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Kasai Direct
1 février 2014

Baaba wa Bakwa Tshipamba

(Ma mère du village de Bakwa Tshipamba)

Une veuve vivait avec ses deux enfants, une fille et un garcon, dans un village en guerre. Son mari venait d’être tué. Le village se vidait de tous les habitants à l’approche des ennemis, chacun emportant ses enfants et ses maigres biens. Comme la veuve n’était pas en mesure d’emmener ses deux enfants en même temps, il se décida de prendre la fille et d’abandonner son fils au village.  

Après des années, la guerre prit fin et le garçon survécut. Quelques déplacés de guerres revinrent au village, mais la mère et sa sœur ne revinrent pas. Le pauvre garçon grandit dans la souffrance, vivant de l’aumône et de la bonne volonté des villageois.  Pour survivre, il devint griot et allait de village en village pour agrémenter des soirées et louer les prouesses des notables.  Ses chansons avaient beaucoup de succès auprès de la population. Son répertoire contenait une chanson fétiche intitulée « Baaba wa Bakwa Tshipamba » (ma mère du village de Bakwa Tshipamba) qu’il réservait toujours pour la fin.  C’était, en fait, une chanson dans laquelle il racontait l’histoire de sa vie.

Baaba wa Bakwa Tshipamba
tekenya-tekenya
Baaba wakangata mwana mukaji,
tekenya-tekenya
Baaba wanshiya meme mwana mulume,
tekenya-tekenya
Meme mumuteyedi wa mpuku,
tekenya-tekenya
meme mumuashidi wa nzubu,
tekenya-tekenya
baaba wanyi wa Bakwa Tshipamba,
tekenya-tekenya

En voici la traduction :

Ma mère du village de Bakwa Tshipamba
ma mère choisit sa fille
Ma mère m’abandonna, moi son garçon
Moi, son vaillant chasseur
Moi, son grand bâtisseur
Ô ma mère du village de Bakwa Tshipamba !

Pendant l’une de ses tournées, le garçon arriva un jour dans un autre village, très loin de chez lui. Il chanta comme d’habitude devant une foule très émerveillée. Arriva enfin le moment où il entonna « Baaba wa Bakwa Tshipamba ». Après des applaudissements frénétiques et bien nourries de l’assistance, une femme d’un certain âge, touchée par la chanson, vint le voir. C’est sûr que, comme toutes les vedettes, il jouissait d’un grand succès auprès de nanas, mais celle-là n'avait pas l'intention de lui faire la cour. Elle l’attira à part et engagea une conversation avec lui.

Lorsque le garçon eut déclinée toute son identité, la pauvre femme se mit à pleurer de plus belle. « Mais madame, pourquoi vous apitoyez-vous sur mon cas ; il y a des plus malheureux que moi ! » lui dit-il. « Arrêtez donc de pleurer comme ca ! Vous allez me faire pleurer aussi», la supplia-t-il.

La pauvre femme, qui croyait que son garçon avait péri comme son père dans la guerre, eut la bonne surprise de le retrouver après de longues années pendant lesquelles elle gémissait sur sa couche des nuits entières, se demandant ce qu’il lui était arrivé.

Elle ferma les yeux et revit ce moment pathétique où elle avait emporté sa fille et abandonné son fils, condamné à son propre sort.

« Ndi mamuebe wa Bakwa Tshipamba ! » (Je suis ta mère de Bakwa Tshipamba que tu pleures toute la vie, de village en village).  Elle tomba à genoux devant son fils, fondit en larmes et lui demanda pardon pour ce qu’elle avait fait. Et tout le village apprit la vraie histoire de « Baaba wa Bakwa Tshipamba »

C’était le conte tel qu’il m’a été raconté par Ya Bubé.

Lumbamba Kanyiki

 

 

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Commentaires
L
Un garcon peut bien se débrouiller seul. En Afrique, on ne peut pas espérer qu'il soit violé par les homos (rires). Mais une petite fille seule est une proie pour les violeurs,etc... Par ailleurs, tu remarqueras que le petit garcon est resté grandir dans ce village parce qu'il le considérait comme tel. Le village de son père. Par contre tu as remarqué que la mère et la fille n'y sont pas revenues. <br /> <br /> <br /> <br /> Un autre argument en est que nous sommes en guerre. La petite fille porte, en elle, la vie qu'elle pourra perpétuer. Raison pour laquelle la mère la sauve pour sauver la vie. Ca aussi est une option. Le garcon défendra son village; au cas où il mourrait, sa fille donnera naissance à d'autres garcons. Le principe de continuité?
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J
Elle perd son mari, abandonne son fils! Quelle féministe!? Les femmes nous mettent au monde et nous font souffrir!
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