Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Kasai Direct
13 août 2011

Tuyaya kunyi ?

Lorsque le téléphone a sonné, je venais à peine de terminer à manger et je voulais juste faire une petite sieste. Le coup d’œil sur le display m’apprit qu'il s’agissait d’un appel du Congo. Ne connaissant pas tous les numéros par cœur, c’est donc avec beaucoup d’hésitations que je soulevai l’appareil. Je reconnus aussitôt mon correspondant. Un ami de longue date, en fait. Après échange des civilités. Il m’annonce l’objet de son appel. Ne vous y trompez pas ! Il ne s’agissait pas d’argent

-          Tshiamba ya Bende, j’ai besoin de toi.

-          Accouche au plus vite. Tshitu kabidi ne patience to. Ntshilumbu kayi ? Je lui demande.

-          Tuyaya kunyi, mon cher ?

Je lui réponds : « Tuyaya kunyi », c’était le nom d’un journal qui sortait chez nous quand nous étions des enfants. Ça vient faire quoi ici ?

Nous nous esclaffons tous les deux. Et puis, il enchaîne.

-          Mon cher, c’est plus grave que ça. Figure-toi que je passais aujourd’hui dans une rue à Kasa-Vubu et fus attiré par une foule devant une parcelle des Balubas. Là, je vois une jeune femme qui devait avoir une trentaine d’années, en pleurs, avec ses deux petits enfants qui la tenaient au pagne, les yeux hagards. A côté d’elle, des voisins cherchaient à calmer une autre femme, vieille, celle-là, qui, comme je l’appris plus tard,  était sa grand-mère. Au milieu de la parcelle, se trouvaient pèle-mêle, des habits, des casseroles et assiettes qui, comme je l’avais supposé, appartenaient à la jeune femme. « Elle doit partir où elle veut avec ses enfants. C’est une mauvaise fille ! »  Criait la vieille femme. Alors, je me suis approché de la jeune femme en pleurs. « Qu'est-ce qui s’est passé ? Arrêtez de pleurer comme ça ! » je lui crie. Alors son histoire m’a bouleversé. Je m’en vais te la raconter.

-          Elle me dit : Je suis orpheline de père et de mère. Je suis restée avec mes grands-parents. Celle qui est en train de me sortir de la parcelle, que vous voyez ici, c’est ma grand-mère. La mère de ma mère. J’étais mariée. Mon mari est mort, il y a de cela cinq ans. N’ayant pas d’autres ressources, je suis rentrée avec mes enfants vivre auprès de mes grands-parents. Comme vous me voyez là, je suis très malade et je ne sais pas combien de jours j’ai encore à vivre. Au début, ça allait bien. La situation s’est dégradée depuis que  mon oncle qui vit en Europe a commencé à m’envoyer de l’argent afin de subvenir à mes besoins. Hier, mon oncle a appelé pour m’annoncer qu'il m’avait envoyé cent dollars. Etant trop fatiguée, j’ai demandé à mon cousin de m’accompagner à la banque pour retirer l’argent. C’est là que j’apprendrai que l’oncle avait envoyé aussi à grand-mère 100 dollars. Sur le chemin de retour, j’ai acheté une boîte de lait pour ma grand-mère. Mais lorsque j’ai voulu la lui remettre, elle a refusé et exige de moi 10 dollars ! C’est ça la source des problèmes.

Emu, je lui demande : et toi, comment as-tu réagi après avoir écouté la pauvre femme ? Mon cher Tshiamba ya Bende, me dit-il, uvua kumvua ne ndi mushipe muntu’s. Et si tu voyais la grand-mère en question ! Eu baaba mukole mbo, wenda ulaaba sabanga, tshikunda tshikole kobion, tshienda tshilaaba sabanga, tshiutu umvua bimba kudi Bayuda atshio ! Je lui ai dit : « Tuyaya kunyi ne malu a bundu nenku eu ?. Comment tu peux traiter la fille de ta pauvre fille de la sorte ? » Alors, je l’ai bousculée et l’ai menacée. Les gens qui la suppliaient m’ont vu comme un fou. J’ai remis toutes les affaires de la jeune femme dans la maison et  je lui ai promis de repasser le lendemain pour voir la situation. Tuyaya kunyi, Tshiamba ya Bende ?

Alors, je lui réponds :  « bimueneke ne Nkolo Yezu ukadi pakulwa. Bualu ebi, mbia dikema be!

Tshiamba ya Bende

Publicité
Commentaires
Kasai Direct
Publicité

Enigme du kasai 30

A lire absolument

publicité 14

Présentation du livre Les contes du Congo

 

A lire
Derniers commentaires
Archives
Publicité