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Kasai Direct
21 mars 2013

Bientôt en route pour la CPI : Bosco Ntaganda fait trembler ses parrains



La reddition du général Bosco Ntaganda à l’ambassade des Etats-Unis d’Amérique à Kigali et sa demande d’être transféré à la CPI (Cour Pénale Internationale) sont perçues, par nombre d’analystes politiques, comme un des tournants décisifs dans le dossier sécuritaire des Grands Lacs. On croit savoir que les Américains, en acceptant de transférer à La Haye le tout premier Tutsi accusé de crimes de guerre et crimes contre l’humanité, veulent envoyer un signal fort à tous les seigneurs de guerre qui écument les territoires de la République Démocratique du Congo, mais surtout à leurs parrains qui se recrutent aussi bien au Congo même, en Ouganda qu’au Rwanda.

C’est véritablement le début de la fin de l’impunité pour tous ceux qui sont impliqués dans l’insécurité récurrente qui touche l’Est du territoire congolais depuis la mise en place, en juillet 2002, de la Cour Pénale Internationale. En se constituant prisonnier lui-même et en exigeant son transfèrement à La Haye, Bosco Ntaganda a fait un aveu d’impuissance aux conséquences que chacun peut imaginer.
Des millions de Congolaises et de Congolais peuvent se réjouir de se trouver devant un criminel prêt à coopérer avec la justice internationale et partant à faire des révélations sur ses activités terroristes, ses parrains, ses sources de financement, ses réseaux d’approvisionnement en armes; munitions, matériels et troupes, les mécanismes de recrutement et d’encadrement de ses combattants, etc.

Kagame et les autres

Deux mandats d’arrêt sont pendants à la CPI contre Bosco Ntaganda. Le premier concerne ses crimes commis en Ituri, en Province Orientale, entre 2002 et 2003 à l’époque où il commandait l’aile militaire de l’UPC (Union des Patriotes Congolais), dont le chef politique était Thomas Lubanga, déjà condamné par la même juridiction. Le second est lié à ses activités criminelles au Nord-Kivu, à la tête du CNDP (Congrès National pour la Défense du Peuple), dont il était le numéro 2 entre 2006 et 2009, avant d’évincer le général Laurent Nkunda en janvier 2009, et de se faire éjecter à son tour par le colonel Sultani Makenga en mars 2012.

Dans l’un comme dans l’autre cas, Bosco Ntaganda a bénéficié des soutiens politiques, militaires et financiers tant en République Démocratique du Congo, en Ouganda qu’au Rwanda. En RDC, la liste de ses « complices » politiques, militaires, économiques et financiers serait longue, très longue. Si, dans un geste de désespoir, il en arrive à tenir le crachoir, de nombreuses têtes devraient tomber dans les cercles des décideurs politiques, des chefs militaires, des responsables des renseignements, des mandataires publics, des opérateurs économiques, des trafiquants des minerais et d’armes, etc. Un véritable séisme secouerait le microcosme politique, sécuritaire et économique de notre pays.
Parmi ses parrains les plus cités, il y a aussi le président rwandais Paul Kagame, le sponsor traditionnel de tous les mouvements rebelles qui endeuillent et pillent le Congo démocratique depuis octobre 1996. On pense que c’est sous sa pression, depuis 2006, que le gouvernement de Kinshasa refusait d’arrêter le général Bosco Ntaganda et de le remettre au Procureur près la CPI (Cour Pénale Internationale).

Le geste posé par le virtuel prévenu de la CPI devrait mettre très mal à l’aise le maître de Kigali.

Dans l’hypothèse où son ancien protégé déciderait de se livrer à un déballage, l’on devrait s’attendre à ce qu’un mandat d’arrêt soit délivré contre lui, même si son pays n’est pas signataire du Traité de Rome portant création de cette juridiction internationale. Il aurait, pour le cas d’espèce, le choix entre la «rébellion », à l’image d’Omar Béchir du Soudan, ou la reddition, comme l’a fait Bosco Ntaganda.
Plusieurs personnages de l’entourage du président rwandais, dont le très célèbre général James Kabarebe, pourraient aussi faire l’objet des poursuites. Des dignitaires ougandais, proches du président Yoweri Museveni, se trouvent aussi dans le collimateur de la CPI.

Addis-Abeba : le déclic

Finalement, l’affaire Bosco Ntaganda tend à prendre une dimension sous-régionale en prise directe avec l’Accord-cadre d’Addis-Abeba. Elle pourrait être interprétée comme la suite logique de la détermination des Nations Unies, à travers leur Secrétaire Général, Ban ki-moon, de tirer au clair un feuilleton sécuritaire qui fabrique des millionnaires sur le sang des Congolais, empêchant les Grands Lacs et, partant, toute l’Afrique d’aller de l’avant. Elle rappelle aussi l’engagement de plusieurs grandes puissances, dont les USA, d’éradiquer le terrorisme rampant ayant déjà gangrené l’Afrique du Nord (Libye, Egypte, Tunisie), de l’Ouest (Nigeria, Mali, Niger), du Centre (Soudan) et de l’Est (Somalie) et en passe de poser de solides jalons au Congo, à travers des nébuleuses armées nationales et étrangères présentes dans sa partie Est.

Tel qu’il se présente, le futur procès de Bosco Ntaganda risque d’entraîner, dans le box des accusés, beaucoup d’intouchables congolais, ougandais et rwandais.
Kimp

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