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14 avril 2011

Fibre optique : le raccordement de la RDC compromis

Malgré l’arrimage à Muanda, sur le littoral de l’Océan Atlantique, de la fibre optique dans le cadre du projet West Africa Cable System (WACS), la RDC tergiverse encore dans la mise en œuvre effective de ce projet. Plus que quelques jours lui restent pour rattraper son retard. Le 25 avril 2011, c’est la date butoir. Dépasser cette échéance, c’est 150.000 USD de pénalités que la RDC devra payer par jour au détenteur du bateau câblier, en mouillage au large de Muanda.

Le dossier était mal ficelé dès le départ. Entre la Société congolaise des postes et télécommunications (SCPT) et le ministre de tutelle (Postes, Téléphones et Télécommunications), les violons ont eu du mal à s’accorder sur ce dossier. Il a fallu, finalement, l’intervention de la présidence de la République, pour que les deux parties tentent de regarder dans la même direction.

Cependant, les blessures des contradictions antérieures n’ont pas eu assez de temps pour se cicatriser. A la mi-février, à Muanda, sur le littoral de l’océan Atlantique, la RDC a été finalement connectée à la fibre optique. Mais, le départ en catastrophe de ce projet n’augurait pas de jours meilleurs.

Aujourd’hui, le dossier est plombé, faute de coordination entre le gouvernement, la SCPT et le partenaire sélectionné pour la construction de la station d’atterrage à Muanda.

ESPOIR EFFRITE

L’espoir suscité par l’accueil, le 17 février dernier, sur le territoire congolais à Moanda de la fibre optique dans le cadre du projet West Africa Cable System (WACS) retombe peu à peu. Sauf miracle, il ne sera pas procédé au test de signal à partir de ce 25 avril. Et pour cause ! Faute d’expertise dans le chef de l’entreprise retenue par l’Etat congolais pour les travaux, la station d’atterrage qui doit relayer le signal (la lumière) jusqu’à la station de jonction à Kinshasa, et pour laquelle le vice-Premier ministre en charge de la Reconstruction et ministre des PTT avait posé la première pierre, n’est pas disponible.

Qu’est-ce à dire ? Au-delà du 25 avril, le pays va se mettre à débourser 150.000 USD de pénalités par jour pour le chômage du bateau câblier.

Les Nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC) ont une incidence immense sur presque tous les aspects de la vie humaine. Leur évolution rapide et leur capacité à réduire bon nombre d’obstacles classiques créent, pour la première fois dans l’histoire, des occasions complètement nouvelles de parvenir à des niveaux de développement plus élevés. Soucieuse de bénéficier de leur potentiel et de combler du fait même le fossé numérique qui la caractérise, la RDC a décidé de se connecter au câble à fibre optique sous-marine du système WACS. Projet appartenant à un consortium international auquel participent des opérateurs et des investisseurs des pays africains et européens, WACS est un câble long de 14.000 km qui va de Londres à Cape Town avec de points d’atterrage prévus notamment en Espagne, au Portugal, au Nigeria, au Cameroun, au Togo, au Cap Vert, en Angola, en RC, en RDC et en Namibie.

Afin de concrétiser sa connexion, la RDC, membre du consortium par l’ex-OCPT avec une participation de 25 millions USD dont 17 millions déjà libérés, devait construire des ouvrages d’arrimage, à savoir la chambre de visite de plage (Beach ManHole : BMH), la route de câble et la station d’atterrage de câble. Numéro un mondial du câble à fibre optique sous-marine, la société française Alcatel Lucent a recommandé pour ce faire à l’Etat congolais la firme indienne SM Creative Electronics LTD, compte tenu de son savoir-faire et de son expérience dans cette technologie de pointe. Ce dossier a été pris aussitôt en charge par l’opérateur officiel congolais, la SCPT (ex-OCPT), qui l’a transmis en son temps à la Commission de passation des marchés.

