Allemagne: Rencontre avec le couple congolais sans domicile fixe à Cologne
Hier samedi, il était 16 heures 15´, lorsque je suis sorti de la gare de Cologne et plus précisément au lieu où se trouvent monsieur Muembo et son épouse. Je les ai repérés tout de suite sur le quai 5. Un bus était en arrêt devant eux. Toujours assis au même endroit comme sur la photo de l'express ci-dessus. C'est comme si leur vie s'était arrêtée là-bas.
Je m'approche timidement. Car, selon des informations reçues, il semblerait qu'ils seraient méfiants et surtout méchants envers les Africains et surtout les Congolais. Effectivement, notre premier abord n'est pas facile. Monsieur Muembo, très méfiant, m'aborde en anglais. Bien que je me présente comme étant Congolais comme lui, il continue toute fois sur la même lancée en anglais parfait. Par après, Il m'a expliqué que certains de nos compatriotes sont passés, par là, les menacer. C'est la raison de la méfiance. Mais au fur et à mesure que nous avancions dans notre entretien, un climat de confiance mutuelle s'était finalement installé.
De notre conversation, je vous relate l'essentiel. Monsieur et madame Muembo sont bel et bien Congolais du Kasai. Selon le couple , le service social les traite des malades mentaux. Sur sa recommandation, les deux étaient arrêtés et internés sans leur consentement dans une maison psychiatrique pendant cinq semaines . C'est pendant ce temps que leur enfant leur était enlevé. Mais pour ma part, je suis resté avec eux de 16 heures 15 jusqu'à 17 heures 45 et n'ai décelé aucun signe d'une anomalie mentale quelconque ni du côté de monsieur Muembo, ni du côté de son épouse. Par contre, monsieur Muembo, dans un excellent français, m'a expliqué, dans les moindres détails, son calvaire et l'incompréhension des services sociaux allemands.
Lorsque je lui propose d'engager un avocat qui puisse suivre son cas, il me répond avec lassitude: " Où pourrais-je commencer? Nous sommes seuls contre tous: le bureau du travail, le service social, le service de la jeunesse, l'école, la police et même l'église des témoins de Jéhovah où nous priions dans le temps".
Une dame de bonne volonté, d'après monsieur Muembo, a initié une action avec pétition pour que leur fils leur soit remis. Pendant tout le temps que j'ai passé avec eux, j'ai pu observer les va et vient de plusieurs personnes, surtout des blancs pour signer la pétition et leur remettre un peu d'argent pour tenir le coup.
Monsieur Muembo a une formation de commandant des bateaux (Capitaine). Il nous a fait voir ses photos en tenue de capitaine. L'une d'entre elles le montre sur son bateau à Matadi, serrant la main du feu président Mobutu. A la fin de son dernier stage en Belgique, il avait même reçu le titre d'expert maritime. Par ailleurs, Monsieur Muembo a exercé comme capitaine dans une compagnie maritime belge. Il a sillonné les mers et les rivières ici en Europe, de la Belgique en Norvège jusqu'en Russie.
Il est malheureux qu'une personne de tel niveau puisse tomber ci bas. C'est ici l'occasion que nous saisissons pour lancer un cri de détresse à ceux qui nous lisent pour nous mobiliser afin de secourir ce couple. Toutes les propositions sont les bienvenues. Sentons-nous tous concernés, s'il vous plaît!
Lumbamba Kanyiki