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Kasai Direct
16 octobre 2014

La Monusco accuse la PNC d’exécutions sommaires des Kulunas

monusco

Depuis Goma, chef-lieu de la province du Nord-Kivu, où il se trouve, Scott Campbell, numéro 1 du Bureau Conjoint des Nations-Unies aux Droits de l’Homme(BCNUDH), a présenté, hier mercredi 15 octobre 2014 au point de presse hebdomadaire de la Monusco, le rapport de sa structure sur les violations des droits humains commises par des agents de la Police Nationale Congolaise(PNC) dans le cadre de l’opération « Likofi », destinée à traquer les délinquants de Kinshasa appelés communément « Kulunas ». Réalisée entre le 15 novembre  2013 et le 15 février 2014 toute l’entendue de la capitale, l’opération « Likofi » a fait au moins 41 victimes de sexe masculin. « Parmi elles, 9 ont fait l’objet d’exécutions sommaires, et 32 de disparitions forcées. Ces violations auraient été commises par des agents de la PNC et le nombre total de victimes pourrait être beaucoup plus élevé… », a précisé Scott Campbell.

 En effet, a-t-il rapporté, cette initiative menée sous le commandement alterné de 15 jours entre l’Inspecteur provincial de la police de Kinshasa, le général Célestin Kanyama Tshishiku, et le commandant de la Légion nationale d’intervention(LENI), le général Seguin Ngoy Sengelwa, elle a connu plusieurs dérapages que le BCNUDH a relevés. Il s’agit notamment des rafles systématiques, d’absence d’identification préalable des personnes arrêtées, de la disparition de personnes détenues dans des centres de détention de Kinshasa alors même qu’elles avaient été arrêtées bien avant le début de l’opération, des exécutions sommaires et extrajudiciaires, etc.

Concernant les exécutions sommaires et extrajudiciaires essentiellement, les enquêtes ont révélé que 9 personnes en ont été victimes, dont un mineur, dans plusieurs communes de Kinshasa, à savoir, Bumbu, Selembao, Limete, Ngiri-Ngiri, Ngaliema, Lingwala et Kalamu, entre les 19 et 27 novembre 2013. « Il ressort de ces cas, que les victimes ont reçu au moins une balle dans le dos et/ou dans l’entrejambe et/ou à l’abdomen et/ou dans la tête. L’âge des victimes serait compris entre 17 et 30 ans et parmi les victimes, on a pu identifier des petits commerçants, un pêcheur, un jeune diplômé, un joueur de football, un menuisier et un travailleur dans une cabine téléphonique… » a précisé Scott Campbell.

 Identification des auteurs présumés               

Selon l’ensemble des informations recueillies par le BCNUDH, les violations des droits de l’homme répertoriées auraient été commises par des agents de la PNC, notamment des unités spécialisées de la LENI et du Groupe mobile d’intervention (GMI), qui se trouvaient sous le commandement alterné tous les jours des généraux Célestin Kanyama Tshishiku et Seguin Ngoy Sengelwa.

Par ailleurs, soutiennent les limiers de la Monusco, des sources concordantes ont fait part de l’implication d’un haut gradé de la police de Kinshasa, et de plusieurs officiers de police dans les exécutions sommaires et extrajudiciaires et les disparitions forcées durant « Likofi ». Il s’agirait d’officiers de plusieurs unités de la PNC, notamment du Groupe mobile d’intervention de Kinshasa Ouest (GMI Kin-Ouest), du Groupe mobile d’intervention de Kinshasa Est (GMI Kin-Est), d’un commissariat de police à Kingabwa et la LENI, qui auraient agi sur ordre de ce haut-gradé. « La plupart des exécutions auraient été commises par balles, étranglement ou pendaison. Selon des sources crédibles, le haut-gradé aurait été présent durant certaines exécutions. Aussitôt après, un officier supérieur de la police se chargeait de récupérer les corps pour les déposer à la morgue de l’HGRK, où un agent en charge des kulunas les recevait et les entreposait. Les corps auraient été ensuite transportés dans un camion remorque sur la route du Bandundu et jetés dans le fleuve ou enterrés dans des fosses communes » a-t-on précisé dans le rapport.

Recommandations

 Face à tous ces abus, le BCNUDH recommande aux autorités congolaises de mener des enquêtes promptes, indépendantes, crédibles et impartiales sur cette question et, dans l’hypothèse où les éléments constitutifs des crimes sont réunis, de traduire en justice tous les auteurs présumés de ces violations, quel que soit leur rang. Ensuite, il leur demande de ne pas recourir à l’usage excessif de la force lors des opérations de maintien de l’ordre et de respecter les Principes de base sur le recours à la force et l’utilisation d’armes à feu par les responsables de l’application des lois, tels qu’adoptés par les Nations-Unies, notamment en s’assurant que les règles internes de la police reflètent ces principes. Aussi, de ratifier, dans les meilleurs délais, la Convention internationale pour la protection de toutes les personnes contre les disparitions forcées ; etc.

A la communauté internationale, il leur est demandé d’exhorter les autorités congolaises à poursuivre et à traduire en justice les responsables présumés des violations décrites dans ce rapport ; de s’assurer que tout appui aux forces de sécurité de la RDC soit octroyé par le système des Nations-Unies conformément à la Politique de diligence voulue en matière des droits de  l’homme et par d’autres partenaires uniquement à des unités qui n’ont pas des antécédents en termes de graves violations des droits de l’homme ; de continuer à appuyer les autorités congolaises aux fins de veiller au fonctionnement démocratique, responsable et transparent des institutions étatiques de la RDC, y compris des membres des forces de l’ordre ; etc.

Tshieke Bukasa

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