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26 décembre 2013

Ce qui se passait dans le monde pendant le discours du Pape

Michel Danthe (Le Temps)

Le 25 décembre, le Pape François a tenu son premier discours urbi et orbi.

Le pape François Ier, le 13 mars 2013.

  • FP

À commencer par la Syrie, où règne «  haine et vengeance ». Et, pendant qu’il parlait, crépitait, sur le fil des agences, le bilan qu’une organisation non gouvernementale envoyait aux journalistes de l’AFP : «  Les bombardements de l’armée de l’air syrienne ont fait 401 morts, dont 117 enfants, en dix jours de raids sur les secteurs rebelles de la ville d’Alep (nord) et de sa province. « Du 15 au 24 décembre inclus, 401 personnes ont péri, dont 117 enfants, 34 femmes et 30 rebelles », selon le bilan de l’Observatoire syrien des droits de l’homme (OSDH)  ».

Pendant ce temps, Londres annonçait l’enterrement d’un jeune médecin britannique, « mort dans une prison syrienne dans des circonstances controversées », relate l’AFP. «  La cérémonie funéraire pour le docteur Abbas Khan se tiendra à midi le Boxing Day (26 décembre) à la mosquée de Regent’s Park à Londres  », dans le centre de la capitale britannique, a indiqué l’avocat de la famille, Nabeel Sheikh, dans un communiqué. Les circonstances de la mort d’Abbas Khan, chirurgien orthopédiste de 32 ans, restent mystérieuses. Les autorités britanniques accusent Damas de l’avoir « de facto assassiné  », thèse partagée par sa famille. De son côté, Damas affirme que le médecin, détenu depuis plus d’un an pour «  activités non autorisées  » et sur le point d’être libéré, «  s’est pendu ».

Pendant ce temps, aussi, car la vie continuela Syrie signait, elle, un accord de prospection pétrolière avec la Russie. «  Il s’agit du premier accord jamais signé portant sur une exploration de gaz et de pétrole dans les eaux syriennes  », a indiqué à l’AFP le directeur général de la Compagnie générale syrienne du pétrole, Ali Abbas.

Au point suivant, François passe à l’Afrique  : «  Donne la paix, petit enfant, à la République centrafricaine, souvent oubliée des hommes. Mais toi, Seigneur, tu n’oublies personne ! Et tu veux porter aussi la paix à cette terre, déchirée par une spirale de violence et de misère, où beaucoup de personnes sont sans maison, sans eau ni nourriture, sans le minimum pour vivre. Favorise la concorde au Soudan DU Sud, où les tensions actuelles ont déjà provoqué trop de victimes et menacent la cohabitation pacifique dans ce jeune Etat. »

Pendant ce temps-là, les forces de l’ONU renforçaient leur présence au Soudan du Sud, plongé dans l’apocalypse. Pendant ce temps-là, les factions adverses continuaient de terroriser les banlieues de Bangui, en Centrafrique. Et Le Monde nous apprend que «  les forces musulmanes de l’ex-Séléka s’en prennent à la France », tandis que, devant les photographes de l’AFP, les militants anti-Balaka posent avantageusement, machette au poing.

Puis le pape retourne au Moyen-Orient : «  Bénis la Terre que tu as choisie pour venir dans le monde et fais aboutir à une heureuse issue les négociations de paix entre Israéliens et Palestiniens. Guéris les plaies de l’Irak bien-aimé, encore frappé par de fréquents attentats. »

Pendant ce paragraphe-là, en Irak, 40 personnes étaient tuées, dont 35 dans un attentat dans un marché de Dora. Le porte-parole du ministère ajoute : «  La zone visée est une zone où cohabitent musulmans et chrétiens »… Toujours la même logique, toujours les mêmes effets : semer la terreur là où les peuples vivent dans une certaine concorde. Ajoutons que c’était des chrétiens que l’on visait en priorité : le patriarche chaldéen, Louis-Raphaël Sako, a souligné que l’attaque «  visait un lieu pauvre près de l’église à Dora ».

Pendant ce même paragraphe, les photos de l’ensevelissement d’une enfant palestinienne tuée dans un raid de l’armée israélienne, en représailles d’un tir qui a tué un Israélien travaillant à la frontière, commencent à crépiter sur les fils…

François ne pouvait oublier, dans son message, les migrants : «  Toi, Seigneur de la vie, protège tous ceux qui sont persécutés à cause de ton nom. Donne espérance et réconfort aux personnes déplacées et aux réfugiés, spécialement dans la Corne de l’Afrique et dans l’est de la République démocratique du Congo. Fais que les migrants en quête d’une vie digne trouvent accueil et aide. Que des tragédies comme celle à laquelle nous avons assisté cette année, avec les nombreux morts à Lampedusa, n’arrivent jamais plus »  !

Et, bonne nouvelle : la première au fond depuis le début de ce chapelet d’horreurs, quelques heures auparavant,la RTS se faisait l’écho que le centre allait être vidé. Attention : vidé, pas fermé.

Enfin, François s’est penché sur la planète dans son entier, qui entre dans sa phase anthropocène : «  Seigneur du ciel et de la terre, regarde notre planète, que la convoitise et l’avidité des hommes exploitent souvent sans faire preuve de discernement. Assiste et protège tous ceux qui sont victimes de calamités naturelles, surtout le cher peuple philippin, gravement frappé par le récent typhon. »

On aura compris par là qu’il vise ce que le philosophe Martin Heidegger appelait l’arraisonnement de la terre par les technologies et l’âpreté du gain.

Pendant ce temps-là, Tepco annonçait un vaste plan de restructuration pour tenter de sortir du bourbier de Fukushima Daiichi. Tandis que les autorités locales de la région de Fukushima autorisaient les déplacés à rejoindre, pour un instant fugace, leurs maisons abandonnées. Quant à celles de Tecloban, là où le typhon Haiyan a détruit presque la ville, elles ont déclenché une opération espoir en lançant le concours des plus belles décorations de Noël…

Voilà pour François. Et du côté d’Edward ?
Au chapitre des plaques tectoniques sociétales, les vœux de Noël d’Edward Snowden, sur la chaîne de télévision britannique Channel 4, n’ont laissé de marbre aucun des grands journaux de la planète : à commencer par le Washington Post qui a pu s’entretenir longuement avec le jeune informaticien ainsi que son confrère britannique The Guardian, concurremment à l’enregistrement de sa prestation pour Channel 4. La chaîne de télévision résume sur son site la substantifique moelle de l’intervention de Snowden. Tandis que Paul Mason, sur son blog, pointe la phrase choc d’Edward : «  Votre enfant n’aura jamais, jamais plus de vie privée. » L’importance du message de Snowden n’a pas échappé à la presse économique, comme Les Echos, sous la plume de Jean-Michel Gradt, ou le Financial Times, sous celle de John Tornhill, qui parle, lui carrément d’une année Snowden. C’est même avec ce sujet que le 19 : 30 de Darius Rochebin, au soir du 25 décembre, ouvrait ses feux. Et commentait l’événement avec Gaspard Kühn.

Le pape, déclaré homme de l’année par le Time, initiait cette revue de presse. Elle se termine par Edward Snowden, qui, lui, a donné son nom à l’année 2013. Et a commencé de provoquer, aux plus hauts niveaux, des remises en question très concrètes.

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