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Kasai Direct
23 août 2012

Voici ce que Vital Kamerhe, Thomas Luhaka, Remy Massamba et Didier Reynders se sont dit concernant la situation de crise en RDC.

GEOPOLIS hebdo

La visite du vice-premier ministre belge ne pouvait s’achever sans qu’il formule le désir de rencontrer les leaders de l’opposition, et ses services se sont mis en quête d’organiser ce rendez-vous. C’est ainsi que ce mardi, avons-nous appris, une réunion fut organisée par le service de l’Ambassade de Belgique, réunion à laquelle ont participé le Président de l’UNC Vital KAMERHE, arrivé troisième à la présidentielle de 2011, le secrétaire général du MLC Thomas Luhaka et l’ancien secrétaire général de l’UDPS l’Honorable Remy Massamba. Ces trois hommes politiques ont donc eu une séance de travail avec le ministre belge dans un climat de responsabilité mutuelle, nous a-t-on déclaré par les services même de l’homme d’Etat belge.

Après recoupement des informations recueillies auprès des uns et des autres, il nous est possible de restituer l’essentiel de ces échanges qui furent fructueux pour les deux partis en présence. C’est ainsi que nous avons appris que Didier REYNDERS qui doit avoir eu le temps de se pénétrer du dossier congolais, allusion faite ici à ses déboires avec la diaspora congolaise en Belgique et l’opposition au parlement avec le jeune député Laurent Louis, a adopté une posture objective et responsable devant les trois opposants. Il s’est exprimé autour de deux points importants pour lui à savoir le climat politique en RDC et la guerre à l’Est.

Dialogue opposition et majorité

S’agissant de l’aspect politique de son argumentaire, le vice premier ministre a souhaité voir s’instaurer très rapidement un dialogue entre l’opposition et la majorité, seule cadre capable de se hisser au niveau républicain pour la gestion des questions graves comme celle de la guerre. Il formule le vœu de voir designer rapidement un porte-parole pour l’opposition. Toujours sur le plan politique, il a souhaité la poursuite du processus électoral par une reforme de la Ceni en vue d’éviter les dérapages constatés au dernier scrutin. Pour le diplomate belge, il est souhaitable que la majorité et l’opposition se mettent d’accord pour une date des prochains scrutins et la Belgique son pays est prête à donner une contribution pour ce faire. Pour lui, il convient de renforcer la légitimité des institutions par un débat entre l’opposition et la majorité. Avant ce débat, l'opposition qui peine à parler d'une seule voix devra désigner son porte-parole. Il formule ainsi le souhait amical de voir la fameuse plénière de l’opposition être convoquée à la rentrée et que cette question soit vidée. Mais usant de son franc-parler,  le vice-premier ministre a aussi fustigé l’attitude de l’opposition qui ne brille pas par une restructuration cohérente et responsable de manière à jouer le rôle constitutionnel qui est le sien ; en ayant un porte-parole qui soit la voix de l’alternance.

Quant à la guerre à l’Est, il a réaffirmé la position de la Belgique qui est celle de mettre fin à cette tragédie. C’est dans ce cadre là qu’il a situé les pressions exercées sur le président Paul Kagame pour qu’il cesse son soutien au M23. Mais il a aussi avoué ne pas avoir oublié qu’il y a dans cette optique des choses à accomplir en interne pour conjurer ce sort notamment par l’adoption par l’armée congolaise des standards internationaux qui vont lui permettre rapidement de monter en puissance et de sécuriser non seulement les frontières, mais les personnes et leurs biens à l’intérieur du pays. Didier Reynders a sans doute pensé aux différents bataillons formés par la Belgique dont les échos de la bravoure sur terrain lui sont parvenus à Bruxelles. Poursuivant sa quête avec les opposants, il a aussi déclaré qu’il est essentiel que les efforts ne se focalisent pas seulement sur le M23 et qu’une fois pour toutes, des précautions soient prises pour rencontrer l’ensemble des groupes armés qui pullulent à l’Est de manière à obtenir leur disparition définitive. Ayant promis que la vision ainsi déroulée sera transmise au chef de l’Etat, le chef de la diplomatie belge était donc prêt à écouter les opposants congolais. Et ceux-ci ne se sont pas privés de donner leur point de vue respectif.

