Guerre à l’Est de la RDC : Entretien téléphonique entre Ban Ki-Moon, Kabila et Kagame

Le Secrétaire général des Nations Unies appelle Kinshasa et Kigali au dialogue et se dit préoccupé par la gravité de la situation au Nord-Kivu avec les rebelles du M23 qui gagnent du terrain en s’approchant de Goma où les casques Bleus de la Monusco sont sur le qui-vive. Au cours d’un entretien téléphonique avec les Présidents du Rwanda et de la République démocratique du Congo (RDC), le Secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-Moon, a exprimé mercredi 11 juillet dernier son inquiétude devant les informations selon lesquelles le groupe rebelle armé M23, qui opère actuellement dans l’Est de la RDC, reçoit une aide extérieure.
« Le Secrétaire général s’est entretenu le mercredi avec le Président du Rwanda,
Paul Kagamé, et le Président de la RDC, Joseph Kabila, de la dégradation de la situation humanitaire et sécuritaire dans l’Est de la RDC et des moyens de résoudre la crise », a précisé le porte-parole de Ban Ki-Moon dans une note aux journalistes.
“Soulignant la nécessité de tout mettre en oeuvre pour empêcher la progression du M.23 et faire cesser les combats immédiatement, le Secrétaire général a exhorté les Présidents Kagamé et Kabila à ouvrir un dialogue pour désamorcer les tensions et mettre fin à la crise “, a-t-il ajouté.
Formé d’anciens soldats congolais qui se sont mutinés en avril dernier, le M23 est actuellement dirigé par le colonel Sulutani Makenga. Ce mouvement était dans un premier temps regroupé autour de Bosco Ntaganda, un général sous le coup d’un mandat d’arrêt international émis par la Cour pénale internationale (CPI), qui l’accuse de crimes de guerres pour avoir recruté et utilisé des enfants soldats dans des combats au Nord-est de la RDC entre 2002 et 2003.
La Mission de l’Organisation  des Nations Unies pour la stabilisation en RDC (MONUSCO) et le Bureau des Nations Unies pour la coordination des affaires humanitaires (OCHA) ont réitéré leur préoccupation devant la situation humanitaire et sécuritaire qui règne au Nord-Kivu et l’impact des affrontements armés sur la population civile.
La MONUSCO a renforcé sa présence dans la ville de Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, en déployant des vols de reconnaissance aérienne afin de suivre les déplacements du groupe M23.
Préoccupé par l’insécurité qui règne dans l’Est de la RDC où se poursuivent les combats entre l’armée congolaise et les rebelles, le Haut Commissaire aux droits de l’homme a appelé toutes les parties à prendre les mesures nécessaires pour assurer la protection de la population civile.
« Les dirigeants du M23 figurent par mi les auteurs de pires violations des droits de l’homme en RDC, et  même le monde”, a dénoncé Navi Pillay. “Beaucoup d’entre eux ont un passé consternant, marqué par des allégations de participation à des viols collectifs, à des massacres, au recrutement et à l’utilisation d’enfants.”, a-t-elle dit.
Tous les efforts doivent être déployés pour faire traduire en justice les dirigeants de ce groupe et les soldats placés sous leur commandement, pour les crimes et violations des droits de l’homme graves perpétrés dans le cadre de la présente mutinerie, mais aussi pour ceux dont ils se sont rendus coupables antérieurement “, a souligné Mme Pillay dans un communiqué de presse.
« Beaucoup d’entre eux pourraient être tenus pour responsables de crimes de guerre”, a-t-elle ajouté. “Il est à craindre qu’ils imposent davantage d’horreurs à la population civile en se prenant aux villages situés dans l’Est de la RDC. “Rien qu’au Nord-Kivu, les affrontements entre l’armée congolaise ont déjà provoqué la fuite d’environ 218.000 personnes depuis avril dernier.
Dans leurs revendications, les mutins exigent l’application des accords de paix signés le 23 mars 2009 entre les rebelles du CNDP et le gouvernement congolaise, qui prévoient notamment l’intégration des rebelles dans l’armée et la police et l’occupation des postes dans la fonction publique et les entreprises du portefeuille par des cadres civils issus du CNDP. Hier, le M.23 s’est doté d’une branche politique dirigée par un pasteur protestant, le révérend Rugenera.
GODE KALONJI MUKENDI