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Kasai Direct
1 décembre 2014

Les casques bleus de la Monusco, les uniformes de la police politique du ‘’raïs’’ et l’histoire

« Ils nous dominent plus par l’ignorance que par la force » S. BOLIVAR
 
Les bourdes  de la Monusco au Congo-Kinshasa sont en train de la disqualifier comme un partenaire sérieux. Dans un passé récent, ses casques bleus ont violé les fillettes de l’Est de la patrie de Patrice-Emery Lumumba. Certains parmi eux disaient : ‘’No Nkunda, no job’’. Ils étaient donc prêts à coaliser avec ‘’les forces de la mort’’ pour exercer ‘’leur job’’ sur le sol congolais. Et quelle est, à la lecture de l’histoire, la nature de ce ‘’job’’ ? Quelle est sa finalité ? Une relecture de l’histoire du Congo-Kinshasa de ces cinquante dernières années et celle Frantz Fanon peuvent aider dans la recherche des réponses à ces questions.
 
 
Un certain attachement à l’histoire et à la politique du Congo-Kinshasa peut pousser à l’acquisition de certains réflexes. Comme rien n’arrive au hasard en politique, il est toujours souhaitable de creuser un peu plus profondément dans l’histoire du pays de Lumumba pour comprendre certains faits actuels apparemment anodins.  Des analyses ponctuelles peuvent induire en erreur. Elles peuvent arriver à présenter l’ONU comme ‘’un instrument international pour la paix et le respect de l’autodétermination des peuples, des droits fondamentaux et des libertés’’. Cette approche officielle du ‘’machin’’ soulève de plus en plus de doute. Elle est souvent démentie par l’histoire ‘’non-officielle’’. Celle-ci mérite aussi d’être lue. Ce n’est pas celle qui est écrite à partir de Washington, de Paris, de Bruxelles et de Rome. (Un exemple. Une mission de l’ONU est allé, dans un passé récent, dire à Jean-Bertrand Aristid que ‘’la nation indispensable’’ avait décidé qu’il ne pouvait plus être président de l’Haïti.)
Tenez. Il y a quelques jours, des casques bleus ukrainiens de la Monusco sont interpellés à l’Est du Congo-Kinshasa. Il leur est reproché de s’être procuré des uniformes de la police politique du ‘’raïs’’.  Voulant justifier leur forfait,  ils ont dit qu’ils allaient se servir de ces tenues pour la chasse à leur retour dans leur pays, en Ukraine[1]. Cette explication facile devrait être destinée à la consommation des plus naïfs d’entre les Congolais(es). Ce qui vient de se passer à Goma, ce fait apparemment anodin, devrait  pousser les minorités organisées et agissantes congolaises à procéder  régulièrement à une relecture  collective de l’histoire de leur pays et du monde.
Dans un passé assez récent, certains de ces mêmes casques bleus avaient violé nos enfants[2] en les droguant et dit tout bas : ‘’No nkunda no job’’. Pour dire les choses autrement, ils ont eux aussi utilisé, au Congo-Kinshasa, le viol comme ‘’arme de destruction massive des Congolaises’’ et coalisé avec les proxies  des agresseurs du Congo-Kinshasa. Et il est curieux que l’un de leurs  chefs voulant apaiser les inquiétudes des compatriotes à l’Est du pays  puisse leur demander de garder de ‘’faire confiance’’ à la Monusco en évoquant  ‘’sa victoire sur les M23’’ au profit du peuple ! Du bluff !  Le M23 est l’émanation du CNDP de Nkunda. Il serait tentant de dire que pour ces casques bleus, ‘’no M23 et les autres seigneurs de la guerre, no job’’. Il n’est donc pas exclu qu’ils soient en train de s’adonner à ces pratiques avec complicité de la police politique du ‘’raïs’’. Pourquoi ? Ils sont tous au service du ‘’Nouvel Ordre Mondial’’. Et cet ordre mondial opère en entretenant la ‘’stratégie du chaos et du mensonge’’, comme l’indique le dernier livre de Patrick Mbeko et Honoré Ngbanda[3].
