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Kasai Direct
22 novembre 2013

Les Congolais victimes de leur hospitalité

 
Réponse à Pierre Boisselet (Jeune Afrique) :
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L’entrée en matière de l’article de monsieur Pierre Boisselet, journaliste à Jeune Afrique (1) est un travestissement manifeste de la vérité historique. Cette tentative de réécriture de l’histoire nous a suscité cette réplique en guise de correction à cette vision à la fois simpliste, biaisée et conditionnée pour complexifier davantage la situation exécrable qui prévaut à l’est de la RDC.
 
Au milieu du IIIe millénaire avant notre ère, le dessèchement progressif du Sahara provoqua des déplacements de plus en plus vers le sud de population en particulier chez les sédentaires. Le climat devenant aride entraîna un abaissement des niveaux des lacs, modifia ainsi le modèle économique fondé sur l’exploitation des ressources naturelles, surtout aquatiques, à savoir la chasse, la pêche et la cueillette (2). Tout au long de cette migration, le peuple bantou a développé plusieurs civilisations dues au fait que chaque groupe ou groupuscule qui s’implantait sur un fief essayait d’adapter ses us et coutumes aux réalités locales.
 
Par contre, la migration des Nilotiques dont font partie les Tutsis eut lieu beaucoup plus tard de la région du Nil vers la région de grands lacs. Les Nilotiques se seraient dispersés à partir d'un centre situé au sud-est du Bahr el-Ghazal. Ces derniers auraient d'abord migré vers le nord jusqu'au Nil blanc et, s'y installant, auraient donné naissance à la société shilluk. D'autres Nilotiques, prenant la direction du sud, auraient poursuivi la migration jusqu'aux Grands Lacs ; les groupes laissés en cours de route aux étapes favorables se différenciant ultérieurement, seraient devenus les diverses sociétés nilotiques connues aujourd'hui (3). Le Rwanda, comme tout le monde le sait, est et a toujours été habité par des populations des tribus Hutu, Tutsi et Twa.
 
Aucune carte établie par les colons belges ne fait la moindre
mention de la présence de ces 2 tribus du Rwanda au Congo.
 
Les Hutu, d’origine bantoue, sont arrivés entre le XIIe et le XVe siècle sur l’espace géographique qu’ils ont nommé le Rwanda, nom dérivé du verbe kwamda qui signifie « enclin à s’élargir, à être grand » (4) Les Tutsis, appartenant au groupe Hamite, y arrivèrent un peu plus tard au XVe siècle et s’y fixèrent après plusieurs pérégrinations à Gasabo au bord du lac Muhazi situé à quelques kilomètres à l’Est de Kigali (5).
 
De cette période, aucun document écrit par les explorateurs ou les missionnaires qui sillonnèrent la région de grands lacs ni les traditions orales ne mentionnent l’existence ou la présence de ces 2 principales tribus du Rwanda sur l’espace géographique qui deviendra le 26 fevrier 1885 l’Etat Indépendant du Congo (E.I.C.) et le 15 novembre 1908 la colonie belge. L’hypothèse selon laquelle les populations rwandaises - hutu ou tutsi - serait venues au XVe siècle habitées dans le Kivu est totalement farfelue et absurde parce que n’étant étayée par aucune preuve historique tangible et irréfragable. C’est plutôt au début du XXe siècle, après la création de l’Union Minière du Haut-Katanga en 1906 ainsi que d’autres sociétés agro-pastorales au Kivu que l’on remarqua la présence bien faible de la population du Rwanda, alors colonie allemande, qui s’était infiltrée illégalement et en catimini sur le territoire du Congo-Belge. Cette population avait été recrutée comme des mains d’œuvre dans les compagnies industrielles et dans les plantations agricoles.
 
