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Kasai Direct
18 juin 2014

Que pense Hillary Clinton de Kabila et son gouvernement? Waouh ! Hillary arrive

Les Mémoires de femmes (ou d'hommes) d'État, surtout lorsqu'ils sont destinés à servir d'outil promotionnel pour leur auteur, ne sont recommandables qu'aux insomniaques. Ceux que Hillary Rodham Clinton, probable future candidate à la présidence des États-Unis, vient de publier à grand renfort de publicité n'échappent pas à la règle.

De ses 1 471 jours à la tête de la diplomatie américaine, l'ex-première dame a tiré un pavé de 720 pages, soit quasiment une page par séquence de quarante-huit heures passées à la tête du département d'État : autant dire qu'elle ne nous épargne rien (Le Temps des décisions, Fayard, 2014).

L'exercice serait fastidieux s'il n'y avait, çà et là, quelques gourmandises pimentées d'autant plus délectables qu'elles surviennent sous la plume de celle qui a de bonnes chances d'accéder, début 2017, au bureau ovale de la Maison Blanche. Survolons avec elle l'Afrique (expédiée en une trentaine de pages) et arrêtons-nous en RD Congo, où Mme Clinton a vu, lors d'un séjour en 2009, "ce qu'il y a de pire dans l'humanité". Viols, meurtres, "gouvernement incapable et corrompu".

Quant à Joseph Kabila, ce président "distrait et incapable de se concentrer, manifestement dépassé par les problèmes que connaît son pays" (sic), le voici rhabillé pour la saison des pluies. À l'aube des révolutions arabes, qu'elle a vécues de près, Hillary dresse au vitriol (et a posteriori) le portrait d'une brochette de raïs au bord du gouffre : Ben Ali ? "Dictateur impitoyable, répressif et corrompu" vacillant sous les coups de "la face obscure de la Tunisie", celle de la "pauvreté" et du "désespoir". Kadhafi ? "Excentrique, cruel, imprévisible, glaçant d'effroi, fasciste." Saleh le Yéménite ? "Dictateur corrompu" devant lequel, pourtant, il faut bien "se pincer le nez", car il est "résolu à combattre Al-Qaïda".

Rendu fou par les filouteries de Benyamin Netanyahou, Barack Obama le laisse volontairement poireauter pendant une heure dans un salon d'attente de la Maison Blanche.

Valent le détour aussi les quelques pages consacrées par l'ex-secrétaire d'État aux tentatives de sauvetage du soldat Moubarak, désespérément autiste dès qu'on lui enjoint d'écarter son fils de sa succession et la scène où Barack Obama, rendu fou par les filouteries de Benyamin Netanyahou, laisse volontairement poireauter le Premier ministre israélien pendant une heure dans un salon d'attente de la Maison Blanche.

Ou encore, le repas pantagruélique offert à Mme Clinton, sous la tente, par le roi Abdallah d'Arabie saoudite, lequel fait augmenter le son de la télévision pour que nul ne puisse capter la conversation, tout en gardant les yeux rivés sur l'écran, où défilent matchs de foot et courses de VTT.

On gardera pour la bonne bouche, enfin, la description amusée que Mme Clinton fait de la guéguerre des ego qui a précédé l'intervention occidentale contre le régime Kadhafi, en 2011. Entre un Nicolas Sarkozy, "personnalité dynamique, d'une énergie exubérante, qui adore être au centre de l'action", un Bernard-Henri Lévy, "chemise ouverte presque jusqu'au nombril", un Sergueï Lavrov "à la fourberie consommée", un Silvio Berlusconi "furieux de s'être fait voler la vedette par Sarkozy" et qui revendique la direction des opérations au nom du passé colonial libyen de l'Italie, le casting a quelque chose de comique.

L'épouse de Bill, qui observe ce théâtre de Guignol avec une sorte de condescendance amusée, balaie le dernier acte à sa manière. "Par devant, par le côté et dans toutes les directions possibles", dit-elle, ce sont les Américains qui, en définitive, ont tout fait. En Libye, comme partout ailleurs. Cela s'appelle de l'hubris. Et cela promet.

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