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Kasai Direct
21 juillet 2012

Le M23 contrôle un espace à la taille du Rwanda

Le Potentiel

Les élus du Nord-Kivu, lèvent le ton, décèlent les causes du piétinement du commandement opérationnel et font des révélations. Un flou enveloppe la gestion de la logistique et des fonds destinés aux brigades au front. Quant à la force internationale neutre, elle ne serait pas la bienvenue, l’histoire récente servant de jurisprudence. Le drame de l’Est, concluent-ils, c’est ce positionnement du M23 qui contrôle jusqu’à ce jour un espace dont la taille est équivalente au territoire rwandais.

Lue par le doyen Konde Vila Kikanda, la déclaration des députés du Nord-Kivu lève plusieurs coins de voile sur la situation militaire dans l’Est de la République démocratique du Congo. Les causes des contre-performances et des défections enregistrées tout comme la situation humanitaire sont révélées avec précision.

En contact permanent avec les populations soumises aux affres de la guerre, les élus de la province du Nord-Kivu «constatent que la situation sécuritaire actuelle au Nord-Kivu est préoccupante, critique et dramatique, surtout après la prise des localités de Jomba et Bunagana ainsi que des cités de Rutshuru, Kiwanja et Rumagabo par des rebelles du M23».

Et, cerise sur le gâteau : «A ce jour, l’espace sous opérations militaires est aussi grand que le Rwanda». Révélation choquante qui atteste que le projet de balkanisation du Congo est bel et bien en marche et que ses initiateurs ne veulent pas lâcher prise. La marche du M23 est, on n’en peut plus douter, une humiliation de la RDC qui porte la signature du Rwanda. Et derrière ce pays, toutes les multinationales qui semblent déterminées à garder la mainmise sur les ressources naturelles de la RDC.

Il est évident que les lignes se dessinent peu à peu, mieux elles se détachent comme de la craie blanche sur un tableau noir. Dans les jours qui viennent, il n’est pas surprenant que Kinshasa soit obligé d’accepter le M23 comme interlocuteur et de négocier avec lui. Cela parce que ce mouvement rebelle aura réussi à se positionner confortablement sur le terrain. Alors que, il n’a jamais été fait pareille obligation à Kigali concernant les FDLR.

Les révélations que font les députés du Nord-Kivu montrent que la situation va de mal en pis : «Walikale et Ndjingala sont passées entre les mains de Raiha Mutomboki, faute de moyens humains et logistiques nécessaires». Ils notent que «des défections dans les rangs des FARDC ont précédé cette dégradation de la situation sécuritaire». Selon eux, le gouvernement devait prendre davantage des mesures préventives pour éviter pareilles situations à l’avenir, soutenant que «plusieurs officiers ont rejoint et continuent à rejoindre les rangs du M23».

Sans ambages, ces derniers affirment : «Les rebelles du M23 bénéficient clairement de l’appui du Rwanda et probablement d’autres pays voisins qui n’ont exprimé aucune alerte à l’entrée du M23 à Bunagana». De révélation en révélation, le public est informé de ce qui se trame sur le terrain des opérations : «Les militaires des FARDC ont manqué de renforts nécessaires à Bunagana avant que cette localité, important poste douanier à la frontière avec l’Uganda, ne passe entre les mains du M23».

Cette évolution en dents de scie au front poussent les élus du Nord-Kivu à déplorer «une gestion insuffisante financière et humaine de brigades sur le terrain et particulièrement celles engagées dans les opérations militaires en cours à l’Est de la République démocratique du Congo».

Quant aux agents causaux de cette insécurité, les élus les égrènent : «Plusieurs groupes armés tant étrangers que locaux écument actuellement la province du Nord-Kivu et sèment la désolation dans la population ; tel est le cas des FDLR dans les territoires de Walikale, Masisi, Lubero et Rusthuru ; des ADF/Nalu dans le territoire de Beni ; des Maï-Maï de Kakule Sikuli alias La Fontaine dans les territoires de Lubero et Beni, du M23, des Maï-Maï PCLS de Janvier Karani, des Maï-Maï NDC de Ntabo Ntaberi Sheka, des Maï-Maï FDC, des Maï-Maï Raiha Mutomboki».

