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Kasai Direct
4 décembre 2014

Ne partage ton secret ni avec ton meilleur ami, ni avec ta femme bien aimée !

« Garde ton secret pour toi-même. Ne le raconte ni à ton ami, ni à ta femme avec qui tu partages ton lit ! » ne cessait de répéter un grand-père à son petit-fils, car, « kambi wa kamba ! ». Celui qui jura de ne pas raconter, finit par raconter. Le petit-fils qui était encore très jeune, lui demandait naïvement en retour :

-          Ni à mon meilleur ami, je ne peux pas dire ? »

-          ni à ton meilleur ami !

-          Ni à ma femme bien aimée lorsque je serai marié ?

-          Ni à ta femme bien aimée et mère de tes enfants !

C’était toujours le même conseil à chaque fois qu’ils avaient l’occasion de causer ensemble. Le temps s’écoula. Le Grand-père mourut. Le petit-fils se maria et eut des enfants avec son épouse qu’il aimait bien.

Un jour, il se rappela le conseil de son grand-père : Garde ton secret pour toi-même… Il se souvint aussi des questions qu’il lui avait posées à l’époque. Il ne devait le raconter ni au meilleur ami, ni à la femme bien aimée.  Il se dit dans son cœur qu’il lui fallait vérifier si le Vieux avait raison ou pas.

Le petit-fils, sortit seul un matin, ceint de sa ceinture à cartouches, son fusil en bandoulière et s’en alla à la chasse dans la forêt. Il y passa toute la journée. Très tard dans la nuit, il revint chez lui  avec un grand sac sur la tête. A la vue de sa mine triste et abattue, la femme qui l’attendait, inquiète, à l’entrée de leur case, comprit qu’un malheur lui était arrivé.

Le petit-fils déposa son sac au beau milieu de la case et dit à son épouse : Ma femme bien aimée, un grand malheur m’est arrivé en forêt. J’ai cru voir un singe à un arbre. J’ai visé et tiré. Mais lorsque je suis arrivé sur place pour le ramasser, j’ai découvert avec étonnement que c’était un homme. C’est lui qui est dans ce sac. La femme commença à pleurer de plus belle.

Lorsqu’elle cessa de pleurer, elle demanda à son mari : Qu’allons-nous faire avec lui maintenant que tu l’as apporté ici ? Son mari lui répondit : Si tout le monde l’apprend, je ferai la prison pendant le reste de ma vie et les membres de sa famille voudront se venger un jour. C’est pourquoi je vais l’enterrer dans notre chambre à coucher et le secret restera entre toi et moi. Ma femme chérie, jure-moi de garder ce secret ! La femme se remit à pleurer à chaudes larmes à l’idée de dormir toutes les nuits à côté de la tombe d’un inconnu et surtout de porter un secret si lourd toute la vie!

De toutes les façons, la décision de l’homme était prise. Il s’empara de sa pelle et tout en pleurant, commença à creuser un trou dans un coin de sa chambre à coucher. La femme l’observant n’eut même pas le courage de jeter un coup d’œil dans le sac pour voir le visage du  mort. Lorsqu’il constata que le puits était suffisamment grand et profond, il déposa la pelle de côté, prit le sac et le poussa dans le trou. Il essuya la sueur de son front et les larmes qui ruisselaient sur ses joues. Après quelques minutes de repos, il recommença à couvrir le sac et toute sa charge avec la terre.

Lorsque l’homme eut terminé, il implora de nouveau sa femme de garder le secret et de ne le souffler à personne. « Tu es le père de mes enfants. Je ne pourrai te trahir quoi qu’il arrive. Si je le faisais, qui s’occuperait de ces enfants mieux que toi ? », lui confirma sa femme. « Tu me le jures ? » insista l’homme. « Je te le jure » lui répondit la femme, la main sur le coeur.

Plusieurs jours passèrent ainsi. Le secret était presqu’oublié de deux conjoints. Mais un soir, ce qui devait arriver arriva. L’homme eut une grande dispute avec sa femme dans leur case. Il se jeta sur la femme et voulut la taper, mais celle-ci parvint à s’échapper en criant : Au secours, mon mari veut me tuer comme il a tué un inconnu dans la forêt. Au secours, l’assassin va me tuer ! Tout le village accourut et voulut en savoir plus. « Oui, c’est un criminel. Il a tué une personne à la chasse et l’a enterré dans notre chambre à coucher »

En quelques minutes, ce qui était secret se répandit dans tout le village. Pendant que les villageois harcelaient l’homme pour qu’il leur montre où il avait enterré l’inconnu, la police alertée les entoura et arrêta l’infortuné. « Montre-nous vite où tu as enterré l’inconnu ! ». Il les conduisit dans la chambre à coucher et leur indiqua l’endroit.

Deux policiers s’emparèrent des pelles empruntées aux voisins et commencèrent à creuser. Lorsqu’ils atteignirent l’endroit où se trouvait le sac, l’odeur de pourriture envahit le lieu. « Oh c’est la vérité ! » Ils se ruèrent sur l’homme et les coups pleuvaient sur sa tête. Tout à coup, apparut le sac couvert de sang. Et les coups sur l’homme se multiplièrent de plus en plus. « Assassin, sorcier ! Tu vas voir aujourd’hui ! », criaient-ils.

Finalement, ils sortirent le sac et le portèrent dehors sur la cour de la case. Il faisait déjà nuit. Les policiers ouvrirent le sac et voilà, ils y découvrirent non pas un corps d’homme mais plutôt le cadavre d’un sanglier en décomposition avancée. Alors, ne comprenant rien, ils demandèrent à l’homme : C’est ça l’homme que tu avais tué ? Ou l’as-tu transformé en sanglier dans ta sorcellerie pour éviter la prison?

L’homme sourit et leur dit : Je voulais vérifier le conseil que mon grand-père me donnait toujours quand j’étais jeune : Garde ton secret pour toi-même et ne le raconte à personne, même pas à la femme aimée avec qui tu partages ton lit ! Tous retournèrent chez eux bien édifiés et contents, sauf la femme aimée qui venait de trahir son serment.

Ce conte m’a été raconté par le Colonel Tshibangu, mon voisin à Mbanza-Ngungu vers les années 1986 !

 

Lumbamba Kanyiki

 

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