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6 janvier 2013

Le docteur congolais Denis Mukwege prochain Prix Nobel de la paix ?

Par Angelo Mobateli

Le président de la Chambre des Représentants de Belgique André Flahaut s’est dit jeudi 03 janvier à Bruxelles favorable à la désignation du docteur  congolais Denis Mukwege comme prix Nobel de la paix.

« Le docteur Mukwege offrira une visibilité aux diverses atrocités et aux différentes violences dont les femmes congolaises sont victimes et qui sont souvent banalisées par la Communauté Internationale », a-t-il réagi à la requête d’une  délégation  du Groupement des femmes africaines intégrées et actives (GFAIA) qu’il a reçue.

« Les différentes actions, qu’il a menées dans le soulagement qu’il n’a cessé d’apporter aux femmes congolaises victimes de violences sexuelles, constituent un acte de volontarisme et méritent admiration et encouragement », a-t-il souligné en présence du docteur Denis Mukwege.
Selon André Flahaut,  « une mobilisation  est plus que nécessaire et urgente pour la restauration de la paix dans la région des Grands Lacs et plus particulièrement à l’Est de la RDC ».

Gynécologue de son état, Dr Mukwege a été agressé dans la nuit du jeudi 25 octobre dans sa résidence de Bukavu (Sud-Kivu) par des hommes armés. Son évacuation samedi 27 octobre de Bukavu à la demande de ses amis occidentaux a terriblement « affecté » la population locale, le personnel soignant et les patients de l’hôpital Panzi qui reçoit 3.000 femmes victimes des violences sexuelles commises par les groupes armés.

De passage jeudi 1er novembre à Stockholm (Suède) après son arrivée lundi 29 octobre en Belgique où il a trouvé asile, Dr Denis Mukwege a annoncé son prochain retour en RD Congo.
« L'étape suivante pour moi, c'est de retourner au Congo. Je pense que je suis de passage ici puisque ce que j'ai vécu était très dur pour mes filles, et j'ai besoin de les soutenir en dehors du cadre où elles ont été traumatisées », a-t-il déclaré au cours d’une conférence de presse organisée par l'association caritative de l'Eglise pentecôtiste de Suède (PMU), qui finance son hôpital Panzi où il soigne les victimes des violences sexuelles.

Immortalisé dans le livre « L’homme qui répare les femmes »

Le célèbre gynécologue obstétricien congolais Denis Mukwege, en exil en Belgique depuis lundi 29 octobre après avoir échappé à une tentative d'assassinat jeudi 25 octobre dans résidence de Bukavu (Sud-Kivu, Est de la RD Congo), est immortalisé dans le livre intitulé « L’homme qui répare les femmes » écrit par la journaliste belge Colette Braeckman qui l’a présenté jeudi 8  novembre à Bruxelles.

« Dans les guerres classiques, ce sont les hommes, et eux seuls, qui vont au front et qui meurent. Lorsque les femmes restent à l'arrière, au village, elles continuent à faire des enfants, avec les hommes qui restent. (...) Mais, si vous détruisez les femmes, vous menacez la société toute entière. Il s'agit là d'une stratégie, tellement systématique que je ne peux y voir l'effet du hasard », affirme dans cet ouvrage le médecin directeur de l'hôpital de Panzi à Bukavu.

« Réputé pour son aide aux femmes violées », il y dénonce les viols massifs, utilisés comme armes de guerre, et fait part de sa révolte face à cette situation persistante.

Selon Belga, le livre est le fruit de nombreuses heures d'entretien entre le médecin, lauréat de nombreux prix internationaux pour son action en faveur des femmes victimes de violences sexuelles, dont le prix international Roi Baudouin pour le Développement 2010-2011, et la journaliste, spécialiste de l'Afrique centrale au journal « Le Soir ».

« Un moment très, très difficile »

Dans un entretien à RFI jeudi 1er novembre, Denis Mukwege est revenu sur les circonstances de la tentative dont il a été l’objet.

« C’était un moment très, très difficile. Cela s’est passé très rapidement, en trois phases. La première phase, c’est que les agresseurs ont maîtrisé d’abord toutes les personnes qui étaient à l’extérieur de la maison. Et dans la maison, donc, ils sont entrés. Ils ont maîtrisé les enfants. Ils m’attendaient à l’entrée, et quand j’avais klaxonné, c’est eux qui ont ouvert la porte et m’ont cueilli rapidement.

La deuxième phase, c’était de pouvoir partir après nous avoir forcés. Ils ont récupéré les clés de ma voiture. C’est à ce moment-là qu’ils ont commis l’irréparable. D’abord en me braquant, et puis après, quand mon gardien avait crié, ils se sont retournés. En fait, ils l’ont achevé à bout portant. Je suis tombé par terre. La suite était très rapide. Ils ont pu s’échapper avec le véhicule. Là vraiment, ils ont tiré. On a trouvé six douilles. Mais moi, j’avais l’impression qu’il y avait des coups, qu’ils avaient  tiré vers la sentinelle. La suite, je ne peux pas vous dire. J’étais hors de moi-même », a-t-il rappelé.