FORTE OPPOSITION A LA FORCE INTERNATIONALE NEUTRE

L’envoi d’une force internationale neutre aux frontières RDC-Rwanda n’enchante pas les élus du Nord-Kivu. D’expérience, estiment-ils, la mise en place des opérations militaires de cette envergure ne se fait pas toujours de manière aisée. Il se pose des difficultés de mise en place. L’éradication du M23, des FDLR ainsi que de toutes les forces négatives opérant dans cette partie du pays visée par la mise en service de cette force neutre risque de n’être que poursuite du vent.

Ils en font mention dans leur document : «L’expérience de gestion des conflits en Afrique démontre que la constitution d’une force neutre ou pas, se butte généralement, si pas toujours, aux problèmes de définition juridique du mandat, de mobilisation des hommes et des moyens aussi bien financiers que logistiques, au point que le temps de mise en place d’une telle force ne sera pas compatible à l’urgence et à la gravité que requiert la situation».

L’exemple de la Monusco est illustratif de l’inefficacité des forces internationales. Alors qu’elle ne cesse de chanter à tout vent qu’elle a pour mission de protection des civils, le porte-parole militaire ai de la Monusco a mis à nu l’inutilité de sa mission en RDC. Au cours du point de presse hebdomadaire de mercredi 18 juillet 2012, le commandant DeLacoste a déclaré, en réponse à la préoccupation des chevaliers de la plume sur la progression du M23 sur le terrain : «La protection des localités ne revient pas à la Monusco. Elle relève des FARDC». Il s’est évertué à vouloir faire admettre qu’il existerait une différence entre la protection des populations civiles et celle des localités.

Or, notre expert onusien semble oublier que la Monusco a empêché le M23 de rentrer dans la ville de Goma. Et là encore, il s’est perdu dans des circonlocutions qui ne peuvent convaincre que des naïfs ou des incrédules. Prophète militaire, DeLacoste a balancé sa vision : «Notre mission est de protéger des populations civiles. Le combat à Goma aura plus de sérieuses répercussions que dans des localités. Voilà nous protégeons». Point barre. De qui se moque-t-on ?

La Monusco voudrait faire avaler à l’opinion congolaise que seule la ville de Goma serait habitée par des populations civiles dignes d’être protégées et en revanche, toutes les localités du Nord-Kivu ne seraient que des forêts et des savanes qui ne méritent pas l’attention de la force onusienne. Tout est clair désormais et nous prenons acte.

Pour revenir à la déclaration des députés du Nord-Kivu, il en ressort que l’UA ne dispose pas de moyens financiers et logistiques suffisants pour concurrencer des forces telles que la Monusco. Sa capacité opérationnelle est limitée. Elle est sujette à caution au regard des réalités vécues sur d’autres champs des conflits. Ces relèvent que «Cette force neutre viendrait se superposer ou opérer sur le même espace opérationnel que la Monusco, alors que la taille gigantesque et le budget colossal de cette dernière, pour des résultats mitigés, continuent à susciter des interrogations au sein de nos populations sur sa neutralité et son efficacité».

N’ont-ils pas raison de se montrer septiques ? La composition et le commandement de cette force constituent, à eux seuls, des sujets de préoccupation. Les combattants des pays voisins de la RDC ont régulièrement opéré à l’intérieur des frontières congolaises sans toutefois mettre un terme aux forces négatives de la sous-région. De quoi dire que le vieux démon de l’exploitation illégale des ressources ne cessera pas de si tôt de prendre le dessus sur toutes les initiatives de paix.

L’autre point d’achoppement c’est le choix de Kampala pour discuter des modalités de déploiement de cette force. Le passé récent est douloureux pour les populations. «Le choix de Kampala, pour y discuter la constitution et la neutralité d’une force à déployer à l’Est de la RDC suscite d’interrogations dans le chef des populations du Nord-Kivu compte tenu de l’histoire récente marquée par l’agression de 1998 condamnée par ailleurs par la Cour internationale de justice», indiquent les élus du Nord-Kivu.

Avec le doute qui s’installe et l’accueil, plutôt froid réservé à la mise en place de cette force neutre, il y a lieu de ne pas accorder une longue vie à cette opération dont l’efficacité est une gageure. Les élus du Nord-Kivu en ont la certitude.

 

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