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Kasai Direct
2 avril 2013

Les soldats maliens à l'école militaire européenne

AFP

Le première session d'entraînement de l'armée malienne par les Européens commence ce mardi. L'objectif : lui permettre d'assurer la sécurité de son territoire. Mais face à des contingents sous-équipés et déstructurés, la mission s'annonce difficile.

Gaëlle LE ROUX
 

Les soldats maliens arrivés ce mardi à Koulikoro, une base militaire située à une soixantaine de kilomètres de Bamako, devraient être opérationnels dès la fin du mois de juin prochain. Ce premier bataillon de 670 hommes s’apprête à suivre la première session d’entraînement militaire intensif organisée par la mission européenne de formation de l’armée malienne (EUTM Mali).

"Les premiers soldats seront accueillis le 2 avril", avait assuré le général François Lecointre, le 27 mars, alors que la plupart des formateurs européens venaient d’atterrir au Mali. "C’est un tour de force pour une opération multinationale", a-t-il ajouté, soulignant le contexte sécuritaire pour le moins compliqué au Nord-Mali, trois mois après le début de l’intervention française dans le pays.

Quelque 550 militaires européens - dont 200 formateurs - issus de 23 pays de l’Union européenne (UE) vont assurer la formation d'environ 3 000 soldats maliens. Leur objectif : permettre à l’armée malienne d’assurer la défense du Mali sur le long terme, alors que les troupes françaises vont amorcer leur retrait du pays.

"Une armée malienne déstructurée"

Pour l’heure toutefois, cette armée apparaît exsangue, notamment depuis le coup d’État qui a mené à la chute de l’ex-président Amadou Toumani Touré en mars 2012. Un premier rapport récemment établi par l’EUTM pointe ainsi du doigt une armée "incapable de se projeter dans l’avenir". Selon le général Lecointre, "c’est une armée déstructurée, qui s’est effondrée parce qu’elle souffre de 20 ans de sous-financements systématiques et de la méfiance du pouvoir politique". Des lacunes auxquelles s’ajoute un manque criant d’équipement.

La mission de l’EUTM devrait durer 15 mois. "Cela va permettre de former un noyau d’instructeurs qui pourront continuer la mission. Mais ce n’est pas suffisant, nous en avons conscience", a déclaré le ministre malien de la Défense, Yamoussa Camara. L’UE a d’ores et déjà fait savoir qu’elle pourrait renouveler le mandat de l’EUTM, sous certaines conditions : elle insiste notamment sur la tenue d’une élection présidentielle en juillet prochain, comme l’a annoncé le chef de l’État par intérim, Dioncounda Traoré.

L’échec américain

Avant l’UE, les États-Unis avaient déjà entrepris de former et de financer l’armée malienne qu’ils considéraient comme la plus à même de combattre la menace terroriste dans la région du Sahel. Il s’agissait, selon le New York Times, du "programme anti-terroriste le plus ambitieux jamais mené dans la région", qui a coûté entre 520 millions et 600 millions de dollars.

Mais le coup d’État de mars 2012 a mis un point final au programme américain. De toute évidence cependant, la mission avait d’ores et déjà échoué. Non seulement elle n’a pas permis d’enrayer le développement de factions islamistes radicales dans le nord du pays, mais, en plus, nombre de soldats formés par les États-Unis sont allés grossir les rangs des djihadistes. Avec leurs armes, leurs véhicules, et leurs toutes nouvelles connaissances militaires. "Ça a été un désastre", confirme un haut responsable militaire malien, cité par le New York Time.

Pis, c’est un officier formé par les États-Unis, Amadou Haya Sanogo, qui a mené le coup d’État du 22 mars 2012 contre le gouvernement d’Amadou Toumani Touré, démocratiquement élu. Aucun des instructeurs américains présents sur place n’a vu venir le coup de force. Et, dans la confusion politique qui a suivi le putsch, le Nord-Mali est intégralement tombé entre les mains des islamistes…

Respect des populations civiles

La mission européenne de formation s’annonce donc difficile. "Tout est à reconstruire au sein de l’armée malienne", insiste le général Lecointre. En particulier l’apprentissage des règles élémentaires en matière de respect des Conventions de Genève et de protection des populations civiles. Depuis le début de l’intervention franco-malienne dans le pays, les accusations d’exactions de la part de soldats maliens se multiplient. Plusieurs cas d’exécutions sommaires, de mutilations et d’actes de tortures ont été dénoncés par les organisations de défense des droits de l’Homme. 

L’Union européenne tente de rectifier le tir : elle accorde une large part de sa mission de formation à l’enseignement du droit international humanitaire et des droits de l’Homme. Des militaires suisses en civils et non-armés pourraient ainsi être prochainement détachés pour enseigner aux cadres militaires maliens "ce qu’une armée peut faire et ce qu’elle ne peut pas faire".

 
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