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Kasai Direct
16 juillet 2014

Artistes congolais de l’étranger : les oubliés de l’histoire officielle

 

---Culturel20

A l’initiative du ministère de la Jeunesse, Sports, Culture et Arts, dirigé par Baudouin Banza Mukalayi Sungu, le 1er prix national du mérite de la culture et des arts a été remis, le vendredi 4 juillet 2014 au salon du Grand Hôtel de Kinshasa, à 74 lauréats du monde culturel congolais.

Une démarche somme toute louable, car il est indécent d’attendre toujours le jour des funérailles de leur disparition pour leur rendre hommage. Mais force est de constater que les artistes congolais de l’étranger ont été purement et simplement exclus de cette grand-messe.

Le  prix du mérite national de la culture et des arts remis    à 74 lauréats du monde culturel congolais

L’oubli posthume pour une certaine catégorie d’artistes congolais a-t-il déjà commencé de leur vivant ? La RDC a-t-elle banni de l’histoire les créateurs et acteurs culturels congolais ayant choisi de résider à l’extérieur du territoire national ? Telles sont les questions que bien d’observateurs, amoureux de l’art et de la culture congolaise se posent depuis la fin de la cérémonie du 4 juillet dernier primant 74 artistes congolais vivant au pays. Très partielle la sélection ?

En effet, le spectacle présenté par les organisateurs de cette cérémonie montre,  à bien des égards, que le titre d’ambassadeur de la culture congolaise revient au seul artiste congolais qui réside en RDC, et rien qu’à lui. Celui qui vit en dehors du pays n’est plus considéré comme tel. Il faudrait donc résider en RDC pour mériter une reconnaissance nationale. Ecœurant !

Un artiste résidant à l’étranger est-il moins artiste et moins congolais que son collègue vivant en RDC ? Nul ne saurait se hasarder avancer une telle ineptie.

Les exemples de récompenses attribuées aux nationaux résidant à l’étranger sont légion. Le saxophoniste et chanteur de World Jazz, Manu Dibango, résidant en France depuis plus de 50 ans, est souvent primé par l’Etat de son pays d’origine, le Cameroun.

LES MARGINAUX

La cérémonie à laquelle le public a assisté au salon du Grand Hôtel de Kinshasa en dit long sur l’ostracisme -le mot n’est pas assez fort- dont sont victimes les artistes congolais de l’étranger de la part de l’Etat congolais. Ils sont tenus à la marge. Voilà comment l’histoire de la culture et des arts de la RDC s’écrit de façon partielle !

Pourtant, grand nombre d’entre eux ont marqué de leur empreinte le monde de l’art et de la culture congolaise. Ils exercent -pour la plupart- depuis plus de 40 ans et ont créé des œuvres de grande valeur artistique qui ont fait la fierté de la RDC en Afrique et dans le monde. Les preuves absolues de leur création et activités artistiques existent bel et bien.

En RDC, qui peut ignorer l’ingéniosité, la créativité d’un artiste musicien de la trempe de Mavatiku Visi Michelino ? Le savoir-faire de Ray Lema, un artiste musicien de renommée internationale ?  Les talents des artistes musiciens tels que Papa Noel Nedule, Roxy Tshimpaka, Rigo Star Bamundele, Beniko Popolipo, Bongo Wende ? Les prouesses vocales des chanteurs comme Sam Mangwana, Josky Kiambukuta, Lokombe, Danos Canta Nyboma, Kanda Bongo, Dona Mobeti, Wuta Mayi, Bumba Massa, Matolu Dode Papy Tex ? L’exubérance scénique du trio Madjesi (Mario, Djeskain, Sinatra) ? La créativité de l’auteur dessinateur Serge Diantantu ? Les œuvres théâtrales des artistes-comédiens Mpeti Mpeya dit Mangobo, Monzali et Siatula ? La liste est loin d’être exhaustive.

Toutes ces célébrités ne sont pas des congolais ou artistes de seconde zone. C’est le moins que l’on puisse dire ; ils sont congolais, créateurs et acteurs culturels au même titre que leurs collègues vivant au pays.

Il est juste et honnête de reconnaitre qu’un artiste congolais résidant à l’étranger est un artiste congolais à part entière. Il a donc droit au même traitement de faveur que son collègue vivant au pays. Il appartient à la RDC. Résider à l’étranger n’est pas une tare !

BANNIR LA DIFFERENCE

L’idée selon laquelle l’occident serait le « cimetière » des artistes congolais demeure ancrée dans les esprits. C’est faux. Les artistes congolais de l’étranger continuent à créer comme leurs collègues vivant en RDC. Ils sont avant tout artistes et passionnés de leur métier.

Les deux catégories d’artistes congolais- comme on semble les parcelliser -ne sont pas des concurrents. Que nenni. A paris, dans les studios d’enregistrement -pour parler des artistes musiciens et chanteurs-,  ils ont souvent travaillé ensemble et sont amis. De plus, ils sont tous victimes de la « Fatwa » décrétée par des « Combattants » (interdiction de donner des concerts en Europe et en Amérique).

Il est vraiment temps de bannir la différence entre les artistes congolais de l’étranger et leurs collègues qui évoluent au pays. Ils sont tous des congolais et appartiennent à la même corporation ; ils participent tous, chacun dans sa spécialité, à la valorisation de l’art et de la culture congolaise et ont démontré la force de leurs productions avec des œuvres admirées à travers le monde.

Et tous aspirent à une seule chose : vivre du fruit de leurs œuvres. Il revient donc au ministère de la Jeunesse, Sports, Culture et Arts de travailler dans ce sens ; de mieux organiser la vente des produits de l’art et de la culture congolaise et leur permettre ainsi  d’en tirer le profit mérité. Pour leur plein épanouissement et leur bonheur.

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