Concertations nationales : l'opposition pose ses conditions

Le plan Kamerhe propose le choix d'une capitale africaine proche de Kinshasa pour abriter ces retrouvailles dont la médiation doit être confiée à une personnalité africaine neutre.

L'heure est aux préparatifs des concertations nationales envisagées par le chef de l'État, Joseph Kabila Kabange. Dans les rangs de l'opposition, la question est prise très au sérieux au nom de l'intérêt supérieur de la Nation, et les contacts internes convergent sur plusieurs aspects dont le lieu desdites consultations et l'importance d'une médiation ou facilitation neutre à l'occurrence africaine. Cette branche de la classe politique congolaise va plus loin en proposant notamment le nombre des participants et la durée du prochain dialogue qu'elle veut différente des assises de Sun City et de la Conférence nationale souveraine.

Des consultations entre plusieurs leaders de l'opposition et des déclarations politiques des plates-formes de la même famille politique, il ressort le refus total d'un dialogue autour du chef de l'État. Ainsi, selon le plan Kamerhe, le gouvernement, l'opposition politique, la société civile, les groupes armés signataires de l'accord du 23 mars 2009 prendront part aux concertations comme composantes, c'est-à-dire sur un même pied d'égalité. Comme entités, précise ce plan, « les participants sont les autres groupes armés du Katanga, de la province orientale, du Nord-Kivu, du Sud-Kivu et du Maniema non signataires de l'Accord du 23 mars 2009, les Inyele (4.000 déplacés dans la Likwala au Congo-Brazzaville), les Bundu dia Kongo, ex-FAZ, les ex-MLC et la diaspora congolaise ».

Dans ce format, un total de 250 personnes devraient prendre part aux prochaines assises avec comme objectif global la récréation de la cohésion nationale, la mise hors d'état de nuire des groupes armés et la fin de la guerre. Les objectifs spécifiques consisteront à créer les conditions idéales pour la poursuite du processus électoral inachevé, notamment par la tenue des élections provinciales, sénatoriales, municipales et urbaines ainsi que la mise en place de la petite territoriale; en la promotion de la bonne gouvernance et au renforcement de la légitimité des institutions. « Il faut par ailleurs revenir à l'ordre constitutionnel originel du 18 février 2006 que notre peuple a massivement et librement choisi lors du référendum de 2005 », relève le plan Kamerhe.

Résultats attendus

Par rapport au lieu du dialogue, l'opposition et la société civile font part de leurs inquiétudes quant à la sécurité des participants et au risque de voir ces assises inféodées par le pouvoir en place. En lieu et place de la capitale congolaise, ils proposent le choix d'une capitale africaine proche de Kinshasa. La plate-forme Coalition des patriotes pour la République qui partage ce point de vue souhaite cependant que les capitales des pays impliqués dans la déstabilisation de la RDC ne soient pas retenues pour abriter les concertations congolaises. François-Xavier Beltchika qui préside aux destinées de cette nouvelle plate-forme ne cesse d'insister sur l'importance d'un dialogue inclusif, gage du succès de l'initiative du président Joseph Kabila et l'urgence de la convocation des états-généraux de l'opposition.

Parmi les résultats entendus du prochain dialogue, il y a l'engagement particulier du chef de l'État à ne jamais modifier la Constitution pour s'arroger un autre mandat. Selon le plan Kamerhe, cela constituerait, par ailleurs, une violation flagrante de la Constitution. Le renforcement des institutions légitimes et l'engagement de tous les acteurs (opposition politique, pouvoir en place et société civile, groupes armés) d'œuvrer en respectant la Constitution et les autres lois de la République, sont notamment attendus par l'opposition politique congolaise comme résultats du prochain dialogue. « Si la bonne foi des acteurs est établie, une semaine des travaux préparatoires et deux semaines des travaux proprement dits suffisent », a précisé le plan Kamerhe.

Jules Tambwe Itagali