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Kasai Direct
9 janvier 2012

Lettre ouverte à l’Episcopat congolais

Vous connaitrez la vérité et la vérité vous rendra libres (Jn 8,33)
Lettre ouverte à l’Episcopat congolais
Excellences,
J’ai appris à travers le site de la CENCO la convocation de votre Assemblée extraordinaire ayant
come ordre du jour échanges sur le processus électoral en cours dans notre pays. Le sujet de votre
Assemblée m’incite à vous adresser cette lettre ouverte sur la question de la vérité qui me passionne
en ce moment. «Quid enim fortius desiderat anima quam veritatem?» Que désire l’homme plus
fortement que la vérité? demandait Saint Augustin. Dans sa conférence de presse du 4 décembre
2011 dans l’Eglise Sainte Anne, la CENCO déclarait que les Evêques exhortaient la CENI à
respecter et à publier impérativement la vérité des urnes. Dans le même esprit, son Eminence
Laurent Monsengwo, après avoir donné son point de vue dénonçant le fait que les résultats de
l’élection présidentielle publiés par la CENI n’étaient conformes ni à la vérité ni à la justice, a tenu
à préciser que notre peuple ne veut pas la guerre, notre peuple veut la vérité.
L’objectif de ma lettre ouverte, mon souci de la vérité, se précise ainsi:
1. vous rappeler qu’au delà des déclarations de bonnes intentions, la question de la vérité des
élections du 28 novembre dernier mérite d’être abordée froidement, sincèrement et
sereinement. Elle déterminera beaucoup l’avenir proche et lointain de notre destin comme
pays. L’avenir de la démocratie, de la paix et de la justice, de la réconciliation entre nous
comme peuple, de l’unité nationale et même de la foi chrétienne au Congo en dépend.
2. Un regard sans complaisance sur votre complicité à la culture de la tricherie et de la fraude
dans notre pays.
La vérité des élections du 28 novembre 2011
De la vérité des élections du 28 novembre dernier, voici mon témoignage et ma lecture.
J’ai participé personnellement et activement aux élections du 28 novembre dernier. J’ai rempli
loyalement mon devoir de citoyen de choisir librement nos dirigeants. J’ai accepté de passer toute
la nuit du 28 novembre, le matin du 29 novembre dans le bureau de vote comme témoin pour les
opérations de dépouillement et d’affichage des résultats. J’ai fait la ronde de plusieurs centres de
vote dans la ville de Mbujimayi pour observer les élections le matin et l’après midi du 28 novembre.
Ceci m’a permis de voir comment le peuple des pauvres s’était approprié le processus. Les centres,
les bureaux, les opérations de vote dans la ville de Mbujimayi ont été protégés par les jeunes
appelés communément enfants du marché. Ces enfants ont protégé jour et nuit les centres et les
bureaux de vote contre les assauts de la part des hommes en possession des bulletins déjà cochés
pour bourrer les urnes. La nuit du 28 novembre était pour ces enfants en marge de la société une
nuit des veilleurs. Sans se préoccuper de manger, ils ont veillé sur les claustras des écoles contre la
falsification des résultats dans les bureaux de vote jusqu’au petit matin. Quelle volonté de
changement! Quelle force d’âme! La bonne nouvelle des élections était pour ces marginalisés
comme l’annonce de la naissance de Jésus aux bergers. Pendant que j’écris ces lignes je revois
comme dans un film le travail de titan réalisé par les enfants du marché et ceux de familles très
pauvres. Je sens encore résonner dans mes oreilles leurs discours: «Enfin Dieu s’est placé de notre
coté. Nous pourrons aussi manger, aller à l’école et avoir une maison où dormir» disait par ici un
enfant de 10 ans. Par là à la fenêtre de la salle (bureau de vote) à 2hoo du matin un autre d’environ
11 ans menaçait de bruler quiconque oserait changer les résultats. J’ai constaté que c’était un vote
sanction contre les dirigeants sortants! Après le dépouillement, j’étais personnellement fasciné par
l’allure de sanction qu’avait prise le vote. Je suis allé dans plusieurs centres pour avoir une idée sur
le score du gouverneur de la province, candidat à la députation nationale. J’ai personnellement
constaté qu’à peine il recueillait une voix dans un bureau des 390 votants. Aujourd’hui dans le
CLCR de Mbujimayi il est premier ou deuxième à avoir plus des voix. Par la magie de la fraude là
où il avait 1 seule voix c’est devenu 100. D’une voix à 100, vous avez la portée et la calamité de la
falsification. Les discours des pauvres enfants du marché me retournent dans l’oreille et j’en ai le
coeur plein d’amertume. Les larmes baignent mon coeur! Qui peut sauver la vérité des urnes?
