Élections : Le dépouillement sous surveillance populaire

Après le vote du 28 novembre, à Kinshasa, nombreux sont des citoyens qui sont restés sur les lieux  jusqu'aux heures tardives de la nuit pour suivre la suite des opérations. Des électeurs kinois se sont donné, au terme des scrutins, comme mission d'empêcher la fraude électorale. Le modus operandi était d'empêcher des mouvements suspects et des entrées louches dans les centres. Ils ont ainsi fouillé tous les véhicules qui se sont approchés de ces lieux. « Nous veillons pour que notre victoire ne nous soit pas volée », a expliqué un Kinois qui a requis l'anonymat.

Pendant toute la soirée et aux premières heures de la matinée de ce 29 novembre, au cours de l'opération de dépouillement, des cris de joie se sont fait entendre à la citation de noms des candidats. Chacun était content de réaliser que son candidat président de la République ou député ait ajouté une voix dans son compte.

Comme dans une course de relais, ces « veilleurs » se sont remplacés mutuellement pour ne pas laisser ces endroits vides. Ils n'ont pu les quitter que lorsqu'ils étaient rassurés que toutes les opérations étaient terminées et que les résultats étaient prêts pour être affichés ou s'ils ne l'étaient pas encore.

Des abus constatés

Cette vigilance de la population n'a pas manqué de créer quelques abus. Dans un centre de Matete, par exemple, un véhicule venu ravitailler des observateurs en nourriture et eau était obligé de repartir sans avoir accompli sa mission. La foule ayant exigé à l'équipage la fouille du véhicule et le transport des colis à la main jusque dans l'enceinte du centre de vote. « Le véhicule ne peut pas entrer dans le centre. Sortez vos colis, nous allons les fouiller et vous les transporterez à la main, jusqu'à l'intérieur », a insisté la masse. Contrairement à cette volonté affichée, le premier paquetage sorti du véhicule a été littéralement pillé. Il contenait des bouteilles d'eau qui se sont retrouvées entre les mains de ces assaillants.

Un autre véhicule est venu pour ravitailler les témoins d'une candidate députée qui n'ont pas pu être servis parce que l'équipage a refusé d'obtempérer à la loi imposée par la foule. Beaucoup d'autres véhicules qui se sont refusés à cette « fouille populaire » n'ont pas pu remplir leurs missions.

Cette foule n'a eu confiance en personne et les équipages des véhicules non plus ne lui ont pas fait confiance. Mais la présence de cette masse n'a nullement empêché le déroulement des opérations de dépouillement.

Lucien Dianzenza