PRESIDENTIELLE 2011 Le message de Kamerhe à Tshisekedi et aux Congolais

Jour de gloire pour Vital Kamerhe, le mercredi 7 septembre 2011. Sur le boulevard du 30 Juin noir de monde, le président national de l’UNC, Union pour la nation congolaise, a déposé officiellement sa candidature à la présidence de la République au Bureau de réception et de traitement des candidatures, BRTC, de la CENI.Démonstration de force pour un acte de foi :

l’ancien speaker de l’Assemblée nationale défend une vision, et tient à sa réalisation. Une vision fondée sur la refondation de l’Etat et l’instauration – et le respect – des valeurs républicaines. Son leitmotiv : le développement socioéconomique du Congo sur le modèle du Brésil. Dépôt de candidature certes, mais esprit d’ouverture toujours envers ses autres pairs de l’opposition, Tshisekedi en tête, à qui il adresse un message d’espoir. Mais aussi sentiment de grande responsabilité à l’endroit du peuple congolais dont il affirme avoir saisi l’intensité de l’espérance dans le changement. Pour ce grand jour, les Congolais ont retrouvé Vital Kamerhe tel qu’ils l’aiment : un leader d’opposition qui, non seulement conteste, mais qui – et surtout – , réfléchit, propose, défends des points de vue, ouvre des pistes, suscite l’optimisme des masses sans négliger le réalisme. Un candidat qui est à la fois créatif, novateur et responsable.

Si le rendez-vous était fixé à 15 heures locales, c’est dans la matinée que des nombreux Kinois convergent vers le BRTC de la CENI, à Gombe Royal, le quartier beau linge de Kinshasa. De l’ex-avenue du 24 Novembre, de l’avenue des Huileries, ou du côté Ouest du grand boulevard, des grappes humaines affluent, sans discontinuer.Hommes, femmes, jeunes et vieux de toutes catégories sociales se sont ainsi donné rendez-vous dans la ville haute pour assister personnellement à l’événement du jour : le dépôt de candidature à la présidentielle de M. Vital Kamerhe, président national de l’UNC.
Vers midi, la foule est déjà nombreuse au niveau du rond-point Nelson Mandela où l’ambiance est électrique. Des chansons en l’honneur du héros du jour sont entonnées inlassablement, mais dans la discipline la plus totale, tandis que ceux qui ont un certain talent exhibent carrément des pas de danses. Vers 15, c’est le summum de la manifestation : le boulevard du 30 Juin est rouge de monde – les partisans de l’UNC préférant s’habiller aux couleurs de leur parti. Si tous développement un grand d’espoir, chacun y va de sa comparaison. « Kamerhe est notre Lula da Sylva, il va développer la RdC comme Lula l’a fait pour le Brésil », lance une femme, la quarantaine sonnée. « C’est notre Dr ADO. Comme en Côte d’Ivoire, il va l’emporter pour nous redonner fierté et dignité », réplique un étudiant.
Soudainune forte clameur populaire éclate. Le cortège de Vital Kamerhe est annoncé, remontant le boulevard en venant du rond-point Mandela. L’ambiance atteint des degrés record. L’émotion est à son comble, le vacarme des chants, des cris, voire des pleurs, est franchement assourdissant. Le héros du jour descend du véhicule, pour une procession à pieds. Costume de coupe anglaise, cravate en soie rouge de rigueur, il salue les milliers des partisans qui se précipitent vers lui, et que le cordon de sécurité peine à contenir. Enfin, il parvient à entrer dans le bureau du BRTC, où il dépose sa candidature.
A la sortie, il s’est prêté aux questions des journalistes. A ceux qui pensaient que l’opposition n’allait plus s’entendre afin de s’aligner derrière un candidat commun, il a répondu par cette sagesse africaine : « N’ayez pas peur, le chien a quatre pattes mais il n’emprunte qu’un seul chemin ». Avant d’ajouter, plus explicite, en direction de ses pairs de l’opposition : « J’ai déposé ma candidature, mais je reste ouvert au dialogue avec mes compatriotes de l’opposition. Chacun peut certes déposer sa candidature, mais le jeu des désistements peut se poursuivre, même jusqu’à la veille de l’élection ».Et à l’endroit d’Etienne Tshisekedi, particulièrement : «Il est vrai qu’il a déclaré qu’il a cessé toute négociation avec tous ceux qui ne s’étaient pas encore aligné derrière sa candidature. Ça, c’est sa déclaration. Mais de mon côté, ma main reste tendue vers lui, et vers d’autres, car il est toujours possible d’obtenir une entente. Je le dis car j’ai foi dans le peuple congolais. Lors des rendez-vous cruciaux, il a toujours su faire preuve d’un sursaut salutaire. Souvenez-vous, à la Conférence de la Table ronde de Bruxelles de 1960, tous les leaders de l’époque, les Kasa-Vubu, Lumumba, Kalonji, Tshombé, Ileo, etc. avaient réussi à taire leurs différends pour soutenir l’indépendance du pays. De même, au Dialogue intercongolais de Sun City, nous avions compris qu’avec l’Accord de Cascade, sans l’UDPS et le RCD, il était impossible de réaliser la réunification du pays. Nous nous sommes réunis, et nous sommes parvenus à signer l’Accord global et inclusif ».
Mais aussi : « Mais si, par impossible, il n’était pas possible d’arriver à cette candidature commune, il faudra que les candidats de l’opposition s’entendent sur une sorte de pacte de non-agression, c’est-à-dire qu’ils ne s’attaquent pas entre eux, car notre seul adversaire c’est Joseph Kabila ». Aux Congolais qui pensent que la multiplicité des candidatures enclenche la machine à perdre pour l’opposition, Vital Kamerhe s’est voulu rassurant : « Sauf à ne rien comprendre à la géopolitique congolaise, Joseph Kabila ne peut pas gagner cette élection. Où voyez-vous le président sortant gagner, à l’Est, à l’Ouest, au Nord ou au Sud ? Partout, le bilan est catastrophique, et le peuple réclame le changement ».Nul doute, Joseph Kabila sera étrillé en rase campagne.
Esprit fort, incontestablement habile et plein de hardiesse, Vital Kamerhe, a laissé au PPRD le souvenir d’un soldat baroudeur dont les victoires serviront de thème aux plutarques à venir. En novembre prochain, il s’agira, pour lui, de mettre enfin son talent politique à son propre service. Pour son propre triomphe.
BELHAR MBUYI