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Kasai Direct
20 septembre 2013

L'éducation des filles est un moteur du changement mondial

 

Pauline Rose
Pauline Rose est directrice du Rapport mondial de suivi sur l'éducation pour tous publié par l'Unesco.

Autonomiser les filles et les jeunes femmes n'est pas seulement l'un des plus grands défis moraux de notre génération, c'est aussi une nécessité pragmatique. Tant que nous n'aurons pas remédié aux racines des inégalités entre filles et garçons, notamment en donnant accès aux filles -sur un pied d'égalité- à une éducation de qualité, le monde continuera de passer à côté des énormes opportunités de changement et de croissance offertes par l'éducation des filles et des femmes.

Prenons l'exemple de Mariam Khalique, une enseignante du Pakistan qui a utilisé l'éducation pour favoriser la confiance en soi au sein de sa classe de filles et lui donner la capacité de défendre ses libertés. L'une de ses élèves était Malala Yousafzai, la jeune activiste et défenseur de l'éducation des filles, témoin vivant du pouvoir transformateur d'une scolarisation de qualité.

Cette semaine, alors que les dirigeants du monde s'apprêtent à se rendre à New York pour l'ouverture de l'Assemblée générale des Nations Unies, l'équipe du Rapport mondial de suivi a publié de nouvelles observations démontrant que l'éducation joue un rôle fondamental en donnant aux filles et aux femmes la liberté de prendre des décisions améliorant leurs vies.

Les mariages d'enfants concernent une fille sur huit en Afrique subsaharienne et en Asie du Sud et de l'Ouest. Une fille sur sept donne naissance à un enfant dès l'âge de 17 ans. L'éducation peut donner la parole à ces filles et leur permettre de s'exprimer sur leurs choix de vie. Notre nouvelle analyse démontre que si toutes les filles bénéficiaient d'une éducation primaire, il y aurait une diminution de 14% des mariages d'enfants, et que si toutes les filles suivaient des études secondaires, il y aurait une diminution de 64% des filles soumises au mariage à un âge où elles devraient encore être à l'école.

L'éducation aide également les filles et les jeunes femmes à résister aux contraintes sociales injustes et accablantes régissant ce qu'elles peuvent faire ou ne pas faire. Au Pakistan, par exemple, seulement 30% des femmes qui n'ont pas été éduquées estiment qu'elles ont leur mot à dire sur le nombre d'enfants qu'elles auront. Cette proportion grimpe à 63% parmi les femmes qui ont suivi un premier cycle du secondaire.

En termes pragmatiques, également, améliorer l'alphabétisation des filles et des jeunes femmes procure d'énormes avantages économiques. Tant que le nombre de filles scolarisées ne sera pas égal à celui des garçons, il y aura toujours beaucoup plus de femmes que d'hommes analphabètes, et beaucoup moins de femmes occupant des emplois stables et bien payés.

Lorsque les dirigeants du monde se réunissent à New York pour tenter de déterminer pour quelles raisons les objectifs du Millénaire pour le développement demeurent hors d'atteinte, ils doivent se focaliser sur la formidable capacité de l'éducation à transformer la vie des gens.

Notre analyse apporte la preuve que les filles éduquées sont nettement plus susceptibles d'être en mesure de protéger leurs enfants contre les maladies évitables, et d'éviter la malnutrition pendant les premières années de leurs enfants. Au moins 12 millions d'enfants - soit un quart du nombre total d'enfants actuellement affectés par ce problème - pourraient échapper à la malnutrition si toutes les mères des pays pauvres bénéficiaient d'une éducation secondaire. La malnutrition n'est donc pas uniquement une question d'alimentation, mais aussi de scolarisation, et de compétences de base en lecture, écriture et calcul.

De même que l'autonomisation des filles grâce à l'éducation fait partie intégrante de la solution à apporter à la malnutrition des enfants, aux maladies et à la mortalité, l'éducation joue également un rôle crucial en permettant aux femmes de choisir combien d'enfants elles veulent avoir et d'espacer les naissances. Offrir aux filles non éduquées d'Afrique subsaharienne une éducation secondaire, par exemple, permettrait de faire passer le nombre de naissances par mère de près de sept à quatre.

Offrir aux filles une éducation de qualité leur permet également de devenir suffisamment confiantes en elles-mêmes pour s'attaquer de manière résolue à ceux qui sont au pouvoir et mettre un terme aux profondes inégalités qui existent encore dans le monde entier et dont souffrent les filles et les femmes.

L'inégalité des sexes dans l'éducation fait rarement la une des journaux. Cependant, les preuves rassemblées par l'équipe du Rapport mondial de suivi démontrent clairement que lorsque ces inégalités sont éliminées, les filles et les jeunes femmes éduquées continuent d'améliorer leurs propres perspectives ainsi que celles de leurs familles et de leurs communautés.

Alors que s'approche l'échéance des objectifs du Millénaire pour le développement et des objectifs de l'Éducation pour tous, et que nombre d'entre eux sont loin d'avoir été atteints, les dirigeants du monde doivent se souvenir de cette simple vérité: l'éducation transforme les vies.

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