Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kasai Direct
15 février 2013

Six mois de prison pour un journaliste qui avait enquêté dans un hôpital chinois à Kinshasa

Colette Braeckman

Après avoir enquête sur les pratiques d’un entrepreneur chinois, un journaliste kinois est condamné à six mois de prison ferme

« Le pays veut une presse d’investigation… Nous l’avons fait. Le pays nous demande de résister à la corruption. Nous l’avons fait. Et nous sommes martyrisés pour avoir fait notre travail… »Du fond de la prison de Makala, à Kinshasa, où il a entamé une grève de la faim, le journaliste Joachim Diana Gikupa interpelle ses confrères dans un message qu’il a réussi à faire parvenir à l’extérieur. Ancien éditorialiste du quotidien « l’Avenir », collaborateur de DigitalCongo, ce journaliste connu et réputé travaillait depuis 2011 dans un journal indépendant, « la Colombe ». Il vient d’être condamné à six mois de prison ferme par le tribunal de paix de la Gombe pour « diffamation et imputations dommageables ». Son crime ? Avoir mené, durant des mois, une enquête approfondie sur le fonctionnement d’un hôpital situé à la 1ere rue dans le quartier Limete et appartenant à un ressortissant chinois, Tian Sheng.
Interrogeant de nombreuses accouchées, mais aussi des agents et des cadres de l’hôpital, le journaliste avait fini par conclure que l’usage de la perfusion était systématique et probablement abusif, ainsi que la pratique de la césarienne et que le département gynécologie devait satisfaire à un « contrat de performance » et multiplier le nombre d’accouchements. D’après l’enquête de Joaquim Diana, l’usage de solutés était systématiquement encouragé, afin d’écouler lesdits produits, fabriqués par le même hôpital. Poursuivant ses investigations, le journaliste découvre un conflit foncier et il apprend la fuite d’une ressortissante chinoise, employée de Tian Sheng. Cette dernière révèle à la police des étrangers qu’à son arrivée son passeport a été confisqué et que comme d’autres agents chinois, elle est pratiquement séquestrée !
Les premières révélations de Joachim Diana provoquent la colère de Tian Sheng, qui envoie quatre personnes au siège de la rédaction et essaient de faire écrire, sous leur dictée, un autre article. N’ayant pas obtenu gain de cause, la délégation exigera que les sources de l’article soient révélées. Convoqué au tribunal, le journaliste produit des preuves matérielles, des témoignages, la liste des agents travaillant dans l’hôpital chinois mais rien n’y fera : il sera condamné à six mois de prison ferme.
Défendant son confrère, le quotidien Le Potentiel assure que Joachim Dianan a été expédié en prison « pour s’être octroyé la liberté de dénoncer l’empoisonnement de Congolais par ce sujet chinois. » Et le journal conclut que, puisqu’il s’agît en définitive de la santé des Congolais, « le tribunal aurait mieux fait d’enquêter, de prendre des mesures conservatoires… »

Publicité
Commentaires
Kasai Direct
Publicité

Enigme du kasai 30

A lire absolument

publicité 14

Présentation du livre Les contes du Congo

 

A lire
Derniers commentaires
Archives
Publicité