Affaire Ewanga : la CSJ de nouveau bloquée
Le Phare
La bataille de procédure est loin de se terminer dans l’affaire qui oppose le ministère public et le député national Jean-Bertrand Ewanga, qui est en même temps Secrétaire général de l’UNC (Union pour la Nation Congolaise), à la Cour Suprême de Justice.
Bloquée par l’exception relative à l’offense au Chef de l’Etat soulevée de nouveau par le collectif des avocats de l’élu d’Ikela, dans la province de l’Equateur, la haute cour n’a pas trouvé d’autre alternative que de sursoir à statuer et de saisir, toutes affaires cessantes, conformément à l’article 162 de la Constitution, la Cour Constitutionnelle.
A l’audience du lundi 1er septembre 2014, le collectif des avocats du prévenu a soulevé deux autres exceptions, après le rejet de leur demande de main levée en faveur de leur client qui, selon eux, avait largement dépassé le délai de 15 jours prévus pour sa détention préventive.
Les deux exceptions de la défense portaient notamment sur l’irrégularité de la composition de la Cour Suprême de Justice, faisant office de Cour de Cassation, et l’inexistence juridique de l’infraction d’offense au Chef de l’Etat.
Concernant l’infraction d’offense au Chef de l’Etat retenue à charge de leur client, les avocats de la défense ont remis en cause l’arrêt de la chambre de la Cour Suprême de Justice faisant office de Cour Constitutionnelle qui se basait sur l’Ordonnance 63/300 datant de septembre 1963 et signée par le premier président de la République Démocratique du Congo, Joseph Kasa-Vubu, pour justifier la constitutionnalité de la dite infraction.
Maitre Kabengele, un des avocats de ce collectif, a fait remarquer que l’Ordonnance présidentielle invoquée était illégale et anticonstitutionnelle, car signée par le Chef de l’Etat de l’époque, au mois de septembre 1963, en violation de la Loi Fondamentale du 19 mai 1960, qui stipulait dans son article 37, qu’elle devait être ratifiée par le Parlement dans un délai de 6 mois.
Il a souligné que cette Ordonnance avait été prise par le Président Kasa-Vubu dans le but de régler des comptes à ses adversaires politiques.
Pour ce praticien du droit, se fonder sur cette Ordonnance illégale pour incriminer Ewanga, revient aujourd’hui à museler l’Opposition.
Face à l’argumentaire solide du collectif des avocats de la défense conduit par le Bâtonnier Joseph Mukendi, qui a démontré que l’infraction concernant l’offense au Chef de l’Etat n’avait aucun fondement juridique, étant donné que sa source était illégale et inconstitutionnelle, la Haute cour a de nouveau renvoyé l’examen de cette exception devant la Cour Constitutionnelle. Dans son arrêt rendu hier mardi 2 septembre 2014, elle a motivé sa décision par le fait que c’est la Cour Constitutionnelle qui est compétente pour se prononcer sur l’exception d’inconstitutionnalité soulevée par la défense.
Par contre, l’exception relative à l’irrégularité de la composition de la Cour Suprême de Justice faisant office de Cour de Cassation a été rejetée. Tout le monde retient son souffle dans un dossier qui est renvoyé à la case départ et est curieux de connaître l’assise juridique de l’infraction d’offense au Chef de l’Etat. La réponse de cette haute juridiction va permettre à tous ceux qui ont déjà été poursuivis et condamnés à la suite de ladite charge, d’être éclairés sur leur culpabilité ou leur innocence.
ERIC WEMBA