« Ils étaient en tenue civile. Mais je pense que leur opération a été faite avec professionnalisme et rapidité. Ce sont des tueurs professionnels. Je n’ai pas vraiment de problèmes avec les gens. Je n’avais pas un système de protection spéciale. Je n’ai de problèmes avec personne.

Si moi, j’ai été agressé en pleine ville, dans un quartier sécurisé, je crois que ma pensée va beaucoup plus à toutes les femmes qui sont à l’intérieur et qui subissent ce que j’ai subi, tous les jours. Donc finalement, j’ai pu réaliser que leur situation est très difficile.

Et même plus difficile que je ne le pensais, puisque si cela se passe comme ça, en pleine ville, à dix-neuf heures, je peux imaginer que toutes les personnes qui sont sans défense et sans protection sont, en fait, à la merci de toutes les bandes armées », a souligné le docteur Denis Mukwege.

Discours de Mukwege à l’ONU, le 25 septembre 2012

Excellences Messieurs les Ambassadeurs,
J’aurais voulu commencer mon discours par la formule habituelle : « j’ai l’honneur et le privilège de prendre la parole devant vous. »

Hélas ! Les femmes victimes de VS de l’Est de la RDC sont dans le déshonneur. J’ai constamment sous mes yeux les regards des vieillardes, des filles, des mères et même des bébés déshonorés. Aujourd’hui encore, plusieurs sont soumises à l’esclavage sexuel ; d’autres sont utilisées comme arme de guerre. leurs organes sont exposés aux sévices le plus ignoble.

Et cela dure depuis 16 ans ! 16 ans d’errance ; 16 ans de torture ; 16ans de mutilation ; 16 ans de destruction de la femme, la seule ressource vitale congolaise ; 16 ans de déstructuration de toute une société. Certes, vos états respectifs ont fait beaucoup en termes de prise en charge des conséquences de ces barbaries. Nous en sommes très reconnaissant.

J’aurais voulu dire « j’ai l’honneur de faire partie de la communauté internationale que vous représenter ici », mais je ne le puis.

Comment le dire à vous, représentant de la communauté internationale quand, la communauté internationale a fait preuve de peur et de manque de courage pendant ces 16 ans en RDC.

J’aurais voulu dire « j’ai l’honneur de représenter mon pays », mais je ne peux pas non plus.
En effet, comment être fier d’appartenir à une nation sans défense ; livrée à elle-même ; pillée de toute part et impuissante devant 500.000 de ses filles violées pendant 16 ans ; 6000000 de morts de ses fils et filles pendant 16 ans sans qu’il y aucune perspective de solution durable.
Non, je n’ai ni l’honneur ; ni le privilège d’être là ce jour. Mon cœur est lourd.

Mon honneur, c’est d’accompagner ces femmes Victimes de Violence courageuses ; ces femmes qui résistent, ces femmes qui malgré tout restent debout.

Aujourd’hui grâce au rapport des experts des nations Unies , au Mapping report du haut commissaire aux droits humain des nations unies et beaucoup d’ autres rapports crédibles , plus personne ne peut se cacher derrière l’argument de la complexité de la crise. Nous savons donc désormais les motivations de cette crise et ces différents acteurs. Ce qui fait défaut c’est la volonté politique.

Mais jusques à quand ? Jusques à quand devons nous encore assister impuissants à d’autres massacres?

Excellences, Messieurs les Ambassadeurs ; c’est avec une grande humilité que je vous dis, vous savez !

On n’a pas besoin de plus de preuve, on a besoin d’une action, une action urgente pour arrêter les responsables de ces crimes contre l’humanité et les traduire devant la justice. La justice n’est pas négociable On a besoin de votre condamnation unanime des groupes rebelles qui sont responsables de ces actes, on a besoin des actions concrètes à l’encontre des états membres des nations unies qui soutiennent de près ou de loin ces barbaries.

Nous sommes devant une urgence humanitaire qui ne donne plus place à la tergiversation.
Tous les ingrédients sont réunis pour mettre fin à une guerre injuste qui a utilisé la violence et le viol de femmes comme une stratégie de guerre. Les femmes congolaises ont droit a une protection à l’instar de toutes les femmes de cette planète.

Vouloir mettre tous ces rapports crédibles dans le tiroir de l’oubliette sera porté une atteinte grave à la crédibilité de différentes résolutions des nations unies exigeant la protection des femmes en période des conflits et donc décrédibiliser toute notre chère institution qui pourtant est censée garantir la non répétition du génocide.

Les acquis de la civilisation reculent; ils reculent par les nouvelles barbaries comme en Syrie et en RDC; mais aussi par le silence assourdissant et le manque de courage de la communauté internationale.

Nous ne saurions pas taire la vérité car elle têtue, nous devrions plutôt l’affronter pour éviter de trahir nos idéaux.

J’ai l’honneur de dire que le courage des femmes VVS de l’Est de la RDC finira par vaincre le mal.
Aidez-les à retrouver la paix !

Je vous remercie.

Denis Mukwege, Médecin Directeur, Hôpital de Panzi, Bukavu-RD Congo

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