Personne et alors ces élections se sont vidées de leur substance. Le peuple pourra être représenté par
les gens qu’il n’a pas choisis. C’est tout simplement de l’usurpation. Dans les prochains cinq ans,
nous serons dirigés par les personnes qui n’ont pas de légitimité et en qui la majorité de la
population n’a pas confiance, des usurpateurs! L’ampleur de la falsification des résultats ne laisse
aucun doute à ce niveau. Tous les hommes puissants du régime doivent reprendre leur place au
parlement et pire encore ils veulent y amener qui son propre frère qui son secrétaire… . Pour ce
faire, tous les opérateurs de saisie dans les CLCR sont leurs proches, bien préparés pour la
falsification systématique. Les résultats se décident à la maison et combien des sièges on doit laisser
à l’opposition avant même d’aller au centre de compilation. Les pauvres témoins de partis
politiques et les observateurs se battent comme des diables pour limiter les dégâts mais ils ont des
limites à ne pas franchir. Sinon c’est un crime de lèse majesté! Le futur parlement sera encore plus
médiocre que le parlement sortant.
Un processus intentionnellement vicié
En analysant froidement le processus électoral, le résultat de ces élections ne pouvait pas être
différent. Le processus électoral actuellement en cours dans notre pays est intentionnellement vicié.
On ne peut attendre la vérité des urnes d’un processus électoral frauduleux. Cueille-t-on des raisins
sur les épines ou des figues sur des chardons? (Mt 7,16). Après avoir programmé les fraudes, la
stratégie maléfique étant de demander à tous le respect du verdict des urnes. Verdict des urnes!
Expression démagogique et idéologique pour réduire au silence le peuple et les opposants en
Afrique. J’espère que nos pères les Evêques ne se réunissent pas pour prêter leur voix au démon du
mensonge, rouler le peuple dans la farine et répéter l’expression démagogique du respect du
verdict des urnes.
Un confrère que je respecte beaucoup a qualifié les élections de 2011 des bâclées dans l’intention de
tricher dans un contexte de violence organisée. Je partage cette lecture avisée d’un homme dont le
souci pour la justice dans notre pays n’est plus à démontrer. Mais il y a pire que la tricherie dans les
élections telles que nous sommes en train de les vivre au Congo. Nos élections ont eu pour but de
légitimer le pouvoir de fait d’un groupe d’individus au sommet de l’Etat. Cette vision des élections
explique l’inversion des étapes de ce processus telles qu’initialement prévues lors du dialogue inter
congolais. L’Accord Global et Inclusif di Sun City prévoyait sur base d’expérience et de la nature
même du processus de démocratisation que les élections allaient se faire en commençant par les
locales et en finissant par la présidentielle. En 2006, cet ordre essentiel à l’édification d’une vraie
démocratie n’a pas été respecté. Il a été renversé intentionnellement pour ne pas construire la vraie
démocratie celle participative. La preuve est que les élections locales selon le calendrier électoral de
2006 n’ont jamais été organisées. L’analphabétisme politique a fait passer ce coup pour une simple
contrainte du temps, un fait divers. Je suis encore convaincu que si l’on ne procède pas par des
pressions sévères organisées dès maintenant (le budget 2012) il n’y aura pas d’élections locales en
