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10 décembre 2013

PREMIER VOYAGE DE N. MANDELA APRÈS SA LIBÉRATION : TÉMOIGNAGE DE JACQUES TSHIMBOMBO


Écrit par LE POTENTIEL


Le jeudi 5 décembre- 2013 à 20 heures 50 minutes, Nelson Mandela a quitté la terre des hommes. Né en 1918, il est mort à 95 ans. Des vagues d’émotions ont déferlé du monde entier. L’illustre disparu a marqué le monde.

Pour le président américain Barack Obama, le monde a perdu l’un des hommes les plus profondément bons. Il était une source d’inspiration du monde, a renchéri Ban Ki-moon. Mandela est mort physiquement, mais comme partout au monde, les héros sont immortels, a réagi le président Denis Sassou Nguesso.

Pour ma part, j’ai tenu à me joindre à toutes celles et à tous ceux qui pleurent Tata Madiba. C’est ma façon d’accomplir mon devoir de mémoire à l’égard de l’homme que le destin m’a permis d’approcher dans le cadre de l’exercice de mes anciennes fonctions politiques. 

La rencontre avec Mandela
 
Quand Mandela est en prison, le Maréchal Mobutu Sese Seko faisait partie des dirigeants africains qui soutenaient les peuples noirs d’Afrique dans leur lutte. de libération contre les oppresseurs blancs.

Cet engagement, Mobutu Va prouvé à la face du monde au travers de son discours historique prononcé devant l’Assemblée générale de l’ONU en 1973. Un discours dans lequel, il avait décrié les conditions inhumaines infligées aux noirs en Afrique du Sud et dans les colonies d’Angola, de Mozambique, de Rhodésie du Sud (Zimbabwe), de Namibie et fustigé les pays occidentaux qui soutenaient les régimes racistes et colonialistes dans ces pays.

Pendant que l’Afrique du Sud se trouvait sous le coup de l’embargo international, des contacts secrets avaient été noués entre certains dirigeants africains, (Kenneth Kaunda de Zambie, Julius Nyerere de Tanzanie, Mobutu Sese Seko du Zaïre, actuelle République démocratique du Congo) et le régime raciste d’Afrique du Sud en vue de la libération de Nelson Mandela de la prison et du démantèlement de la politique de ségrégation raciale connue sous l’appellation d’apartheid. C’était l’axe Kinshasa-Lusaka- Dar-es-Salam dont Mobutu a parlé dans son discours à l’ONU.

A cause de son discours historique devant l’Assemblée générale de l’ONU et du soutien financier qu’il apporta aux mouvements de libération dans le continent, le président Mobutu était passé pour le dirigeant africain le plus engagé à la- cause des oppressés. C’est à ce titre que les présidents sud-africains Pieter Willem Botha et son successeur Frederik De Klerk n’ont pas hésité à venir le rencontrer au Zaïre (République démocratique du Congo), bien que le pouvoir sud-africain eût été indexé à l’époque par la plupart des Etats du monde.

De son côté, pour la cause de Nelson Mandela et dans le souci de l’éradication de l’apartheid, Mobutu fut contraint de violer les consignes internationales en accueillant ces dirigeants sud-africains.

Sorti de la prison le 11 février 1990, en guise de reconnaissance au peuple du Zaïre (RDC), le prisonnier le plus célèbre du monde fera grand honneur à notre pays en réservant sa première visite à l’étranger à son président, le Maréchal Mobutu, avant de sillonner le reste 
du monde pour exprimer sa gratitude et remercier toutes celles et tous ceux qui l’ont soutenu dans son combat contre l’apartheid.

Pour rappel, Mandela avait passé au total vingt-sept ans en prison. Pour permettre à Nelson Mandela d’effectuer le déplacement du Zaïre, le président Mobutu mit à sa disposition son avion présidentiel, un Boeing 727 baptisé « Ville de Lisala » et qui continue d’être utilisé aujourd’hui par le président de la République démocratique du Congo, Joseph Kabila Kabange.

Il confia à une équipe de ses proches collaborateurs la mission d’aller chercher Nelson Mandela à Cap Town pour le conduire à Goma où il se trouvait en séjour après le Sommet des chefs d’Etat de la Communauté économique des pays des Grands Lacs (CEPGL) tenu à Bujumbura au Burundi. Je fis partie du groupe. J’exerçais à cette période les fonctions de conseiller politique et d’envoyé spécial du président Mobutu.

Au terme d’un grand dîner et de quelques heures de son entretien avec le Maréchal, nous avons repris notre vol sur Kinshasa à bord de l’avion présidentiel avec le futur président d’Afrique du Sud.