Comment, dès lors, les masses congolaises peuvent-elles ‘’faire confiance’’ à ‘’une mission onusienne’’ au service du ‘’Nouvel Ordre Mondial’’[4] ? Pour rappel, tâchons de répondre à la question de savoir quand est-ce que cette ‘’mission’’  est-elle intervenue au Congo-Kinshasa. C’est au moment où la coalition de plusieurs armées africaines liguée autour de Laurent-Désiré Kabila était en train de donner du fil à retordre  aux proxies ougandais et rwandais de cet  ‘’Ordre Mondial’’ anglo-saxon. L’ONU  est intervenue au Congo-Kinshasa en novembre  1999 et le 17 janvier 2001, Laurent-Désiré est assassiné.  Quarante ans un peu plus tôt, l’ONU est au Congo-Kinshasa quand Lumumba est assassiné le 16 janvier 1961. Faut-il vraiment être un grand clerc  pour voir la main des hégémonistes anglo-saxons derrière ces  assassinats ? Cela d’autant plus qu’eux-mêmes reconnaissent,  dans leurs documents déclassifiés, qu’ils ont orchestré l’assassinat de Lumumba et que pour eux Laurent-Désiré Kabila était ‘’un verrou à faire sauter’’ ? En assassinant Lumumba, ils ont voulu torpiller l’indépendance politique du Congo en l’occupant pour quelques décennies ce pays qui avait fait leur puissance militaire et leur pouvoir économique.  La mort de Laurent-Désiré Kabila leur a permis d’avoir un cheval de Troie (de Kagame et James Kabarebe)   en place au Congo-Kinshasa. Faut-il être vraiment un grand clerc pour comprendre que ‘’les chasseurs de matières premières’’ ont décidé d’amputer  le pays de Lumumba de sa partie orientale et cela à n’importe quel prix ? Mufoncol Tshiyoyo[5] esquisse une hypothèse  sur cette question allant dans le sens de ce qui s’est passé au Soudan. Ce faisant, il n’est pas loin de la peur exprimée par Raf Custers de voir l’Ituri, le Nord et le Sud-Kivu et le Katanga passer du statut de la partie du Congo-Kinshasa protégée par ‘’la communauté occidentale’’ à celui du ‘’protectorat’’ de la même communauté, avec Washington en tête[6].
Le mode opératoire facilitant ce passage est ‘’la guerre perpétuelle’’. Coopérer avec ‘’les forces de la mort’’ en les habillant avec l’uniforme de ceux en qui les masses populaires  sont censées avoir confiance participe de ce mode opératoire.
‘’La communauté occidentale, avec Washington en tête’’ est comme un pitbull : elle ne se débarrasse pas à moindres frais d’une proie dans laquelle elle a enfoncé  ses crocs.  Elle avait promis de détruire l’Irak afin de le remettre à l’âge de la pierre. Elle y était et y est revenue. Elle avait décidé d’en finir avec la Syrie de Bashar Al-assad. Elle y est revenue quelque temps après la résistance qui lui avait été opposée au Conseil de sécurité par la Chine et la Russie.
Sa grande force en Afrique, c’est d’avoir  décervelé un bon groupe d’Africains en en faisant ses ‘’nègres de service’’. Elle est encore applaudie par des masses non-averties. La résistance des masses congolaises à l’Est du pays lui cause quelques difficultés. Elle procède comme ‘’la souris’’. Elle remet des ‘’prix’’  à certains fils  du Congo-Kinshasa en poursuivant son objectif majeur : faire main basse sur ‘’le Congo Utile’’. Comme ‘’la souris’’, ‘’udi usuma wela mupuya’’ (Elle souffle un peu d’air là elle mord.) Elle diversifie des tactiques sans renoncer à son objectif majeur. Et elle utilise l’ONU et ses slogans dans cette ‘’guerre perpétuelle’’.
