Vie des partis: l'affaire Jacquemin Shabani pollue l'atmosphère au sein de l'UDPS

La quasi-totalité des cadres de la formation politique menace de démissionner si jamais Étienne Tshisekedi ne renonçait pas aux poursuites judiciaires initiées contre l'ancien secrétaire général. Première force politique du pays à la lumière des résultats des scrutins du 28 novembre 2011, l'Union pour la démocratie et le progrès social (UDPS) traverse actuellement une zone de turbulence qui, si on n'y prend garde, risque de l'emporter. À la base de cette situation, une affaire de détournement de 300 000 dollars mis à la disposition du secrétaire général du parti qui auraient emprunté une destination inconnue. Une instruction judiciaire est en cours contre Jacquemin Shabani et son intendant sur qui pèsent de graves soupçons de détournement.

Cette affaire a vicié l'atmosphère au sein du parti depuis que ce dernier s'est mis en disgrâce vis-à-vis du président Étienne Tshisekedi qui ne s'est pas non plus empêché de le démettre de ses fonctions. « Je viens par la présente vous tenir informer que, suite au dossier judiciaire ouvert contre vous et consorts, et pour permettre à la justice de mener ses enquêtes, je me vois dans l'obligation de vous suspendre de vos fonctions jusqu'à l'établissement de la responsabilité », avait-il écrit au concerné dans une récente lettre. Me Bruno Mavungu Puati a été promu pour assumer l'intérim à ce poste et gérer au quotidien l'administration du parti.

Là où le bât blesse est que l'heureux promu interviendrait en troisième position selon l'ordre de préséance. Ce qui n'est pas de nature à plaire à ses deux supérieurs hiérarchiques qui, en toute logique, entendaient occuper ce poste qui leur revenait de plein droit.  Depuis lors, le climat au sein de l'UDPS s'est nettement dégradé à cause de l'ambiguïté entretenue par le président Étienne Tshisekedi lui-même qui développerait un double langage dans la gestion de ce dossier. D'après certaines indiscrétions, le Sphinx de Limete qui avait pourtant renoncé aux poursuites contre Jacquemin Shabani après de fortes pressions exercées sur lui par certains cadres du parti a dû se dédire par la suite. Alors qu'il avait instruit son avocat d'arrêter les poursuites en son nom, Étienne Tshisekedi a fini par céder au chantage des anti-Jacquemin Shabani en déclarant être disposé à faire amende honorable si jamais les accusations portées contre son ancien secrétaire général s'avéraient non fondées.

Plus que jamais, le leader de l'UDPS s'en remet à la justice congolaise, la même qu'il avait, il y a quelques temps, vilipendé en tournant en dérision l'indépendance de la Cour suprême de justice dans le traitement des contentieux électoraux. Entre-temps, les membres du parti proches de Jacquemin Shabani menacent de démissionner en bloc, par solidarité à ce dernier, si jamais Étienne Tshisekedi s'en tenait à sa décision. Affaire à suivre.

Alain Diasso