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Kasai Direct
27 juillet 2012

La mort du guide phacochère

Il était une fois le vieux phacochère... Il vivait dans le pays des grandes plaines traversées par des grandes et longues rivières aux rivages verdoyants. Ce pays faisait la  convoitise de ses voisins à cause de ses richesses. Depuis la chute du roi-léopard, chassé par les chacals venus des montagnes de l'Est, ceux-ci régnaient sans partage sur l'ensemble du territoire, pillant les richesses du pays des grandes plaines, enlevant les belles filles et les emmenant comme butins au royaume des montagnes de l'Est.

Le vieux phacochère qui vivait au milieu de ce peuple, jouissait du respect des autres animaux, toutes les races confondues. Ils lui exprimaient une reconnaissance sans faille, voyant  en lui, leur guide, le messie, le seul capable de les aider à se libérer du joug des chacals. En effet, du temps du roi-léopard, c'était lui, phacochère, jeune et vigoureux, qui, par son courage, pouvait tenir tête au roi-léopard. Il lui crachait des vérités en face sur sa gestion calamiteuse du royaume, plongeant le peuple dans la misère indescriptible. Lorsque les chacals chassèrent le roi-léopard et commencèrent à sémer la terreur dans le royaume, c'était encore lui, phacochère qui, en première ligne montait à l'attaque contre les assaillants. Aidé des jeunes, il leur tendait des embuscades  et les égorgeait sans aucune pitié. Mais avec le poids de l'âge, il finit par se fatiguer. Comme tous les vieux, plus les jours et les années passaient, plus il se souvenait de son Dieu. Alors, pour se rapprocher plus de lui, il passait des longues heures de la journée à la méditation et à la prière à  l'ombre de l'arbre à palabres. Ainsi chaque fois que les jeunes venaient lui demander de les conduire à l'attaque contre les chacals, il leur répondait toujours:

- Muenyi katamba-tamba muena ditunga, muena ditunga nngutu wa tamba! ( L'étranger ne peut jamais vaincre l'autochtone, c'est l'autochtone qui l'emporte toujours sur l'étranger). Soyons sereins! Ils ne nous feront rien.

Alors, les jeunes rentraient chez eux, mécontents. Mais que faire? Ils avaient une confiance sans faille dans leur vieux phacochère.  Plus les jours passaient, plus la domination des chacals devenait insupportable. Ils se décidèrent de rentrer de nouveau chez le vieux afin de le persuader de monter à l'attaque. Étant arrivés chez lui, ils le trouvèrent en méditation. Après qu'il eut terminé, ils s'adressèrent à lui:

- Les chacals nous tuent sans pitié; ils prennent nos filles, nous dépouillent de nos biens et les emportent au royaume des montagnes. C'est toi qui, par ton courage, nous as montré comment nous battre contre le roi-léopard. C'est toi qui, par ta ténacité, nous as appris à nous défendre contre les chacals. Ta présence en première ligne nous a toujours imprimé du courage. Sors, accompagne-nous! Nous bouterons les chacals hors de notre royaume. Si tu ne peux pas nous accompagner, dis seulement un mot et nous les retournerons dans leur royaume des montagnes.

Le vieux phacochère se mit à écrire par terre, sans rien dire. Les jeunes se regardèrent, ne comprenant rien à ce qu'il écrivait. Au bout de quelques minutes, il leur répéta:

Muenyi katamba-tamba mena ditunga, muena ditunga ngutu wa tamba! Soyons sereins! Ils ne nous feront rien!

Les jeunes se mirent à râler et très tristes, ils reprirent le chemin de retour. Mais à peine ils eurent quitté le domicile du vieux phacochère, qu'ils tombèrent sur une vieille femme qui sortait d'on ne sait où.

- Pourquoi êtes-vous si abattus, jeunes gens? Leur demanda-t-elle. Ils se mirent à lui parler de la situation du royaume et de leur volonté d'en finir avec les chacals. Mais le Vieux leur demande de rester sereins, car l'étranger ne peut vaincre l'autochtone,mais c'est l'autochtone qui finit par l'emporter sur l'étranger. Alors, la Vieille leur rétorqua simplement: "Mais il a raison le vieux phacochère!" Les jeunes voulurent l'interrompre, mais elle les stoppa avec autorité.

-Ecoutez-moi, leur dit-elle. Le vieux phacochère n'est plus en âge de se battre. A cet âge, on se détache des choses de la terre et on se rapproche de plus en plus de l'Eternel. Peut-être par idéal, peut-être par peur de la vie qu'on a menée pendant la jeunesse. Une autre guerre implique d'autres morts. Or le Vieux ne veut pas davantage charger sa conscience. La  peur du  jugement dernier.  Mais il vous reste une chose: Tuez le Vieux; que chacun d'entre vous mange sa chair et boive son sang. Alors vous verrez ce qui va vous arriver!

Les jeunes se regardèrent, stupéfaits. Comment allons-nous manger notre leader qui a enlevé, en nous, la peur et nous a donné du courage pour nous battre contre le roi-léopard et maintenant contre les chacals? C'est tout simplement abominable. Alors, la Vieille leur dit:

- Mais si vous voulez vous débarrasser des chacals, vous n'avez pas d'autre choix!  Elle reprit sa route sans ajouter un autre mot, puis disparut après un virage, là où commençait une grande forêt.

- C'est de la pure folie, se disaient les jeunes issus de toutes les races des animaux. Nous ne tuerons pas notre Vieux, quoiqu'il arrive, mais nous ramènerons les chacals d'où ils sont venus.

A suivre   

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