Au regard des pré-requis de la technologie à mettre en œuvre et du fait qu’il n’y avait qu’une entreprise qualifiée en jeu, il a été conclu un marché de gré à gré. L’adhésion tardive de l’ex-OCPT au consortium Wacs et le délai bref pour la réalisation des travaux ont joué aussi en faveur de ce choix. Mais à la grande surprise, la SCPT va sortir de ses manches 12 jours plus tard une entreprise concurrente, dénommée Smart Ideas Trading avec une offre de 12 millions USD contre 12,7 millions présentés par la firme indienne ! Ce qui pue des commissions à mille lieues.

Cette offre, considérée comme un plagiat de la première, selon le cabinet des PTT, sur le plan tant commercial que technique, va être retenue par le Conseil des adjudications. Pressé par le délai très court d’exécution des travaux, le Dg de l’ex-OCPT va tenter un passage en force pour faire agréer le dossier Smart. Mais, il va se heurter au refus du vice-Premier ministre en charge de la Reconstruction et ministre des PTT, Simon Bulupiy Galaty, qui note que Smart n’a ni référence ni expertise éprouvée en cette technologie de pointe. En effet, Smart Ideas Trading voulait plutôt engager un sous-traitant.

Au vu du bras de fer entre ces deux responsables, le président de la République va intervenir pour appeler à une harmonisation de vues entre parties afin d’arriver à une sortie de crise. Il s’en est suivi un PV ad hoc dans lequel les parties conviennent d’élaborer un projet de lettre à adresser au président du Conseil d’administration du Conseil des adjudications sous la signature de la ministre du Portefeuille demandant d’attribuer le marché à la firme Creative Electronics Ltd, conseillée par Alcatel pour avoir travaillé avec elle sur tout le parcours. Bien plus, les parties s’accordent également d’ouvrir des négociations avec cette dernière afin de recueillir ses exigences.

Au terme des tractations, celle-ci va revoir son offre à 11.900.000 USD. Mais contre toute attente, c’est Smart qui se voit confier le marché, alors qu’elle n’est pas outillée pour doter la RDC d’une station d’atterrage. Sauf miracle, le navire câblier « Anna B » de la société française Tavocean ne saura pas procéder au test de signal à partir de ce 25 avril. Ce qui, au bas mot, va coûter à la République 150.000 USD de pénalité par jour. Le cas échéant, la RDC pourra disposer d’une station d’atterrage qui ne réponde pas aux normes et qui ne soit pas fonctionnelle au grand dam des opérateurs et de la population qui attendent d’être au diapason des NTIC.

CHOIX HASARDEUX

C’est ici l’occasion de se demander sur base de quels critères Smart a été choisie en l’absence de l’expertise nécessaire dans cette technologie de pointe. Qui l’a donc plébiscitée contrairement au vœu du chef de l’Etat tel que traduit par le PV ad hoc. Aucune littérature ne renseigne sur son expérience en cette matière, contrairement à SM Creative Electronics LTD recommandée par Alcatel Lucent et qui a déjà construit le même ouvrage, notamment en Egypte et qui s’apprête à le faire au Cuba et au Venezuela. Le point d’atterrage n’est pas la construction d’un hangar, c’est plutôt l’installation de toute une machinerie sophistiquée conforme aux normes et à même de transmettre divers signaux pour multiples usages. Au regard de la défaillance de Smart, il n’y a pas de gêne à recourir à une firme qui justifie de l’expertise requise en la matière. Le développement du pays en dépend.

Cette façon de faire tord le cou aux « cinq chantiers » de la République. Elle doit interpeller l’Etat congolais au plus haut sommet et relancer la dynamique au parlement qui, en son temps par le biais du sénat, a procédé à un audit qui a fait tâche d’huile dans le secteur congolais des Télécoms. Les instances judiciaires ne peuvent pas non plus demeurer en marge afin de traduire en actes la politique de la tolérance zéro.

D’ENORMES BENEFICES EN SOUFFRANCE

Les usagers tireraient un bénéfice énorme en se connectant à la fibre optique. Le moyen âge numérique à laquelle la RDC est soumise deviendra un lointain souvenir. La qualité des communications sera améliorée sensiblement. Dans certains pays, grâce à la fibre optique, les universités sont gratuitement connectées. Le coût de connexion à l’internet est sensiblement réduit permettant à plusieurs personnes d’avoir accès à cet outil moderne de communication.

Le potentiel

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