Après la Conférence de Versailles qui mettait fin à la première guerre mondiale, la Société des Nations (S.D.N.) confia à la Belgique, en plus de sa colonie du Congo, la tutelle du Rwanda et du Burundi. Dès lors, la politique coloniale belge encouragea, pour une exploitation efficiente et efficace des exploitations minières et agricoles, la venue, pour une durée déterminée d’une à trois années, de plusieurs vagues successives des travailleurs rwandais en guise de la main d’œuvre. Mais à la fin de leur contrat, la plupart de ces immigrés rwandais s’éclipsaient dans la nature pour échapper au rapatriement dans leur pays d’origine.    
D’autre part, au tout début de la colonisation, les Belges avaient mis sur pied des chefferies qui devaient regrouper toutes les tribus, aussi petites fussent-elles, de la colonie du Congo pour former les territoires administratifs et pour marquer les limites entre les uns et les autres. Le regroupement de toutes ces tribus en entités géographiques avait eu pour conséquence le morcèlement de la colonie en plusieurs chefferies, secteurs et groupements. Nulle part n’existait dans cette structure administrative nouvelle la tribu des Hutus ou celle des Tutsis. D’ailleurs, aucune carte géographique administrative ou ethnographique de 1908 à 1960 ne fait la moindre mention de la présence de ces 2 tribus du Rwanda au Congo-Belge comme en témoigne la carte ethnographique (voir ci-dessous) du Congo Belge établie en 1959 par Gaston HEENEN, Vice-gouverneur Général du Congo belge .
Mais en janvier 1920, en violation et au mépris des traditions et règles coutumières qui régissent les modalités de succession d’un Mwami, l’administration coloniale belge, avec la complicité des missionnaires catholiques, investi arbitrairement monsieur Daniel Ndeze Rugabo II, Hutu rwandais, à la tête de la chefferie de Bwisha, l’une des 2 chefferies, avec Bwito, de Rutshuru (6). Officiellement investi comme le nouveau Mwami des Bwisha, monsieur Daniel Ndeze Rugabo II favorisa un appel d’air de plusieurs milliers des Rwandais dans sa chefferie et aussi dans les chefferies ou contrées environnantes.
Ce bref rappel historique démontre clairement que le peuplement de l’actuelle RDC n’a jamais connu en son sein des tribus Tutsi et/ou Hutu. C’est purement une construction de l’esprit que de vouloir passer ces populations qui sont venues au Congo soit à la recherche du travail salarié, soit du pâturage pour leurs bovins comme des Congolais à part entière. Personne n’aurait rien trouvé à redire si ces populations du fait de la longue durée passée au Congo avaient, même à titre symbolique, demander leur nationalité congolaise.
De ce qui précède, nous sommes en droit d’affirmer sans crainte d’être contredit qu’il n’y a jamais eu, en RDC, une population prétendument appelée Banyarwanda ou Banyamulenge ou encore Rwandophone. En RDC, le nom de toutes les tribus émane du nom de la langue ou de ses variantes parlées par leurs populations. La seule langue parlée par les Tutsis, les Hutus et les twa du Rwanda est le Kinyarwanda. Mais d’où vient alors la dénomination de Rwandophone pour désigner les mêmes Tutsis, Hutus et Twa ? Il n’existe pas, sur le plan historique, de langue ni de population dite rwandophone. L’exemple de la France est éloquent. Le mot francophone désigne uniquement des locuteurs des autres pays qui, outre leur propre langue, le cas échéant, parlent le français. La RDC, une partie de la Suisse, une partie de la Belgique, le Québec, beaucoup d’autres pays africains sont des francophones. Mais le peuple de France en tant que tel est exclusivement constitué par des Français et non par des francophones.
 
Les Congolais victimes de leur Hospitalité
 
En réalité, les Rwandais utilisent la force par des agressions répétées et toute sorte de subterfuges pour s’attribuer la nationalité congolaise. Nulle part la nationalité ne s’acquiert au bout des baïonnettes ! La politique expansionniste de Paul Kagame visait l’annexion du Kivu consécutive à cette guerre d’usure qu’il impose aux Congolais en connivence avec son cheval de Troie, Hippolyte Kanambe alias Joseph Kabila dont la tâche est amplement facilitée par les collabos congolais.
Le journaliste Pierre Boisselet, s’est montré bien léger et condescendant dans son article au titre bien racoleur. Et pourtant, la RDC a, de tout temps, avant et après l’indépendance, toujours bien accueilli les étrangers d’où qu’ils viennent et surtout nos voisins immédiats. Pour rappel, la RDC a hébergé plus d’un million d’angolais sur son territoire avant et pendant toute la période de guerre de libération de l’Angola. Il en fut de même des réfugiés nigérians durant la guerre de sécession du colonel Ojukwu.
 