2013. L’essentiel étant déjà fait : confirmer Joseph Kabila et les siens au sommet de l’Etat!
Une maison se construit par les fondements, voilà pour quoi l’accord global à Sun City prévoyait de
commencer les élections par les locales. On nous a fait croire le contraire. C’est pour quoi nos
élections aujourd’hui servent seulement à légitimer le pouvoir d’un homme que les oligarchies et les
maffias internationales ont déjà couronné. Jusqu’à quand l’Eglise devra servir de compresseur à ces
marchands?
Après l’inversion des étapes du processus électoral, le deuxième moment fort de l’organisation de la
fraude fut la politisation de la Commission Electorale Nationale Indépendante. Au lieu d’une
commission indépendante, on a mis en place une commission politisée dont les membres (cadres
éminents des partis politiques) ne peuvent pas être juges et partis. Ainsi, la grande fraude a été
consacrée le jour où a été mise en place cette commission schizophrénique. Chacun de sept
membres du bureau de cette Commission sait qu’il avait la mission de favoriser son mandant durant
le processus électoral. Les sept membres du bureau s’étaient même réparti la charge des provinces.
Chacun devant procéder par l’indication pour nomination des agents de la CENI pouvant aider son
mandant dans la tricherie à divers étapes surtout à l’étape de la compilation des résultats dans les
CLCR et au niveau du Centre National de traitement des résultats à Kinshasa. La bataille contre la
fraude devait commencer par bloquer la mise en place d’une Commission électorale politisée dite
indépendante. Cette schizophrénie acceptée par la société civile congolaise notamment l’Episcopat
congolais
a été et demeure en amont l’échec de tout le processus. Les élections ressemblent à un jeu
avec ses règles. Une fois que les règles sont établies, le jeu se déroule selon les règles en question.
On ne peut pas changer les règles pendant le jeu. Pour le cas présent, les règles sont celles de la
fraude programmée dans la nature même du pouvoir organisateur des élections. L’opacité des
opérations conduites par la CENI en est la preuve, le refus de l’audit du fichier électoral, la
circulation avant les élections du matériel sensible comme les bulletins de vote, la falsification des
procès verbaux et la compilation dans plusieurs CLCR qui ne reflète en rien les résultats affichés le
jour du scrutin, le refus aux témoins et observateurs d’accéder au centre national de traitement et de
consolidation des résultats. Face à ce scénario, l’honnêteté intellectuelle oblige de constater que
nous sommes devant un système frauduleux au lieu de tenter de justifier comme l’a fait
diaboliquement et idéologiquement le rapport du Centre Carter sur lequel s’est appuyé le régime
pour justifier des erreurs qui n’auraient pas entaché l’ordre des résultats de la présidentielle !
La dernière cartouche de la tricherie fut la modification de la constitution pour des visées
électoralistes. Une modification cavalière facilitée par l’allégeance et la complicité des présidents
de deux chambres du Parlement dans un temps record de 10 jours devant un vide d’opposition et de
contestation populaire, devant le regard médusé de la fameuse Communauté Internationale. Un
coup d’Etat en bonne et due forme auquel l’Episcopat Congolais a préféré ne pas faire opposition
mais allégeance à part une déclaration plus ou moins sincère faite par son Éminence le Cardinal
Laurent Monsengwo. Toute évaluation sincère du processus électoral devra tenir compte de ce
contexte général et exiger, au nom de la vérité, gage d’une paix durable, que les opérations de vote
soient reprises dans un cadre transparent.
La complicité de l’Episcopat congolais dans la culture de la fraude
Très chers pères, vous avez droit, comme tous les congolais, de savoir la vérité des élections du 28
novembre dernier. Vous avez aussi, comme Pasteurs et Témoins du Christ Vérité, le devoir d’une
introspection pour connaitre la vérité sur vous-mêmes. Le témoin c’est celui qui vit d’abord ce qu’il
indique aux autres. Le contraire est hypocrisie et complicité.
