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Kasai Direct
16 janvier 2012

Les évêques à la Ceni : “Corrigez ou démissionnez”

La compilation des résultats des législatives est “une honte”, disent-ils à la Commission électorale (Ceni).
Analyse
Marie-France Cros

Ce qui se passe présentement au niveau de la compilation des résultats des élections législatives est inaccepta ble. C’est une honte pour notre pays […] Nous estimons que le processus électoral a été entaché de graves irrégularités qui remettent en question la crédibilité des résultats publiés.”
C’est ce qu’ont déclaré jeudi les évêques du Congo (voir leur déclaration complète sur www.lalibre.be), à l’issue d’une réunion de trois jours à Kinshasa sur les élections présidentielles et législatives du 28 novembre. Et de recommander à la Commission électorale (Ceni) “d’avoir le courage de se remettre en question, de corriger impérativement les graves erreurs fustigées qui ont entamé la confiance de la population en cette institution, sinon de démissionner”.
Jeudi après-midi, la Ceni annonçait que la publication, prévue pour ce vendredi 13, des résultats officiels des législatives était retardée d’environ “une semaine”.
A plusieurs reprises, le président de la Ceni, le pasteur Ngoy Mulunda, parent du président Joseph Kabila, avait pourtant annoncé qu’il entendait respecter la Constitution sur cette date. C’est notamment ainsi qu’il avait justifié son refus d’attendre l’arrivée des experts électoraux internationaux – réclamés pour crédibiliser le dépouillement des bulletins des législatives après le fiasco du dépouillement de ceux de la présidentielle – pour publier ses résultats officiels.
La position de la Ceni a-t-elle changé à cause du message des évêques, accueilli par une salve d’applaudissements, jeudi, lorsqu’il fut lu lors d’une messe à la cathédrale de Kinshasa ? L’Eglise demeure une puissance importante au Congo, où, outre son prestige spirituel et moral, elle est une institution plus sûre et plus stable que l’Etat, défaillant. Des pressions diplomatiques auraient-elles convaincu la Ceni de donner une chance d’intervenir aux experts électoraux ? Arrivés le 5 janvier à Kinshasa, ils examinent les possibilités de “vérifier les résultats des élections à travers une révision plus large des opérations”.
La question est d’importance également pour la Belgique. Jeudi, le Premier ministre socialiste Elio Di Rupo a dû s’expliquer, à la Chambre, sur son discret message de félicitations à Kabila (lire LLB du 11 janvier), utilisé par le régime congolais dans la presse, à la radio et à la télévision pour assurer qu’il était “reconnu” malgré le scandale causé par l’importance des fraudes électorales. M. Di Rupo a indiqué que la Belgique n’était pas l’arbitre de la situation congolaise, soutenait le processus démocratique et espérait que les leçons seraient tirées des élections.
Son ministre des Affaires étrangères, Didier Reynders (MR) avait, lui, refusé de se rendre à l’investiture de Joseph Kabila, le 20 décembre (boudée même par les pairs africains de ce dernier, à l’exception du Zimbabwéen Robert Mugabe, qui n’a pas hésité à faire couler le sang pour se maintenir au pouvoir). Se contentant de “prendre note” de la proclamation de la victoire de Joseph Kabila, M. Reynders avait indiqué qu’il envisageait de se rendre à Kinshasa pour l’ouverture de l’Assemblée nationale congolaise, mais précisait cependant : “La Belgique espère que les leçons de cet épisode seront tirées lors de la compilation, cette fois transparente et crédible, des résultats des élections législatives” et proposait l’appui de la Belgique pour ce faire. La Ceni n’en a pas tenu compte jusqu’ici. Si la compilation des résultats de la présidentielle a été, selon les mots de M. Reynders et de l’avis général, “une catastrophe”, celle des législatives n’a pas différé.
Oublier cette mise en garde du mois dernier ferait figure de complaisance de la Belgique envers le pouvoir de Kinshasa. Alors que les Congolais retiennent leur souffle à l’idée d’une prolongation ou d’un élargissement de la répression de ceux qui protestent contre la fraude électorale, les félicitations de M. Di Rupo ont été très mal comprises dans notre ancienne colonie. “Se rend-il compte de l’impact des positions de la Belgique ici au Congo et du désarroi qu’il vient de causer dans bien des milieux ?, interroge une source à Kinshasa. On aurait pensé que la Belgique attendrait le rapport des experts internationaux venus s’assurer de la crédibilité des élections.
Les évêques congolais, eux, en sont conscients, qui recommandent à la communauté internationale “de privilégier l’intérêt du peuple congolais, de ne pas être complaisante, d’appuyer le peuple congolais dans sa recherche de la justice et de la paix et de le respecter dans son auto-détermination”.
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