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28 mars 2013

La Société Civile du Katanga dévoile: Ceux qui se cachent derrière les « Bakata Katanga »



La balade des Mai-Mai « Kata Katanga » pendant trois heures à travers les artères de Lubumbashi, le samedi 23 mars 2013 à la mi-journée, n’a pas fini de soulever des vagues à travers le pays en général et la province du Katanga en particulier. Pendant que l’Assemblée ‘Nationale s’apprêtait à entendre le Premier ministre Matata sur ce dossier et à diligenter une enquête, dix organisations de la Société Civile du Katanga ont sorti un rapport sulfureux sur l’affaire. Daté du mercredi 26 mars, le document ficelé par Afia Mama (Ama), Association des Agriculteurs Sans Frontières (AASF), le Centre Le Zébreau , le Centre des Droits de l’Homme et Droit Humanitaire (CDH), le Centre pour la Justice et la Réconciliation (CJR), la Fédération des Droits de l’Homme (FDH), Justicia, Nouvelle Dynamique Syndicale (NDS), le Réseau des Communicateurs Sociaux (RCS) et le Réseau National de la Jeunesse engagée pour la Démocratie (Renajed), ressemble à une chaude patate.

La montée des milices privées

La Société Civile du Katanga ne va pas par quatre chemins dans la recherche des commanditaires. Elle pointe bien haut son doigt accusateur en direction des soutiens politiques des Mai-Mai Bakata Katanga. A en croire les résultats de ses investigations, les parrains de cette force négative se retrouvent dans les arcanes du pouvoir, les états-majors politiques, de la Majorité Présidentielle, les cercles des mandataires publics, les milieux d’affaires, les galonnés de l’armée et de la police, etc. Quelques noms bien connus sur la place de Kinshasa sont cités, dont certains seraient les principaux parrains politiques et financiers de Ferdinand Kazadi Ntanda Imena Mutombo, le chef des Mai-Mai Katanga actuellement en état d’arrestation. Le doute persiste quant à sa neutralisation effective, au regard de la manière dont il recouvre toujours la liberté, après ses actes d’atteintes graves à la sécurité intérieure et extérieure de l’Etat.

Dans le même ordre d’idées, l’on apprend que la plupart des partis politiques ayant pour leaders des Katangais se sont dotés des milices privées armées. Celles-ci ont pour mission principale de régler les comptes aux individus et aux représentants de l’autorité publique jugés coupables de ne pas se conformer à leur vision du Katanga de demain, « unitaire » pour les uns et « fédéral » pour d’autres. Les jeunes-gens œuvrant au sein des milices n’hésitent pas à donner la mort à quiconque.
Argent, armes, munitions, logistique, logement, nourriture, protection politique.., sont garantis aux délinquants et sans-emploi recrutés pour les besoins de la cause. Les fermes agricoles, les forêts, les quartiers périphériques de Lubumbashi hébergent des combattants prêts à semer la mort et la désolation au moindre signal de leurs parrains. Les attaques à répétition contre l’Aéroport de la Luano, à Lubumbashi, sont à inscrire dans la droite ligne des messages de ceux qui n’acceptent pas le projet de découpage du Katanga.

Il semble que Gabriel Kyungu, abondamment cité dans l’affaire des milices privées, a interdit aux membres de son parti de s’afficher désormais avec des T. shirt, des chapeaux, des fanions et tout signe en rapport avec leur parti, l’UNAFEC, de mars à juin 2013, sur toute l’étendue du Katanga. Cette décision serait dictée par son souci d’éviter tout amalgame avec des inciviques tentés de commettre des crimes sous le label de ce parti.

Pro et Anti-découpage

L’on rappelle, à la mémoire collective, que les raids menés sur l’aéroport de la Luano dans la nuit du 4 au 5 février 2011 par CORAK (Coordination de l’organisation du Referendum pour l’Autodétermination du Peuple Katangais), puis dans la nuit contre le dépôt des munitions du Quartier Industriel et au Camp Major Vangu à Lubumbashi, sont autant des signaux forts de la gué-guerre entre pro et anti-découpage du Katanga.

Quant à la sortie des. Mai-Mai Bakata Katanga, elle se voulait une protestation bruyante des Katangais hostiles au projet d’érection des districts du Katanga en provinces, comme consigné dans la Constitution. Même si la faisabilité matérielle de ce découpage pose problème, ceux qui redoutent la séparation du « Katanga utile » (Sud-Katanga) du « Katanga non utile » (Nord-Katanga) ont décidé de se faire entendre à leur manière, par l’exhibition des armes blanches et de guerre, ainsi que par l’exhumation du vieux drapeau de l’Etat Indépendant du Katanga de triste mémoire.

L’héritage de l’AFDL et du RCD …

Les Organisations de la Société Civile du Katanga soutiennent que cette province n est arrivée à la situation d’insécurité permanente à cause de l’AFDL (Alliance des Forces Démocratiques pour la Libération du Congo) et du RCD (Rassemblement Congolais pour la Démocratie). L’occupation du .Katanga par ces deux mouvements rebelles, indique-t-on, a eu pour impact négatif l’essaimage d’une multitude de nébuleuses Mai-Mai, récupérées aujourd’hui par des pyromanes de tous bords bien positionnés dans les institutions nationales et provinciales katangaises.
L’éradication des Mai-Mai dans la province cuprifère est une tâche presque impossible en raison de la solidité des parapluies protecteurs dont ils jouissent mais aussi des pépinières à leur portée au Maniema, au Sud-Kivu, au Nord-Kivu et en Province Orientale. La création des forces négatives est largement favorisée par l’impunité qui entoure les activités criminelles des milices.

Dysfonctionnements du dispositif sécuritaire

Selon le rapport de la Société Civile du Katanga, les Bakata Katanga ont paralysé la ville de Lubumbashi pendant trois heures avec une seule lance-roquette, trente fusils AK 47, des lance-javelots, des flèches, des lance-pierres et des fétiches. Il a été constaté de graves dysfonctionnements dans le dispositif sécuritaire, marqué par le flottement dans la chaîne de commandement de l’armée, de la police et des services de renseignements. L’ordre d’agir, attendu de plusieurs « hiérarchies », est tombé sur le tard.
Et, à chaque attaque armée contre la ville, c’est le même scénario. On laisse les assaillants saboter des infrastructures et tuer, avant de les laisser disparaître dans la nature ou d’arrêter des lampistes qu’on va aider à s’évader quelques semaines ou mois plus tard, comme ce fut le cas avec Kyungu Gédéon et ses hommes en septembre 2011 à la prison de haute sécurité de Kasapa, construite dans un camp militaire.

Recommandations

Comme première recommandation dans le cas précis du safari des Mai-Mai Kata Katanga, la Société Civile du Katanga préconise l’ouverture d’une enquête sérieuse visant à déterminer les « responsabilités de la 6me Région Militaire, de la Police, de la Garde Républicaine, de l’ex-Demiap et de l’Agence Nationale des Renseignements. Elle se montre même radicale en exigeant que des têtes puissent tomber et des poursuites judiciaires contre les coupables.
Au Chef de l’Etat, il est demandé d’accélérer les préparatifs du Dialogue National annoncé en fin d’année. Quant à la Monusco elle est appelée à épauler le gouvernement dans le processus de réforme de l’armée et des services de sécurité.
La Société Civile, pour ce qui la concerne, devrait faire un lobbying pour la prise en compte des revendications légitimes des pro et anti-découpage et la sauvegarde des droits des personnes impliquées dans l’affaire.

Kimp 

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