Joseph Kabila visé dans le message des Américains à Nkurunziza

La démarche de Samantha Power à Bujumbura a valeur, en diplomatie, d’une mise en garde contre les autres Chefs d’Etat africains, notamment de la région, tentés comme Peter Nkurunziza de s’éterniser au pouvoir.

Donc contre Joseph Kabila, Paul Kagame, Denis Sassou Nguesso, Blaise Campaoré et autres. Si jamais Nkurunziza réussissait à accomplir le passage en force, il fera des émules. Les Américains l’ont compris et donc ont décidé d’en faire une leçon pour les autres sur leur détermination de voir Kabila et ses homoloques concernés respecter la Constitution sur la limitation des mandats. Un déplacement de Russ Feingold, envoyé spécial de Barack Obama, dans la capitale burundaise aurait suffi. Mais la Maison-Blanche a cherché à donner un signal fort en dépêchant un autre envoyé spécial rien que pour parler à Nkurunziza.

Comme ils l’avaient fait avec Bill Richardson pour prévenir leur allié de partir à temps. La fermeté de ton de l’époque est la même enregistrée à Bujumbura de la bouche de l’ambassadrice des Etats-Unis aux Nations- Unies. Elle a vu le président burundais pendant deux heures en tête à tête. A la sortie, elle a accordé une interview à la radio mondiale RFI dans laquelle elle a appelé, sans ambage, son interlocuteur burundais à respecter la Constitution. “...Nous croyons que le respect de la Constitution doit faire partie de l’héritage du président Nkurunziza et donc, nous insistons pour que la Constitution, la primauté de la loi et les droits de l’homme soient respectés”, a déclaré Samantha Power. Notez qu’elle parle d’héritage. Donc d’un départ irréversible de Peter Nkurunziza. Sinon, il n’aura qu’à s’en prendre à lui-même. Peter Nkurunziza a été mis en échec dans sa tentative de réviser la Constitution pour se maintenir au pouvoir.

A une seule voix de plus, son projet a été rejeté dans un Parlement où il est assuré d’une large majorité. Plutôt que de rendre acte, il tente encore une démarche à l’endroit de la Cour suprême de justice du Burundi. A l’époque de la transition burundaise où il a assumé les fonctions de ministre d’Etat chargé de l’Intérieur, cet ancien rebelle s’était montré pourtant très pondéré. Il disait que le problème burundais n’est pas lié à un quelconque clivage a destitué son compagnon de lutte, Hussein Radjabu, le secrétaire général de son parti, le CNDD -Conseil national pour la défense ethnique entre Hutus et Tutsis mais à une mégestion sans distinction entre dirigeants politiques hutus et tutsis.

"L’ambassadrice américaine aux Nations unies, Samantha Power, a fait une courte escale au Burundi mardi. Elle a rencontré pendant deux heures le président Pierre Nkurunziza, à qui elle apportait un message de Barack Obama. Mme Power, qui a loué le sacrifice consenti par le peuple burundais pour avoir déployé des contingents en Somalie et récemment en RCA, était venue faire part au chef de l’état burundais, de l’inquiétude grandissante des Etats-Unis quant aux restrictions des libertés civiles et politiques au Burundi, et qui touchent l’opposition politique, les médias et la société civile. “ Nous avons parlé de tous les progrès que le Burundi a déjà accomplis, mais aussi des inquiétudes que nous avons concernant la liberté d'expression, la liberté de réunion et la Constitution, ainsi que de tous les droits et de toutes les valeurs qui doivent être respectées, tout particulièrement durant la prochaine période électorale. Nous savons au niveau des Etats-Unis comment les tensions politiques peuvent se cristalliser.

C’est donc important, pour éviter les violences politiques, que toutes les institutions et toutes les personnes respectent la loi et prônent un message de tolérance et de pluralisme. Et nous croyons que le respect de la Constitution doit faire partie de l’héritage du président Nkurunziza et donc, nous insistons pour que la Constitution, la primauté de la loi et les droits de l'homme soient respectés ”.