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Kasai Direct
26 février 2018

UN LIVRE À LIRE ABSOLUMENT: UN COUPLE DEUX DESTINS DE JEANNETTE NYABU BULULU

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Un couple, deux destins -Bernard Bululu et Thérèse Kanku.  Il s’agit d’un récit qu’une fille, Jeannette Nyabu Bululu, raconte sur ses parents et sa famille: la famille Bululu, au Kasai Occidental. Au départ destiné logiquement à la famille et à toute sa descendance, nous recommandons personnellement ce livre à tout Congolais et à tout Kasaien. Car, à l’heure où le mariage est en crise presque partout au Congo comme en Occident, la vie du couple Bernard Bululu et Thérèse Kanku, racontée dans un couple, deux destins, constitue un témoignage  émouvant  pouvant aider tous ceux qui veulent se bâtir une famille stable.

Résumé

Le jeune Bernard Bululu, orphelin de père, termine avec l’aide de son oncle Kabantu sa formation d’aide-infirmier à Luebo, à Luluabourg et commence sa formation d’infirmier à Sandoa, au Katanga en 1939. La deuxième guerre mondiale éclate en Europe.  Papa Bernard Bululu est enrôlé dans la force publique et envoyé à la guerre. Il se battra sur plusieurs fronts, en Afrique comme en Asie.  Après la guerre, il rentre dans son village et épouse maman Thérèse Kanku en 1945. Il la laisse pour quelque temps dans sa famille et rentre à Elisabethville pour continuer sa formation interrompue il y a quelques années. Maman Thérèse l’y rejoindra quelques mois plus tard. A la fin de ses études, Papa Bernard s’installe avec sa famille, qui s’est déjà considérablement agrandie, à Likasi où il travaille comme infirmier à l’hôpital général de la BCK,  une entreprise de chemin de fer. La famille vit paisiblement dans sa propre maison avec tout le confort nécessaire. La tranquillité du foyer est perturbée, plus tard, par les conflits entre autochtones et Kasaiens, ce qui oblige la famille à retourner au Kasai, à Kananga où elle passe des jours difficiles,  mais elle résiste grâce à la solidarité des frères et soeurs du couple. Papa Bernard est engagé à l’hôpital général de Kananga. Les enfants retrouvent le chemin de l’école. Papa Bernard achète une nouvelle maison à Ndesha, un des quartiers populaire de Kananga, très bruyant surtout le soir. Les enfants se plaignent de la vie à Kananga qui, selon eux, ressemble à un grand village et regrettent leur vie passée. Afin de faciliter leur éducation, les filles comme les garçons seront envoyés dans des internats. Plus tard, ils continueront leurs études supérieures et universitaires en dehors de la province. Papa Bernard meurt en 1979 et laisse un testament dans lequel il recommande à sa famille de laisser maman Thérèse vivre dans la maison familiale et de ne pas la faire souffrir. A ses enfants, il recommande l’amour  et l’entraide qui doivent cimenter les liens familiaux. Quelques années plus tard, Tutu Crispin Ngalamulume, le deuxième de la famille, meurt dans des conditions non encore élucidées. Il laisse plusieurs enfants. La maman Thérèse qui est restée seule à Kananga est invitée à Kinshasa par un de ses petits enfants pour l’ aider dans son foyer. Elle vit depuis lors dans la capitale congolaise, entourée de ses enfants et petits enfants, du moins ceux qui sont restés au Congo.

Pourquoi je recommande ce livre aux lecteurs

Comme je le disais dans mon introduction, un couple, deux destins est un témoignage vibrant pour les jeunes d’aujourd’hui et les générations futures dans le sens qu’il met en exergue certaines valeurs qui sont devenues des denrées rares dans notre société: nous parlerons de la valeur de la dot, de la solidarité, de l’éducation et de l’amour. Bien sûr que cette liste n’est pas exhaustive. Certains pourront la rallonger à volonté.

A propos de la dot

Papa Bernard, pour faire honneur à maman Thérèse qu’il aimait déjà beaucoup, remet cinquante francs de dot à sa belle-famille. L’oncle à qui l’argent est destiné trouve le montant exorbitant. Il se dit ne pas être en mesure de restituer la dot en cas de divorce. Car, la dot est juste un symbole qui scelle le nouveau mariage. Mais qu’en est-il aujourd’hui? Les Balubas d’aujourd’hui dressent des listes qui frisent le ridicule lors du mariage coutumier de leurs enfants. Ils y trouvent là une occasion en or de se faire fortune!