Arrivé à Kinshasa, Nelson Mandela fut accueilli par le Premier ministre de l’époque qu’était l’actuel sénateur Lunda Bululu. Représentant le président de la République, le Premier ministre organisa dans la soirée une somptueuse réception au Palais du peuple en son honneur. Plusieurs personnalités de notre pays et étrangères furent conviées à ce grand toast.

Après une nuit passée à Kinshasa, le visiteur de marque avait quitté notre pays.

Je voudrais souligner un élément important de cette visite de Nelson Mandela, c’est qu’il avait effectué le déplacement de Kinshasa tout seul, sans être accompagné par personne. A mon humble avis, ceci constitue le témoignage de ce que Mandela avait pleinement confiance au peuple congolais et à son président.

Cette mission m’a permis de passer quelques heures inoubliables avec l’icône que le monde pleure aujourd’hui.
 
Le souvenir de Nelson Mandela 

Il est vrai qu’en quelques heures, il serait prétentieux d’affirmer connaître une personne. Il est vrai également qu’il y a des qualités qui apparaissent aisément chez un individu et qui permettent de l’identifier sans trop de peine. Ainsi, j’eus vite été frappé par le charme et l’humilité de Mandela ainsi que par la facilité d’accès à sa personne.

Toutes les fois que je m’adressais à lui, il réagissait tout de suite par un sourire. Il était toujours disposé à m’écouter avec attention et à me répondre. Quand je lui avais fait part de mon désir de me photographier avec lui, il s’y était aisément prêté. Il s’agit de la photo affichée ci-haut et qui a été prise en plein vol dans l’avion présidentiel. En quelques heures, j’avais décelé dans Mandela les qualités d’humilité, de charme, de simplicité et d’ouverture aux autres. 

L’héritage politique légué à l’Afrique et au monde 

Quatre ans après sa libération de la prison, Mandela a été élu en 1994 président de la République Sud-africaine au terme des élections multi-raciales et démocratiques.

Pour ma part, sur le plan politique, Nelson Mandela demeure une véritable école pour les dirigeants politiques. Il n’a, ni gardé rancune, ni nourri la vengeance à l’égard de ses geôliers. Il a prouvé qu’un dirigeant politique ou un homme tout court pouvait avoir le sens du pardon.

En appelant constamment les Sud-Africains à l’unité, il a montré qu’un dirigeant politique est appelé à se battre pour l’unité de son peuple et à s’ériger en ciment de cette unité.

En prônant sans cesse la non-violence, la justice et la réconciliation nationale, Mandela a indiqué que le dirigeant politique doit rester un homme de paix, de justice et œuvrer pour la réconciliation nationale. Du reste, on l’a vu jouer au médiateur entre Laurent-Désiré Kabila et le Maréchal Mobutu. Bien qu’il vint de quitter le pouvoir, il n’a pas hésité à servir de conciliateur dans le conflit burundais.

Mandela ne s’était pas accroché au pouvoir. Non seulement il a attendu quatre ans pour y accéder, mais, il ne s’est plus représenté après son unique mandat quand bien, même les chances de sa réélection étaient restées intactes. 

Mon appel à l’actuelle génération de politiciens 

J’al une longue expérience de la vie politique. Il est évident que dans ma trajectoire politique je n’ai pas été totalement à l’abri d’erreurs de gestion ou d’égarements politiques. Je ferais preuve de manque d’honnêteté intellectuelle si j’affirmais le contraire. Cependant, mon effort a été de minimiser ces erreurs et je m’y étais attelé sans relâche.

En ma qualité de vieux routard de la politique, je m’estime être redevable vis à vis de la génération qui est sur mes traces de politiciens. C’est à 1 elle que je lance un vibrant appel.

Cet appel, c’est celui de la capitalisation par elle de l’héritage politique de Nelson Mandela. Un héritage constitué d’amour de la paix, du sens du par pardon, de l’unité des peuples, de la non-violence, de la réconciliation nationale, de l’humilité, de la simplicité, de l’ouverture à tous, de l’esprit de justice, de l’alternance du pouvoir, ... Qu’elle fasse sien ce précieux legs.

A mes frères et sœurs sud-africains, je vous invite à conserver jalousement l’héritage de celui que vous avez appelé affectueusement Tata Madiba. La meilleure façon d’assurer la conservation de cet héritage consiste à l’intérioriser. Ainsi, Tata Madiba demeurera immortel et l’Afrique du Sud, éternellement une nation arc-en-ciel.
 
Kinshasa, le 08 décembre 2013 

Tshimbombo Mukuna Jacques/Sénateur

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