Démocratie sans démocrates

Prenant à cœur leur rôle d’opposant, ils ont décrit la réalité en fonction de leur angle de perception et de leur sensibilité particulière. Thomas Luhaka a fustigé le retard pris par la démocratie en RDC et a résumé sa pensée en disant que la RDC est un pays démocratique avec des animateurs sans esprit démocratique. Pour preuve, il prend l’exemple du fonctionnement de l’Assemblée Nationale où la majorité mécanique est au service non des intérêts de la Nation, mais défend mordicus la vision d’un camp même si l’intérêt supérieur est en jeu. Il a aussi cité en exemple le fonctionnement de la justice qui, au niveau de la Cour suprême, ne finit pas de prolonger le contentieux électoral avec des intentions avouées de grossir le nombre d’une certaine majorité. Thomas Luhaka regrette  que le chef de l’Etat qui est un élu se comporte comme s’il avait eu le pouvoir par un coup d’Etat, sinon comment expliquer qu’il n’a jamais reçu son opposition avec laquelle se tisse la structure politique ? Une fois élu, il doit être le président des tous. Quant à la guerre à l’Est, le secrétaire général du MLC a situé les responsabilités à trois niveaux, à savoir le Rwanda comme pays instigateur et agresseur, le M23 comme l’instrument de la malfaisance et le Gouvernement congolais dont la gestion de la crise a prêté à confusion. C’est ainsi que pour lui, trois axes sont à privilégier, à savoir un débat national, une restructuration en profondeur sur le plan militaire, et une diplomatie axée sur le résultat et non sur l’autosatisfaction. Remy Massamba quant à lui a confirmé la nécessité de ce débat national et a préconisé qu’un effort permanent et soutenu soit réalisé pour réussir la cohésion nationale. Ceci n’est possible que si le pouvoir cesse de traquer les opposants comme des ennemis et se mette à l’écoute du peuple qui ne demande que le développement dans la paix.

Le plan Kamerhe

Il faut reconnaitre que la question de l’Est a par le passé permis à Vital Kamerhe de démontrer non seulement sa grande sensibilité à cette situation, mais surtout il a eu à travailler à plusieurs plans de paix depuis 1998 jusqu’à la Conférence de Goma organisée en 2008. C’est tout naturellement que son expertise en cette matière a fait l’objet d’une oreille attentive de la part de Didier Reynders qui a écouté la vision de cet homme et d’approcher le plan qu’il propose pour la sortie de crise.

Déjà en 2009, alors qu’il était président de l’Assemblée nationale il avait concocté un plan de sortie de crise lors de la crise avec le CNDP. C’est donc un homme averti qui a parlé au belge en lui décrivant d’abord la situation générale qui n’est plus un mystère et qui est caractérisée par une récurrence de la guerre dont le bilan à ce jour dépasse les 8 millions des morts, et ne prenant en compte que la guerre du M23, elle a produit déjà plus de 200.000 déplacés internes qui sont à la merci de toutes les intempéries. Dans un contexte sécuritaire volatile, où des personnes sont ravagées par non seulement la guerre, mais aussi les atrocités tendant à briser leur dignité, il ne faut pas se cacher derrière des prétextes a-t-il dit pour éviter de porter secours. C’est ainsi qu’il a proposé son plan qu’il entend expliquer à tous pour un enrichissement éventuel, de manière à créer une comme perception des enjeux et des actions à mener. Pour Kamerhe il faut éviter de rééditer l’expérience de 1998 où la guerre enclenchée par le RCD a couté très chère au pays par la mort même du chef de l’Etat. Pour l’ex candidat à la présidentielle il est souhaitable de chercher les conditions de la paix non seulement en RDC, mais aussi dans la sous région des grands lacs. Car si la paix est obtenue au prix d’une guerre ailleurs le pays va s’enfermer dans un cycle sans fin. C’est ainsi qu’il propose l’usage du dialogue à tous les niveaux pour imaginer les stratégies intelligentes qui rencontreront les aspects économiques du conflit, diplomatiques, politiques et culturelles. La RDC a neuf voisins, il est possible selon le plan Kamerhe de stabiliser les rapports avec tous ces voisins sans mettre en péril la marche vers le développement. Le plan prévoit un cessez le feu et la mise en place d’une force du genre Artemis qui sera composée des africains. Il est souhaitable a déclaré l’homme de Walungu qu’un plan de développement de cette sous région soit pris en chantier pour embrasser l’ensemble des domaines nécessaires à l’émergence de l’économie.

Pour Vital Kamerhe et ses collègues de l’opposition, l’avènement d’un leadership responsable est souhaité et la poursuite de la vie politique en RDC avec l’implication de tous dépend de certaines actions préalables comme la désignation du porte-parole de l’opposition, la restructuration de la CENI, la désignation des membres du CSAC selon des critères professionnels et non partisans, la mise en place d’un commissariat de suivi du processus de paix, la mise en place de la Cour Constitutionnel, etc. Pour le président de l’UNC, face au danger qui pèse sur la Nation l’opposition est prête à jouer son rôle et à renforcer ainsi la cohésion nationale, mais elle ne peut le faire que face à un pouvoir qui respecte ses droits et qui ne s’immisce pas de manière permanente dans la gestion de celle-ci. Il faut éviter de banaliser la question de l’Est comme certains ont tenté de le faire.

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