loi n° 04/028 du 24 décembre 2004 portant identification et enrôlement des électeurs en République Démocratique du Congo.
Revenant sur le contenu du communiqué de presse du ministère belge des Affaires étrangères, le Peuple congolais aurait été réellement convaincu de la volonté du gouvernement belge de voir se dérouler la révision du fichier électoral en République Démocratique du Congo de façon transparente et professionnelle, si celui-ci d’une part, avait invité la Commission Electorale Nationale Indépendante à publier le rapport final établi en 2011 par la société ZETES sur le nettoyage dudit fichier et d’autre part, avait saisi la justice au sujet de l’attribution le 17 juin 2010 par l’Abbé MALU MALU, alors président de l’ex-Commission électorale indépendante dans des conditions peu transparentes de deux contrats à la société ZETES relatifs à la fourniture de 9 500 kits biométriques d’identification des électeurs et à la fourniture du logiciel AFIS nécessaire au nettoyage du fichier électoral par cette même société.
A cet égard, notre Association ne peut que rappeler à Monsieur Didier REYNDERS les termes du courrier – resté sans suite à ce jour – qu’elle lui a adressé en date du 11 février 2014 au sujet de la criminalité économique affectant le processus électoral ayant conduit aux élections très peu crédibles du 28 novembre 2011 en République Démocratique du Congo. Considérant que Monsieur le Ministre des Affaires étrangères avait déclaré le 17 septembre 2013 devant la Commission des Relations extérieures de la Chambre des Représentants : « S’agissant de la commission électorale, j’ai la plus grande confiance dans le président Malu Malu dont je sais qu’il garantira des élections correctes.
(…) », nous Lui avons demandé de confirmer ou d’infirmer le fait que l’ex-Commission électorale indépendante (CEI) dirigée par l’Abbé MALUMALU était partie aux deux contrats mentionnés par la société SA ZETES, dans sa plainte du 31 mars 2011 contre notre Association. Dans l’hypothèse selon laquelle la Commission électorale indépendante aurait effectivement attribué le 17 juin 2010 le marché litigieux de fourniture de 9 500 kits d’enrôlement des électeurs à la SA ZETES il convient de souligner tout d’abord que la Commission électorale indépendante (CEI) avait été dissoute de plein droit depuis le 3 février 2007 conformément à l’article 222 al. 2 de la Constitution de la République Démocratique du Congo et d’autre part, de s’interroger sur les raisons pour lesquelles la CEI n’a pas suivi les conclusions de la commission d’analyse des offres composée de membres du BCECO et de la CEI proposant l’attribution du marché litigieux à la société sud-africaine Face Technologies.(3)
Finalement, eu égard à l’ensemble des faits susmentionnés sous peine de cautionner une énième mascarade électorale, notre Association recommande au gouvernement belge de ne pas soutenir ni financièrement ni matériellement le processus pré-électoral tel qu’il se déroule actuellement en République Démocratique du Congo.
Fait à Halle (BELGIQUE), le 16 mai 2014
Pour l’APRODEC asbl
Didier NKINGU
Vice-Président
Administrateur chargé des Affaires juridiques
Communiqué de presse du ministère belge