Les religions ont été toujours un facteur décisif dans le processus de transformation des sociétés.
L’actuelle civilisation occidentale est tributaire de la vie monastique bénédictine. Récemment, ce
qu’on a appelé le printemps arabe a eu aussi la religion comme catalyseur. En Tunisie, en Egypte,
en Lybie, le vendredi de la prière musulmane s’était transformé en vendredi du changement des
régimes. Le peuple se donnait rendez-vous le jour de la prière pour exiger leur affranchissement. On
a vu les régimes tunisien, égyptien et libyen tomber les vendredis de la prière musulmane. Les
imans rejoignaient le peuple et célébraient pour lui là où il se rassemblait pour exiger la justice et la
démocratie.
Je reste convaincu qu’au Congo si l’Episcopat catholique était du coté de la vérité, donc du
peuple, le changement tant désiré serait déjà intervenu
. Le peuple congolais l’a beaucoup
espéré. La preuve est que lors des moments clef considérés comme passages (Pâque) de son
histoire, le peuple a confié son destin dans les mains de l’Eglise, de ses pasteurs. En 1990, lors de la
Conférence Nationale Souveraine, le peuple à travers ses délégués confia son destin dans les mains
de l’homme de Dieu Son Eminence le Cardinal Laurent Monsengwo. Après avoir dirigé
brillamment les travaux de ce grand Forum National, l’Evêque trahit le peuple et les résolutions de
la CNS en suivant les sirènes occidentales des faiseurs des rois en créant la fameuse troisième voie.
Le remplacement de Monsieur Tshisekedi, premier ministre élu de la CNS par Monsieur Léon
Kengo wa Ndondo, ami de son Eminence, fut la haute trahison de l’Eglise Catholique contre le
peuple congolais. Cette trahison historique est la cause lointaine de toute la misère du peuple
congolais aujourd’hui. C’est le cafouillage de la troisième voie qui ouvrit grandement les portes à
l’invasion du Congo par les troupes étrangères. L’Eglise ne ressent pas encore la responsabilité et la
gravité de cette trahison historique grâce à l’analphabétisme de la majorité de la population. Quand
s’éloigneront les frontières de l’ignorance pour notre peuple et l’histoire fera son travail de rétablir
et restituer la vérité aux générations futures, l’Eglise payera un lourd tribut. Avec cette trahison,
l’Episcopat congolais a historiquement et politiquement conforté dans notre pays la culture de la
tricherie, du cafouillage, du favoritisme et de l’intérêt personnel.
En 2006, c’est à un autre fils de l’Eglise Catholique que fut confié le destin du pays avec
l’organisation des élections. L’Abbé Malu Malu ne tarda pas lui aussi à trahir notre peuple. Conduit
toujours par les mains obscures des marchands et colonialistes occidentaux, Malu Malu eut la
mission d’obtenir pour Joseph Kabila la légitimité interne à travers une mascarade électorale. Cette
mascarade électorale a révélé les divisions sur fond d’intérêt matériel, tribal et ethnique entre
vous
chers pères. Certains Evêques très inféodés au régime et parrains de l’Abbé Malu Malu ne
juraient que par la mascarade électorale pour légitimer le pouvoir de Kabila. D’autres exigeaient
quelques conditions de transparence pour une vraie élection. Pour sauver la face de l’unité de
l’Eglise, le dernier groupe fit concession au premier et l’Eglise donna sa bénédiction pour que le
peuple ait voté sans condition. L’idéal étant de conserver l’unité apparente entre les Evêques et
permettre aux profiteurs du tour de gagner les cadeaux du régime. Certains parmi vous n’ont jamais
caché leur sympathie pour le régime Kabila allant jusque à déclarer publiquement qu’ils en sont des
conseillers personnels. Pour tromper l’opinion nationale et internationale que l’Abbé Malu Malu ne
représentait pas l’Eglise, alors qu’en réalité il représentait certains d’entre vous avec lesquels le
prêtre partageait les intérêts, vous avez demandé à tout le personnel ecclésiastique qui s’était investi
dans le processus électoral de 2006 de se retirer et de ne pas assumer quelque responsabilité dans
l’organisation et le déroulement des actuelles élections. Cette décision idéologique a laissé la porte
grandement ouverte à la mise en place facile d’un système de fraude massive qui caractérise la
calamiteuse élection de cette année. Il est vrai qu’en 2006 à la CEI, certains membres du clergé et
des religieux s’étaient compromis dans les cafouillages et la corruption en faveur de certains
candidats, mais la présence d’autres plus nombreux et consciencieux en avait limité les dégâts.
