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21 août 2012

Guerre de l’Est : La Belgique doit choisir son camp



Arrivé à Kinshasa dimanche dernier, le ministre belge des affaires étrangères, Didier Reynders, poursuit ses contacts avec les autorités congolaises. Hier lundi, il s’est entretenu avec son homologue congolais, Raymand Tshibanda, le premier ministre Matata Ponyo et le président de l’assemblée nationale, Aubin Minaku. Il devait s’entretenir aussi, hier soir, avec une délégation de la Société civile et de l’Opposition. Son programme pour ce mardi prévoit une rencontre avec le président de la République, Joseph Kabila Kabange. Le chef de la diplomatie belge devrait ensuite se rendre au Nord-Kivu avant de clôturer sa mission à Kigali.
La guerre de l’Est avec la crise humanitaire qu’elle entraîne est au centre de cette visite. L’opinion congolaise espère qu’elle permettra au patron de ta diplomatie belge de clarifier la position de son gouvernement sur l’épineuse question de l’implication du Rwanda dans cette nouvelle guerre. En effet, alors que plusieurs capitales occidentales n’ont pas hésité de suspendre leur assistance à Kigali à la suite du rapport des experts de l’Onu mettant en cause l’ingérence rwandaise dans ce conflit, Bruxelles, lui, observe un silence complaisant face à ce conflit qui a déjà jeté dans la rue plus de 250 mille personnes. “Didier Reynders s’est abstenu jusqu’à ce jour de prendre nettement une position sur ce conflit”, écrit notre consoeur Colette Braekman du quotidien belge Le Soir dans un article daté du 17 août.
Au lieu de la fermeté face à une agression avérée, au lieu d’un engagement diplomatique vigoureux pour contraindre Paul Kagame à cesser son appui aux mutins du M23, Bruxelles, contre toute logique, en appelle plutôt au dialogue entre le gouvernement congolais et les marionnettes à la solde de Kigali. Ce double jeu du gouvernement belge n’irrite pas que le peuple congolais. Il soulève des vagues aussi au sein même de la classe politique belge.

Diplomatiquement isolée
La réaction la plus ferme contre cette indolence du gouvernement belge est venue de la sénatrice VLD Nele Lijnen. Dans un communiqué publié à Bruxelles hier lundi 20 août 2012, elle appelle les autorités belges à suspendre leur aide militaire au Rwanda. “Je ne peux que constater que la situation ne fait que s’aggraver jour après jour et que notre diplomatie se tait dans toutes les langues à. propos de cette ingérence du Rwanda à l’Est du Congo”, dénonce la sénatrice libérale flamande. Elle redoute même l’isolement diplomatique de la Belgique devancée par plusieurs pays occidentaux sur cette question de la guerre du Kivu. “Notre pays commence à se retrouver isolé sur le plan diplomatique à présent que plusieurs autres dont l’Allemagne et les Pays- Bas ont décidé de sanctions à l’égard du Rwanda. Cela doit changer, écrit la sénatrice flamande.
Le parti écologique belge exige la même fermeté, vis-à-vis du Rwanda. Après avoir noté que plusieurs pays européens ont décidé de retarder ou de suspendre leur aide accordée au Rwanda dans l’attente d’éclaircissements quant au soutien de ce pays au mouvement rebelle M23, il appelle le gouvernement belge à appuyer la position du gouvernement congolais visant à confier à la Monusco la mission de la force neutre internationale chargée de désarmer les mutins du M23 et de sécuriser les frontières communes ente le Rwanda et la Rdc. Bien plus, les Ècolos belges doutent de l’efficacité du dialogue entre Kinshasa et Kigali, prôné par le gouvernement belge. “L’appel au dialogue est pourtant un voeu pieux vu l’évolution de la situation sur place où les populations locales sont une fois de plus les premières victimes : déplacements massifs, viols, pillages étant le lot quotidien de la population congolaise du Kivu, selon les experts de l’Onu”, dénonce le communiqué.
Pour Ecolo, la Belgique doit “plaider au niveau européen pour faire de la Monusco une véritable force d’imposition de la paix et de désarmement des groupes armés, voire pour dépêcher une force d’intervention rapide européenne au Kivu”. Le texte invite enfin le gouvernement belge et l’Union européenne à “s’impliquer dans la mise en oeuvre des résolutions des Nations unies relatives l’embargo dans la région des Grands Lacs et, dans l’exécution des mandats lancés par la Cour pénale internationale (CPI). Un véritable désavoue à la diplomatie ténébreuse menée par Didier Reynders, qui tend à caresser dans le sens des poils te dictateur de Kigali.

Choisir son camp
La suspension de l’aide belge au Rwanda comme l’ont fait les Etats Unis, la Suède, l’Allemagne, le Pays-Bas, serait un signal fort. L’aide de Bruxelles au Rwanda est estimée à plus de 160 millions d’Euros. De l’argent du contribuable belge que les autorités rwandaises affectent sans nul doute pour armer les mouvements rebelles qui écument le Kivu.
Le silence de Bruxelles et de Union européenne face à la souffrance des populations meurtries du Kivu est dénoncé aussi par plusieurs organisations non gouvernementales de la Rdc. Des mémos des critiques de certaines de ces Ong ont été envoyés à Didier Reynders. C’est notamment le cas de celui signé par la Coalition “Tous ensemble pour les femmes de la RD Congo et la Plate-forme Afrique Centrale du CNCD” qui demande aux autorités belges de “condamner l’agression rwandaise contre la Rdc et de s’impliquer davantage dans la recherche d’une solution définitive à cette crise sans fin”, souligne le document.
Pour ces organisations, “la Belgique et l’Union européenne doivent plaider pour que le Conseil de sécurité adopte une résolution condamnant clairement le Rwanda. Cette résolution doit exiger l’arrêt immédiat de la guerre menée par le M23 et dénoncer l’appui tant logistique que militaire du Rwanda à ce mouvement”.
La visite du ministre belge des affaires étrangères rencontrera-t-elles ces exigences de l’opinion congolaise et belge totalement déçue par la torpeur dont fait montre le gouvernement belge face à la crise de l’Est? A Didier Reynders d’y répondre maintenant qu’il a eu l’occasion d’écouter les différents acteurs de ce drame. Dans un têt conflit armé où les preuves de l’agression étrangère sont réunies par des experts mandatés par l’Onu, où les violations des droits humains sont massives et où des enfants soldats sont raflés et sont contraints à faire la guerre on doit savoir choisir son camp. La Belgique, aujourd’hui, n’a d’autre choix que de clarifier sa position. Elle doit choisir son camp.
FKB

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