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Kasai Direct
4 novembre 2012

L'effet Matadi-Kisangani secoue Kande à Kananga



Une nouvelle ère commence au sein de la MP -Majorité présidentielle- une autre se referme. Celle qui touche à sa fin avait connu le magistère implacable d'un homme donné pour le tout-puissant, Augustin Katumba Mwanke et était caractérisée par un système de caporalisation. En fait, un diktat fondé sur la fétichisation de l'autorité morale face aux autres sociétaires réduits à la plus simple expression d'exécutant. Procoki, l'ex-siège du gouvernement parallèle, en était trône, la partie émergée d'une machine diabolique à instrumentaliser les institutions jusqu'à en faire des simples ornements d'un décor pseudo-démocratique. Katumba mort, le système a tenté de survivre sans lui. Avec de nouveaux animateurs comme Aubin Minaku qui a glacé les députés nationaux kabilistes, lors d'une réunion, au siège de la MP, au début de la législature, en leur disant qu'il arrivera qu'ils soient obligés de prendre des décisions contre leurs consciences et qu'il ne faisait que les préparer à l'ignominieuse épreuve. Depuis 72 heures, tout s'est écroulé. Tout, c'est un peu exagéré mais en tout cas le socle qui a lontemps voulu que la volonté de Joseph Kabila passe pour un oracle, une injonction à mettre en application sans discuter, même lorsqu'une majorité évidente pense le contraire. Adieu donc le règne du fameux «mot d'ordre» qui a longtemps fait caricaturer le camp présidentiel sous le vocable de «majorité mécanique».

Au Bas-Congo comme en Province Orientale, le «Raïs» avait son candidat gouverneur, Déo Nkusu ici et Jean-Pierre Daruwezi là-bas. Il avait fait le déplacement lui-même pour que pas un seul député provincial ne doute un seul instant sur qui des concurrents avait la bénédiction du chef prendre les rennes de la province. Les députés provinciaux l'ont entendu religieusement et le jour du scrutin, la majorité à Matadi comme Kisangani a voté pour le candidat de son propre choix. L'oracle n'a pas été suivi. L'onde de choc de cet affront infligé à Joseph Kabila s'est ressenti jusqu'à Kanaga où l'élection d'un nouveau gouverneur est attendu, en décembre prochain, en remplacement de Kabasu Babo, évincé, il y a plusieurs semaines. Parmi ceux qui s'en sont sentis le plus concernés, il y a le baron Alex Kande Mumpopa. Cet homme d'affaires qui brasse des millions de dollars n'a pas d'égal lorsque les Kanangais parlent de l'homme le plus populaire de leur ville et des alentours. Du fait du rapprochement de son mentor, François Muamba Tshishimbi avec le régime -ce que Muamba lui-même dément sans trop convaincre avec le débauchage de Jean-Pierre Tshimanga pour le poste de rapporteur adjoint de l'Assemblée- du fait donc de ce flirt, Kande est pris, depuis un certain temps, pour le candidat idéal de la majorité.

Des sources avaient même fait état d'une offre expresse de la part de Kabila à l'ancien député MLC qui s'est fait élire en 2011 sous les couleurs de son propre parti, CACC, membre à part entière de la coalition muambiste ADR. «Si le Président de la République nous donne le poste, nous prendrons», nous affirmait, il y a peu, un proche de Kande. Avec le séisme matadien et boyomais, le discours a changé dans l'entourage de Kande. Ses proches craignent désormais que les deux exemples fassent tâche d'huile à Kananga. Au quel cas, Kande risque d'aller dilapider tout son crédit pour rien. «Imaginez Alex Kande candidat et que ses adversaires le présentent comme le candidat de Joseph Kabila dans une province notoirement anti-régime», s'est interrogé un proche de Kande qui a déjà déposé sa candidature à Kananga comme indépendant. Au delà de cette inquiétude, il y a la perplexité chez Kande qui a dû se demander qu'est-ce qui est mieux, s'exposer à un risque majeur de concourir sans beaucoup de chance comme protégé du Chef de l'Etat ou conserver intact ses ressorts pour une tentative à l'issue de prochaines élections législatives provinciales. Un dilemme cornélien auquel d'autres comme Adam Bombole ont apporté la plus mauvaise réponse pour se retrouver aujourd'hui dans l'anonymat total après avoir espéré, jusqu'à la dernière minute, de Kabila le poste de ministre des Sports dans le gouvernement Matata. L'élection du gouverneur à Kananga repose sur un invariant sociologique, c'est toujours un Lulua, l'ethnique majoritaire dans le Kasaï Occidental qui l'emporte. Le sénateur Aimé Sessanga, père de Delly Sessanga, avait tenté de démentir cette tradition lors du dernier vote de gouverneur mais il fût battu avec un écart de trois voix par Kabasu Babo dans une assemblée de 54 sièges. Fort probable qu'il se représente une nouvelle fois. Certaines sources affirment qu'il y travaille déjà. Un autre candidat à prendre, Daniel Mbayi qui s'est fait un nom à la tête de la Commission économico-financière de l'Assemblée provinciale du Kasaï Occidental. Symphorien Bakafwa Nsenda, ancien vice-Premier ministre chargé de la reconstruction sous Muzito, s'est aussi lancé dans la course. Il a pour colistier Serge Mabi, ancien député provincial de la ville de Kinshasa et ancien directeur de cabinet de Kabasu Babo. Il est très proche d'Evariste Boshab dont il est le beau-frère. La seule femme de la compétition est Mamy Ngalula, l'épouse de l'ancien officier d'ordonnance de Joseph Kabila, le Colonel Augustin Mamba. Elle venait de perdre aux législatives dans la circonscription de Demba.

PAUL MULAND

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