Les évènements du 1er novembre 1959 au Rwanda suivis par des sanglants affrontements interethniques avaient contraint beaucoup des Rwandais à s’exiler dans les régions frontalières de notre pays. Dans le second semestre de 1994, pendant et après le génocide, des centaines des milliers de rwandais hutus avaient franchi notre frontière et avaient été accueillis à bras ouverts et regroupés dans des camps de réfugiés avec l’aide logistique du HCR. Ces quelques exemples suffisent amplement pour démontrer que les Congolais ne cultivent pas de sentiments hostiles ou une animosité particulière vis-à-vis des Rwandais. Mais malgré cette bonne disposition de cœur des Congolais, les Rwandais n’abandonnent pas leur rêve d’annexer le Kivu afin d’agrandir leur espace territorial. La guerre d’agression de 1996 et sa réédition en 1998 ne sont que le développement et l’aboutissement d’un projet ancien qu’entretiennent tous les leaders politiques rwandais au pouvoir à Kigali, depuis l’accession de ce pays à la souveraineté internationale (7).
 
Les agressions récurrentes commises par les différentes milices armées et entretenues par Paul Kagame et Yoweri Museveni Kaguta avec l’aide de leurs parrains occidentaux et conjuguées avec le travail de sape, de démotivation des soldats des Fardc mené par Hippolyte Kanambe alias « Joseph Kabila » ont pour conséquences de paralyser tous les moyens de défense et sécurité de la RDC. Le moment venu, la balkanisation de la RDC ne sera qu’une formalité. Partout dans le monde, chaque peuple se bat pour sauvegarder jalousement son identité et l’intégrité de son territoire tout en restant ouvert aux autres peuples du monde. Le peuple congolais condamné à cohabiter avec neufs voisins, ne peut qu’assurer au préalable son identité propre et sa souveraineté en vue de mieux s’exprimer dans les trois espaces régionales des Grands-Lacs, de l’Afrique centrale et de l’Afrique australe auxquels il appartient à la fois. Et c’est une préoccupation légitime que chacun devrait lui reconnaître.
 
Enfin, concernant les véritables origines de Vital Kamerhe évoquées dans le même article de Jeune Afrique nous renvoyions entre autres, Monsieur Boisselet à l’article de L’ŒIL DU PATRIOTE publié le 17 Février 2011, intitulé « Les origines rwandaises de Vital Kamerhe », dans lequel un certain nombre de zones d’ombres de la biographie de ce faux opposant, véritable agent au service de l’occupation de la RDC, ont été relevées.
                                                        
José Yango W’Etshiko
(Yajovin)
Historien (Maître de conférences) et patriote-résistant
______________________________________
(2) Ki-Zerbo, J., Histoire de l’Afrique noire. D’hier à demain, Hatier, Paris, 1998, p.35-40
(3) Vansina, J., Le Rwanda ancien : le royaume Nyiginya, Paris, Karthala, 2001, 289 p.
(4) Shyaka, A., «Le conflit rwandais : origine, développement et stratégies de sortie», 2004, pp. 2-3.
(5) Shyaka, A., Idem, ibidem.
(6) De Saint-Moulin, L., « Mouvements récents de populations dans la zone de peuplement dense de l’Est du Kivu », in Etudes d’histoire Africaines, Kinshasa, 1975, pp. 17.
(7) Ngbanda Nzambo, H., Crimes organisés en Afrique Centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux, éd. Duboiris, Paris, 2004. pp. 41
 
AUTRES DOCUMENTS
 
  • Ngbanda Nzambo, H., Crimes organisés en      Afrique Centrale. Révélations sur les réseaux rwandais et occidentaux,      éd. Duboiris, Paris, 2004. Annexe n° 3 pp 390-391 / Communiqué Officiel      du Haut-Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés rappelant dans les années 1960 aux « réfugiés rwandais de Lemera, Mulenge, et Katobo » en RDC      de s’abstenir de toute activité politique dans leur pays d’accueil le      Congo.
  • Ngbanda      Nzambo, H., Crimes organisés en Afrique Centrale. Révélations sur les      réseaux rwandais et occidentaux, éd. Duboiris, Paris, 2004. Annexe n°      2 pp 388-389 . Carte du Congo des années      1885 : Une partie du Rwanda      actuel était territoire congolais ...
  • La carte ethnographique du Congo Belge en 1959 HEENEN GASTON Vice-
    Gouverneur général du Congo Belge (The Belgian Congo ,Bruxelles,1959
 
José Yango W'Etshiko                     
          (Yajovin)
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