Le chasseur avançait, oreille en alerte, tous les yeux tournés sur les arbres d’où il venait d’entendre les cris de singes. La chasse venait de commencer. Après quelques minutes, il aperçut une famille de singes en train de sauter de branche en branche. Ceux-ci l’aperçurent aussi et disparurent vite à l’intérieur de la forêt. „Ce n’est que partie remise!“ se dit-il. Poursuivant son chemin, il vit un nid échu au pied d’un arbre, probablement emporté par le vent; et à l’intérieur du nid deux squelettes de pintadeaux, couchés l’un à côté de l’autre.
Ému de compassion, il s’accroupit, prit le nid entre ses deux mains. Quelques jours auparavant, un après-midi, comme il n’y avait rien à manger chez lui, il était sorti en forêt, fusil en bandoulière, à la recherche de quoi nourrir sa famille. Il avait longtemps parcouru toute la forêt et la brousse aux alentours, sans rencontrer du gibier. Tard le soir, sur son chemin de retour, il avait vu enfin une pintade qui volait au-dessus de lui avec quelque chose à son bec. Comme notre chasseur était un très bon chasseur, il s’était saisi aussitôt de son fusil, avait visé et abattu l’oiseau en plein vol. Et le nid entre ses mains était tombé dans les environs où il avait tué la pintade.
Au moment où il avait tué l’oiseau, il se rappelait qu’il avait quelque chose à son bec. C’est que c’était la nourriture qu’il apportait à ses petits restés au nid! Ces derniers étaient donc morts de faim et de soif! Les larmes coulèrent en silence sur les joues de notre chasseur. Il reposa lentement le nid à ses pieds, prit son fusil de son épaule et le fracassa de colère contre l’arbre. S’en était fini avec la chasse. Triste, il reprit le chemin de retour avec le nid entre ses mains.
Arrivé au village, il fit venir les siens et leur raconta la mort des pintadeaux. „J’ai tué la pintade mère, ne sachant pas qu’elle avait des petits à nourrir. Non seulement j’ai tué la mère, mais en tuant la mère, j’avais par ricochet condamné ses petits. Ainsi, chaque acte que nous posons a toujours des conséquences, bonnes ou mauvaises. Évitons surtout de faire du mal, car, nous ne savons pas combien de gens nous rendons malheureux à cause de nos propres actes.
Lumbamba Kanyiki