Pour vous assurer que le bas clergé, plus proche du peuple et de la misère, ne trouble le climat
d’allégeance au pouvoir nécessaire à vos intérêts personnels , vous avez même réclamé et exigé du
clergé le monopole d’interventions sur des questions politiques. De cette manière vous avez obtenu
en faveur de vos alliés du régime le silence, le désengagement du clergé et des chrétiens
Chers pères, vous connaitrez la vérité et la vérité vous fera libres. La grande vérité sur vous est
qu’au lieu d’être des pasteurs sobres et détachés des richesses de ce monde, la plupart d’entre vous
ont choisi de faire partie de la bourgeoisie. Vous avez continuellement besoin d’argent. Saint Paul
écrit à Timothée : lors donc que nous avons nourriture et vêtement sachons donc être satisfaits.
Quant à ceux qui veulent amasser des richesses, ils tombent dans la tentation, dans le piège, dans
une foule de convoitises du démon qui plongent les hommes dans la ruine et la perdition. Car la
racine de tous les maux c’est l’amour de l’argent (1Tim6, 8-10). Ainsi, la racine de votre trahison
contre notre peuple c’est la cupidité, c’est votre soif de l’argent. Le désordre moral provoqué par
votre soif du pouvoir et de l’argent fait que certains d’entre vous sont même soupçonnés de
pratiquer le fétichisme, d’être mariés clandestinement, d’appartenir aux sociétés occultes comme la
fra maçonnerie. Ce qui explique votre insensibilité à la misère de la population. La révocation ces
dernières années, par le Saint Siège, de certains d’entre vous pour mauvaise conduite et
malversation financière est la preuve que les loups sont dans la bergerie. Vous avez choisi le camp
des bourgeois, habiter des grandes maisons, rouler dans de grandes voitures et faire de grands
voyages et de grandes dépenses. Vous voulez vivre au-delà de vos possibilités étant donné la
pauvreté de nos populations. La soif d’argent amène la plupart d’entre vous à détourner l’argent
des projets communautaires financés par les organismes ecclésiastiques. L’argent des projets ne
suffisant pas, vous devez faire alliance avec les dignitaires du pouvoir de qui vous recevez alors
suffisamment dons en nature et en argent. En retour, les dignitaires du régime obtiennent votre
silence sur leur mauvaise gestion et massacre des personnes. Ils obtiennent aussi et surtout de vous
positions et discours ambigües aux moments décisifs pour empêcher le changement dans le pays. Il
n’est donc pas étonnant de voir le régime construire tout un système de fraude électorale sans
rencontrer résistance ou opposition tenace de la part de l’Eglise: politisation de la CENI,
changement de la constitution du mars dernier…Tout s’est passé comme si les Evêques ignoraient
la portée de ces événements. En réalité, votre silence a été acheté. L’ambigüité de votre position
actuelle face au hold-up électoral fait partie des astuces habituelles des plus malins d’entre
vous et de la schizophrénie qui caractérise votre agir
. Vous dénoncez la corruption comme
méthode de gestion dans notre pays et vous en êtes les premiers bénéficiaires. Je ne pense que vous
avez besoin que quelqu’un vous apprenne que les dons que le pouvoir vous fait sont une corruption.