Les confidences de certaines filles et fils du Congo ayant travaillé dans cette machine  confirment ce que nous écrivons. Ces filles et fils du Congo disent que Frantz Fanon quand il écrit : « Il n’est pas vrai de dire que l’ONU échoue parce que les causes sont difficiles. En réalité, l’ONU est la carte juridique qu’utilisent les intérêts impérialistes quand la carte de la force brute échoue. Les partages, les commissions mixtes contrôlées, les mises sous tutelle sont des moyens légaux internationaux de torturer, de briser la volonté d’indépendance des peuples, de cultiver l’anarchie, le banditisme et la misère. »[7]
Le Congo-Kinshasa  mis sous la tutelle de l’ONU fait actuellement face aux efforts déployés par ‘’la communauté occidentale’’ de briser la volonté de ses dignes filles et fils de le transformer en un pays véritablement indépendant et souverain. Et ces efforts sont combattus par une certaine opposition ignorante et/ou complice du jeu de l’ONU. Celle-ci ne jure plus que par ‘’le vrai président’’ du Congo-Kinshasa, Martin  Kobler. Ayant signé des arrêts de la mort du Congo-Kinshasa à travers le programme ‘’Tomikotisa’’, elle vante ‘’sa congolité’’ comme ‘’carte de mérite civique’’  en faisant comme si elle n’avait pas, à partir de ce programme, signer la vente de la patrie de Lumumba au 1% de personnalités de mentalité ‘’internationaliste’’ ; c’est-à-dire des agents  engageant le monde sur ‘’la route vers le nouveau désordre mondial’’. Cette portion de l’opposition congolaise doit être mise à nu et défaite dans sa folie. Il y va du devenir collectif de tout un peuple. 
Les Congolais(es) doivent ouvrir l’œil et le bon  pour internationaliser leur résistance. Les inégalités au pays de l’Oncle Sam sont en train de remettre en question ‘’le rêve américain’’. En dehors de Ferguson[8] où la discrimination raciale est en train de rendre la justice impuissante, plus de trente Etats fédérés US font face à l’inefficacité du marché autorégulé et aux limites de la politique de ‘’l’égalité des chances’’. Un pourcentage élevé d’américains se réalise que la politique économique du pays est  au service de  ‘’ceux d’en haut’’. L’Oncle Sam n’est plus en mesure de donner des leçons de démocratie et de liberté ; il est sous les feux de ses citoyens : les voitures, les immeubles, les magasins brûlent pendant que des enfants noirs sont tués par la police blanche. Il perd de plus en plus ‘’la boussole éthique’’. Il paie le prix[9] fort de l’inégalité et  ne devrait  plus une référence pour le devenir collectif du monde. Les Congolais(es) doivent diversifier leur coopération (avec des partenaires extérieurs) dans un monde en train de devenir pluripolaire s’ils (elles) veulent participer comme acteurs (ou actrices) à son édification.
 
Mbelu Babanya Kabudi


[3] Un autre livre abonde dans le même sens. Il s’agit de M. COLLON et G. LALIEU, La stratégie du chaos. Impérialisme et islam. Entretiens avec Mohamed Hassan, Bruxelles, Investig’Action, 2011. Ce livre a l’avantage de nous présenter quelques exemples contemporains réussis de résistance contre l’ordre impérial.
[4] Toutes ces questions sont difficiles à comprendre. Elles exigent beaucoup de temps d’étude et de recherche. Ceux et celles d’entre nous qui voudraient en savoir plus peuvent lire (entre autres)  P. et D. DE VILLEMAREST, Faits et chroniques interdits au public. Tome II. Les secrets de Bilderberg, Paris, Aquilion, 2004, 172 p.
[6] R. CUSTERS, Chasseurs de matières premières, Bruxelles, Investig’Action, 2013, p. 2013.
[7] F. FANON, Œuvres, Paris, La Découverte, 2011, p. 875.
[9] Pour approfondir la question, il est bon de lire J. STIGLITZ, Le prix de l’inégalité, Paris, Les Liens qui libèrent, 2012.
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