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Kasai Direct
17 février 2014

En souvenir de la date du 16 février 1992 : Gare à d’autres 16 février en RDC !


(La Référence Plus) Au lendemain des massacres des chrétiens à l’occasion de la marche du 16 février1992, un haut dignitaire de l’Eglise catholique dont l’Abbé José Mpundu s’est gardé de rappeler le nom avait déclaré : “plus jamais de 16février au Congo” (Zaïre).

Une phrase laconique mais non moins énigmatique. A quoi rimait cette phrase ? Voulait-il dire qu’il n’y aura plus de répression sanglante? Ou encore ne va-t-on plus organiser des manifestations pythiques ayant pour but de revendiquer des droits du peuple congolais ? L’Abbé s’est dédouané en soutenant que seul l’auteur de la phrase pouvait dire ce qu’il pensait. Néanmoins, l’Abbé Mpundu, est d’avis que la marche du 16 février 1992 a donné les résultats escomptés et que dans le même contexte aujourd’hui, la RDC a besoin d’autres manifestations de la trempe du 16 février 1992. Le peuple congolais étant toujours opprimé.
 
La marche du 16 février avait pour objectif d’obtenir la réouverture sans condition de la conférence nationale souveraine (CNS), le gouvernement de l’époque dirigé par Jean Ngunz-A-Karl-l-Bond décida, de manière unilatérale, la suspension des travaux. On peut rappeler que ce grand forum de l’espoir poursuivait trois objectifs, à savoir: faire la relecture de l’histoire du pays, baliser le chemin pour la troisième République et réaliser la réconciliation nationale.
 
Hier dimanche 16février2014, le comité laïc de coordination a programmé une série de manifestations pour se remémorer cette date historique et surtout saluer la mémoire des victimes tombées sous les balles de la répression violente du régime dictatorial de feu Maréchal Mobutu.
 
Sur la liste de manifestations : une messe d’action de grâce annulée à la dernière minute par l’autorité urbaine. Les membres du comité laïc de coordination ignorent des mobiles à la base de l’annulation de la célébration eucharistique, ils se sont contentés néanmoins de l’organisation d’une journée de réflexion à laquelle le public a été convié hier dimanche 16février dans la salle paroissiale de l’Eglise Notre Dame de Fatima.’
Trois animateurs étaient à la tribune, l’Abbé Richard Mugaruka et son collègue l’Abbé José Mpundu et le professeur Thierry Nlandu.
 
Le premier intervenant, l’Abbé Richard Mugaruka exprimé “ un profond regret” après l’annulation de la cérémonie eucharistique en rapport avec la date du 16 février 1992. N’en pouvant rien, le serviteur de Dieu a tenu à rappeler le bien fondé de l’eucharistie grâce à laquelle les croyants deviennent ce qu’ils reçoivent. Si les croyants peuvent recevoir le corps livré et le sang versé de Jésus, nous devons alors rayonner de cet amour. Comme dans une homélie, l’Abbé a souligné la valeur de la charité. Certes, il faut aider les pauvres, mais ce qui importe plus est de savoir pourquoi les pauvres se retrouvent dans cet état.
 
Le professeur N’landu croit fermement que la marche du 16 février fût une réussite. Le résultat escompté ayant été obtenu. Très heureux de constater que plus de 3 millions de personnes avaient été mobilisées. Aujourd’hui encore, le peuple dispose des mêmes capacités. Pour preuve, il gagne des victoires, si petites soient elles. Exemple : la mobilisation des chauffeurs des taxis et taxis bus qui met à chaque fois le gouvernement à genoux. Si aujourd’hui le peuple se retranche dans un mutisme, il s’agit pour le moins d’un silence plutôt moqueur. Le peuple se moque de ceux qui dirigent. Convaincu dès lors que le gouvernement n’existe pas, le peuple s’est pris en charge à travers des mutuelles pour payer les enseignants ou s’assurer des soins médicaux etc. Et quand il se manifeste au grand jour, la violence s’en suit. Le gouvernement trouve en même temps des occasions pour bien réprimer.
 
Et dorénavant, le peuple a peur du sang versé et des coups de fusils. D’où la résignation à s’engager dans la voie des manifestations publiques. Il peut toutefois recourir à d’autres stratégies telles que les grèves collectives ou le boycott, etc.
 
Dernier à s’exprimer, l’Abbé Mpundu, dans sa verve oratoire habituelle, a estimé que les martyrs du 16 février 1992 ne sont pas tombés pour rien. Pour preuve, la réouverture de la CNS avait consacré la victoire du peuple congolais. Cette victoire, pense-t-il, était attribuée à trois principaux facteurs, à savoir la prise de conscience collective et critique de la situation. Le peuple congolais est passé du ”Je” individuel à “Nous” collectif pour autant que les causes exogènes n’opèrent que lorsqu’elles ont rencontré les causes endogènes.
 
Deuxième facteur, la peur a changé de camps. La répression des manifestations traduit l’expression de la peur de la part des oppresseurs qui ont peur de la vérité à même de les remettre en cause.
 
Enfin, le leadership de base. Le comité laïc de coordination n’est pas un fait du hasard. C’est une force qui a su mettre catholiques, protestants, Kimbanguistes, musulmans... ensemble. Le pouvoir avait tremblé au point de recourir aux armes face aux manifestants à main nue. Aujourd’hui encore, les mêmes causes peuvent engendrer les mêmes effets.
 
Dans une lettre des martyrs du 16 février 1992 au peuple congolais intitulé” Ensemble, prenons notre destin commun en main ‘, il est écrit : “ Ensemble, sans distinction de tribus ni d’autres clivages, prenons notre destin commun en main et continuons notre lutte de libération sans relâche ».
G.O.

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