Par exemple, quand un nouvel Evêque est élu, il reçoit de la Présidence de la République une jeep
de grande marque. C’est une corruption pure et simple. Quand vous vous promenez dans des jeeps
que le régime distribue à ses agents vous en faites aussi partie. Comment vous pouvez conserver
votre liberté et autorité vis-à-vis de ce régime? Vous avez des comptes à rendre au pouvoir et le
chantage des hommes du régime est sur vous comme l’épée de Damoclès. Pire encore, votre
inféodation au régime est telle que vous ne croyez même plus en la renaissance de l’Etat et ses
mécanismes de fonctionnement. Votre philosophie est carpe diem: s’arranger avec celui qui
commande. Je vous cite un exemple qui étaye mon constat. Pour résoudre les problèmes liés au
versement des salaires des enseignants, vous avez dernièrement signé un accord avec le
gouvernement congolais. Aux termes de cet accord, le salaire des enseignants catholiques est
actuellement viré directement à la caritas. Par rapport à l’Etat et ses mécanismes traditionnels de
fonctionnement, vous êtes incrédules sur la possibilité de la renaissance de l’Etat congolais
probablement même contre cette renaissance. Avec un accord de ce genre et d’autres, vous portez
votre soutien au régime d’arrangement. L’Etat et la démocratie sont en péril partout où le pouvoir
commence à résoudre les problèmes ordinaires de la gestion avec des mesures exceptionnelles. Les
canaux et les mécanismes ordinaires de payement des salaires des fonctionnaires sont les banques et
les comptables de l’Etat. Si les banques ne fonctionnent pas et les comptables détournent ou exigent
des pourboires, le devoir de l’Eglise est de solliciter le fonctionnement des banques et la justice
contre les comptables corrompus. S’arranger et se faire passer les salaires des enseignants
catholiques sous la table à travers la caritas sont des mesures d’exception qui confortent la
corruption et l’inexistence d’une gestion transparente d’un Etat. Choisir un arrangement de ce genre
est suggestif d’un manque de crédit dans la possibilité de la renaissance de l’Etat. En signant un
accord de ce genre, le gouvernement congolais et l’Episcopat congolais ont confessé sans le savoir
que pour eux la renaissance de l’Etat n’est pas pour bientôt. De toutes les façons les deux alliés ne
sont pas pressés pour un retour aux canaux ordinaires de payement des salaires. Les arrangements
de ce genre vous en faites régulièrement avec le pouvoir et ils sont symptomatiques. Bientôt, vous
serez rattrapés par vos propres turpitudes car ni la caritas ni les coordinations des écoles
conventionnées catholiques sont des institutions bancaires pour se déambuler avec des masses
importantes d’argent.
Recommandations
1. Dans l’histoire récente de l’Eglise, on a connu des Evêques qui, après avoir collaboré avec
des régimes iniques, organisations secrètes et criminelles, se sont repentis et ont confessé.
Certains ont préféré même en signe de pénitence renoncer à leur charge. Si certains d’entre
vous posent un geste de ce genre l’Eglise sera pardonnée et conservera sa crédibilité.
2. Votre activisme politique est connu. Il est fait des messages intempestifs plus ou moins
répétitifs destinés surtout à endormir le peuple en lui faisant croire que vous vous occupez
de son sort. Cette fois-ci il vous est conseillable de ne pas perdre l’occasion de vous taire
surtout que vous peinez à parler d’une seule voix étant divisés vous mêmes par les intérêts
d’ordre tribal, idéologique et matériel.
3. Restituer la parole au bas clergé qui vit avec le peuple, connait et partage sa misère.
 
Civitaluparella 30.12.2011
C. I. Au Saint Siège
Abbé Daniel Ngandu Kabongo
Paroisse Saint Pierre Apôtre
66040 Civitaluparella(CH)
Italy. +393408539445
dngandu@libero.it
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