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Kasai Direct
6 avril 2011

Les Africains et la démocratie

Un ancien président français a déclaré urbi et orbi que la démocratie était un luxe pour les Africains. En ce temps-là, les hommes au pouvoir dans le continent noir étaient montés au créneau pour fustiger les propos de Jacques Chirac, qualifié de néo-colonialiste. Des années après, au regard de ce qui se passe aujourd'hui en Afrique, l'on peut se demander si cet ex président français a raison ou pas.

 En Libye, Muhammar Kadhafi qui est au pouvoir depuis 42 ans refuse obstinément d'entendre la voix de la raison. Acculé par les insurgés apparemment non organisés, celui qui se proclame le " Guide " recourt à des bombardements massifs sur la population non armée pour défendre son fauteuil. Et pourtant Kadhafi avait organisé son putsch en 1969 contre le roi Idriss pour mettre fin à la dictature incarnée par la monarchie d'alors.Mais on se rend compte que 42 ans après, Kadhafi n'a pas mieux fait que le roi qu'il a renversé, sauf qu'au lieu de se proclamer roi il se fait appeler Guide.

En Egypte, Moubarak a régenté la vie nationale durant 30 ans après l'assassinat de Sadate. Durant son long règne, il a organisé des mascarades d'élections à l'issue desquelles il se faisait élire à plus de 90 %. Il projetait un autre scrutin en septembre 2011 où, à défaut de lui-même, son fils serait élu à la tête du pays. A cette allure-là ; nous étions partis pour une monarchie qui ne disait pas clairement son nom. Il a fallu que le peuple, excédé, puisse se prendre en charge pour le mettre hors d'état de nuire.

En Tunisie, Zinedine Ben Ali a été défenestré suite à une fronde populaire. Dans ce pays, le RCD au pouvoir se comportait comme un parti unique. Ses bonzes contrôlaient tous les rouages de la vie nationale. Il n'est pas étonnant qu'après la liquidation du régime de Ben Ali, les nouveaux maîtres aient eu comme premier réflexe l'interdiction de ce parti politique.

A l'heure actuelle, le cas le plus troublant est celui de Laurent Gbagbo qui, après avoir perdu l'effectivité du pouvoir et le soutien de tous ses pairs, refuse obstinément de rendre le tablier. Alorsque les forces pro Ouattara lui ont ravi tout le pays et Abidjan oùil se trouve dans sa résidence, il tente de s'en ressaisir en dernier moment en négociant sa reddition par ses proches interposés. Et pourtant, il aurait dû sortir la tête haute dès l'instant ou la CEDAOet l'UA avaient pris cause et fait pour son rival Alassane Ouattara.

En dépit de ces quelques cas énumérés, il se trouve encore des dirigeants africains au pouvoir qui se comportent comme si ce qui est arrivé à ces présidents impertinents ne les concerne nullement.

Le dénominateur commun de ces mentors c'est surtout leur enrichissement insolent au détriment de leurs peuples qu'ils étaient sensés servir. Tous ont des comptes bancaires à l'étranger en termes de milliards de dollars américains sans compter des châteaux et parcs automobiles. Malheureusement lorsqu'ils sont chassés du pouvoir, toutes leurs richesses ne reviennent pas à leurs pays. Quel gâchis !

Au regard de ce tableau presque sombre de notre continent, quelle réponse pouvons-nous donner aujourd'hui à Jacques Chirac ? Sommes-nous réellement incapables de nous accommoder de la démocratie qui impose des règles de la bonne gouvernance,du respect des droits de l'homme, de la transparence dansla gestion des deniers publics, de la tolérance et du respect de l'opinion de l'autre?

Les dirigeants africains nepeuvent-ils pas quitter le pouvoir de manière élégante sans qu'ils laissent derrière eux des morts ? Ou, le contraire, ne peut-on pas accélérer au pouvoir en Afrique sans user de la fraude électorale ou des voies putschistes ?

Le moins que l'on puisse dire à ce stade de la gouvernance en Afrique est que beaucoup reste à faire pour sortir de l'obscurantisme dans lequel nous sommes empêtrés. Les cas de Nelson Mandela, Mathieu Kérékou, Abdou Diouf, John Kufuor, Sam Mujoma, Massire, ne font pas encore école dans notre continent.

En définitive, il revient au peuple de prendre en main sa destinée. Car, on peut bien être un dictateur mais on ne peut pas éliminer entièrement tout un peuple.

Rombaut Ot.

 

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