La solidarité

Papa bernard Bululu, orphelin de père, parvient à terminer la première partie de sa formation d’infirmier d’abord à Luebo, grâce à son oncle. Aujourd’hui, combien d’orphelins sont chassés par des oncles qui les traitent de sorciers? Si de nos jours, le phénomène « enfants des rues » a pris des proportions inquiétantes, c’est parce que nous sommes devenus des égoïstes; nous ne nous occupons que de nos propres foyers, sans nous demander si le voisin a mangé ou pas. Plus tard, papa Bernard a accueilli chez lui des cousins, des neveux et nièces aussi bien à Likasi qu’ à Ndesha, à Kananga. Sa famille et lui, ayant fui les conflits éthniques au Katanga, ont été accueillis par leurs frères et soeurs à Kananga avant de s’installer chez eux.

Une éducation basée sur l’égalité entre les garcons et les filles

Ya Jeannette, quatrième fille de la famille Bululu, reconnaît que papa Bernard ne faisait aucune distinction entre les filles et les garçons dans l’éducation de ses enfants. De son vivant, il a donné à chacun et chacune une houe, une machette et un panier afin qu’il travaille et vive de la sueur de son front. Tous leurs enfants ont bénéficié de la meilleure éducation possible, dans les meilleures écoles du Katanga et du Kasai Occidental. Presque tous ont des diplômes universitaires, filles comme garçons. Ceci est d’autant plus frappant dans une société dans laquelle la tradition limitait l’éducation des filles juste au niveau légèrement supérieur au cycle d’orientation puisque les filles étaient censées se marier entre quinze et dix-sept ans. « Muana wa bakaji badi bamusela patshidiye ne dibele dia mamuende pa ludimi! » disaient les Anciens. Les filles étaient censées se marier avec le lait maternel sur la langue! Nous osons croire que papa Bernard a pu profiter soit de ses multiples déplacements lors de  la guerre mondiale, soit de son séjour à Elisabethville, qui était déjà une grande ville moderne,  pour  nager courageusement à contre courant des croyances de son temps. En cela, il a réussi puisque ses filles ont servi de modèles à d’autres jeunes filles de leur entourage.

L’amour comme fondement de la famille

L’amour se manifeste tout au long de ce récit. Un amour désintéressé, qui n'exige rien en retour. D’abord, l’amour envers celle qui plus tard sera appelée « lubalela », son épouse. Nous en avons parlé un peu plus haut:  pour montrer son amour envers maman Thérèse, il verse une dot que la belle-famille trouve exorbitante. L’amour se manifeste dans ses relations avec sa belle-famille qu’il reçoit régulièrement chez eux. Papa Bernard Bululu, orphelin de son état,  déverse tout l’amour que lui n’a pas reçu de son père, décédé très tôt, sur ses enfants. L’amour se manifeste dans l’éducation qu’il leur donne, ne cherchant pour eux que les meilleures écoles de la région, une vie décente.  Très sévère, il l’était, mais aussi plein d’amour et prêt à concéder des sacrifices pour chacun d’eux. C’est aussi l’amour qui ressort de son testament lorsqu’il recommande à sa famille de laisser sa « Lubalela » dans la maison familiale et de ne pas la faire souffrir. A ses enfants, il recommande de continuer de s’aimer et de s’entraider les uns les autres. Et pour finir, cet ouvrage, qui fait l’objet de notre propos, que ya Jeannette dédie à sa soeur aînée yaya Elvire, muan’a bute wa tatu Bululu, aimée et adulée par toutes ses soeurs et tous ses frères, n’est-il pas une manifestation d’amour?

Des anecdotes intéressantes sur le plan culturel

Le couple Bernard Bululu et Thérèse Kanku a chevauché sur la tradition et la vie moderne, en respectant aussi bien la culture de leurs ancêtres que les principes bibliques. Le récit de ya Jeannette est plein de petites anecdotes très riches sur le plan culturel.  Notre laissons aux lecteurs et lectrices le soin de les découvrir, seuls.

A la fin de la lecture d’un couple, deux destins, nous ne pouvons que jeter des fleurs à yaya Jeannette Nyabu Bululu. Ce livre est le plus beau cadeau qu’une fille puisse faire à ses parents. Comme elle l’a souhaité, les enfants et petits-enfants pourront  le lire et connaître leur origine.  Nous disons chez nous: « Kapumbe, kuna nsanga, bua biakola nsanga, bambe ne ke mua kapumbe muamua! » Mais papa Bernard est un grand « Nsanga », un grand baobab! Il faut que les petits baobabs qui pousseront à l’ombre de ce géant puissent perpétuer sa mémoire et sa volonté. Surtout prévaloir l’amour au-dessus de tout. Car telle est sa volonté. Du reste, comme je viens de le démontrer, les autres jeunes Congolais ou Kasaiens pourront tirer profit de la vie de ce couple hors du commun dont le livre constitue un vibrant témoignage.

Lumbamba Kanyiki

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